Le gouvernement lance son « plan hydrogène »
Lors d’une conférence de presse, hier, le ministre de l’Économie et celle de la Transition écologique, Bruno Le Maire et Barbara Pompili, ont présenté la « stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné en France ». Derrière ce nom quelque peu abscons se cache une problématique qui peut intéresser directement les collectivités.
Qu’est-ce que l’hydrogène décarboné ?
Cela fait de nombreuses années que l’on sait utiliser l’hydrogène non seulement dans des applications industrielles, mais également comme combustible dans les transports. Principal atout de cette technologie : elle est, à l’usage, parfaitement propre, puisque la combustion de l’hydrogène ne produit que… de l’eau. Les premiers bus à hydrogène ont fait leur apparition dans les années 2000, en Suède, et commencent à être commercialisés en France, timidement – la flotte totale était de 17 unités l’an dernier, et elle devrait passer à une cinquantaine d’ici 2021, avec l’adoption de cette technologie par les réseaux de Pau, Toulon, Toulouse ou Auxerre.
Le développement des moteurs à hydrogène se heurte à deux écueils : d’abord, le prix. Un véhicule à hydrogène est environ trois fois plus coûteux qu’un véhicule thermique. Ensuite, la production de l’hydrogène lui-même. Si l’utilisation de l’hydrogène ne produit pas le moindre gaz à effet de serre, il n’en va pas de même pour la production de ce gaz. Or il faut considérer, pour faire le bilan carbone d’une technique, l’ensemble de la chaîne – ce que l’on appelle dans le monde des transports la chaîne « du puits à la roue » : si l’usage de l’hydrogène est propre mais que sa production produit de grandes quantités de carbone ou de gaz à effet de serre, le bilan global reste négatif.
C’est pourquoi le gouvernement a décidé d’investir dans la production d’hydrogène dit « décarboné » : au lieu des méthodes traditionnelles de production d’hydrogène, à partir de pétrole ou de gaz en général, il est possible de le produire par électrolyse de l’eau. Pour peu que l’électricité nécessaire au processus soit elle-même produite sans émission de gaz à effet de serre (nucléaire ou renouvelable), on obtient une chaîne totalement vertueuse : ni la production ni l’utilisation de ce combustible n’émettent de CO2.
« Projets territoriaux »
Le gouvernement a donc fixé un objectif de production de 6,5 GW d’hydrogène décarboné à l’horizon 2030, ce qui permettrait, selon lui, d’économiser environ 6 millions de tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent des émissions annuelles de la ville de Paris. Pour y parvenir, il a décidé de débloquer une enveloppe de 7 milliards d’euros d’ici 2030, dont 2 milliards dans le cadre du plan de relance.
Ces fonds serviront à financer des AMI (appels à manifestation d’intérêt) pour lancer une véritable filière industrielle dédiée à l’hydrogène décarboné – avec l’objectif de créer « entre 50 000 et 150 000 emplois directs et indirects en France ». Le plan du gouvernement s’articule autour de trois axes : le soutien à la recherche et développement ; le soutien à l’industrialisation ; le soutien au déploiement.
Il s’agit en particulier de « développer une mobilité lourde » à l’hydrogène : bus, camions, bennes à ordures ménagères, voire trains régionaux sur les réseaux non électrifiés. Le gouvernement espère voir se « développer des projets territoriaux d’envergure », grâce à « des partenariats forts entre collectivités et industriels pour synchroniser au mieux l’émergence de l’offre et le développement des usages ».
On peut notamment signaler, à ce titre, le lancement à venir d’un appel à projets par l’Ademe baptisé « Hub territoriaux d’hydrogène », dont le but sera de créer « des consortiums réunissant des collectivités et des industriels fournisseurs de solutions, d’écosystèmes territoriaux de grande envergure regroupant différents usages (industrie et mobilité), pour favoriser au maximum des économies d’échelle ». Cet appel à projets sera doté de 275 millions d’euros d’ici 2023.
F.L.
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