Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du mercredi 20 mai 2015
Élus locaux

Dans l'Aude, François Hollande parle aux élus de tout sauf d'argent

En déplacement dans l’Aude, le président de la République, François Hollande, s’est longuement adressé hier aux élus locaux. Au-delà des considérations générales sur le bilan de ses trois premières années de mandat, largement reprises dans la presse, le président a aussi fait le point sur plusieurs dossiers intéressant les maires.
« Quelle que soit la taille de la commune dont vous êtes responsable », a dit le président aux maires de l’Aude, « vous avez à cœur de servir la République. Nous avons la même vocation : être au service de l’intérêt général. »  S’adressant aux élus d’un département à la fois rural, touristique et industriel, François Hollande a voulu répondre à certaines de leurs préoccupations directes : « Je sais ce que vous attendez de l’État. Vous avez raison, car c’est le rôle de l’État que d’assurer la solidarité », par exemple « l’aide aux collectivités »  après les inondations de l’an dernier.
« Dans votre département, il y a beaucoup de petites communes. C’est une chance ! », a dit le président. Mais il faut néanmoins « aller vers l’intercommunalité », a-t-il répété, car « qui peut prétendre qu’une commune de quelques centaines d’habitants peut assumer les charges et les investissements ? Le rôle de l’État c’est justement d’assurer la péréquation entre les collectivités. » 
Le chef de l’État a évoqué le très haut débit et la téléphonie mobile. Sur la couverture mobile dans les territoires ruraux, il a répété qu’il n’est pas question que l’État paye « ce qui relève des opérateurs ». L’État donne aux opérateurs « les fréquences et tout ce qui leur permet de faire du commerce », ils doivent en contrepartie « assurer partout sur le territoire le passage de la téléphonie mobile ». « Nous ferons la pression nécessaire »  sur les opérateurs, a assuré le président.
François Hollande est revenu sur la réforme territoriale, saluant la naissance prochaine des grandes régions – dont celle qui concerne l’Aude, et qui verra fusionner Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées. Mais si les grandes régions sont « nécessaires », « il faut assurer la proximité ». Signe des temps, il est à noter que dans son discours, le président a donné ce rôle non aux communes, mais aux « intercommunalités ». Quant au conseil départemental, il a été défini dans cette nouvelle architecture comme « le coordonnateur de l’ensemble des collectivités pour assurer cette proximité ».
François Hollande a également insisté sur l’idée qu’il ne faut pas « opposer les métropoles aux territoires ruraux ». Il ne doit pas exister entre elles « d’intérêts contradictoires », mais au contraire de la complémentarité.
Il a également annoncé quelques pistes de réformes pour les mois à venir. Le président compte notamment s’attaquer aux règles de la navette parlementaire, estimant qu’il n’est « pas compréhensible par les Français »  qu’il faille « six mois ou un an »  pour voter une loi – en l’occurrence, il faut même parfois deux ans, ou plus, y compris pour des textes relativement simples. Le chef de l’État veut donc « changer les règles ».
Il a aussi évoqué le service civique et a répété son objectif de 150 000 jeunes en service civique fin 2016 (contre 30 000 aujourd’hui). Le président a rappelé la feuille de route aux acteurs : « À partir de juin »  – dans dix jours donc – « tout jeune qui fera la demande d’un service civique aura une mission ». La date butoir du 1er juin était certes posée depuis le mois de mars, mais on ne voit toujours pas comment il est imaginable qu’elle soit mise en œuvre en temps et en heure, notamment dans les collectivités.
Le président a conclu son discours par un hommage aux bienfaits de la République et quelques jolies formules – la République « qui permet le vivre-ensemble et non pas les sous-ensembles », les ratés de l’intégration qui ne se produisent pas « par la faute de la République, mais faute de République ».
Il n’a, en revanche, à aucun moment parlé aux élus du sujet qui, probablement, les préoccupe le plus : la baisse des dotations de l’État et les moyens d’y faire face.
F.L.

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