1 071 900 créations d’entreprises. C’est le nouveau record observé par l’Insee en France entre l’année 2021 et 2022. Par rapport à l’année 2021, ce sont 21 400 entreprises de plus qui ont vu le jour. 

Cette étude publiée lundi prend en compte le nombre de microentreprises créées par des autoentrepreneurs, les créations de sociétés ainsi que les créations d’entreprises individuelles classiques. D’ailleurs, en 2022 ce sont les entreprises crées sous le régime du micro-entrepreneur qui ont la cote puisqu’elles représentent 61 % de ces nouvelles-nées. « Celle des entreprises individuelles classiques diminue (11 %, après 13 % en 2021), tandis que la part des sociétés reste stable à 27 %. » 

Si le panorama économique dressé par ce bilan est à première vue encourageant, de nombreux facteurs viennent nuancer ces résultats et montrer que si le nombre de créations d'entreprises n'a jamais été aussi haut, la tendance est cependant à la baisse. 

Une croissance qui ralentit 

Après « sept années consécutives de hausse » , un nouveau record de création d’entreprises a donc été atteint. Mais l’année 2022 marque aussi un tournant. Après que le nombre de créations d’entreprises ait presque doublé depuis 2015 (+ 90 %), ce rythme connaît un ralentissement significatif. 

« Le rythme des créations ralentit toutefois en 2022, l’augmentation observée dans la plupart des secteurs étant contrebalancée par le recul de quelques secteurs qui s’étaient fortement développés lors de la crise sanitaire » , peut-on lire dans l’étude.

Si l’on observe les chiffres plus en détails, il est clair que les immatriculations d’entreprises individuelles sous le régime du micro-entrepreneur portent largement cette hausse en 2022 avec 656 400 créations, « un niveau plus de deux fois supérieur à celui de 2017, année qui précédait le relèvement des plafonds de chiffre d’affaires ouvrant droit au régime. » 

De manière plus nuancée, les microentreprises ont augmenté de 3 % l’année passée mais c’est une augmentation qui est « la plus faible enregistrée depuis 2016. »  Du côté des créations d’entreprises classiques, l’augmentation est légère (+ 1 %) comme celles sous forme de société qui connaissent une progression de 5 %. 

Les auteurs de l’étude indiquent que, « à l’inverse, les créations d’entreprises individuelles classiques diminuent fortement (- 7 %) : elles s’établissent à 122 100 en 2022, leur plus faible niveau depuis 2016. » 

Transport et commerce 

Les créations d’entreprises n’augmentent pas de la même manière dans tous les secteurs et c’est notamment ces écarts qui expliquent le ralentissement de la croissance globale de créations d’entreprises annuelle. 

Par exemple, l’Insee pointe une forte augmentation de créations d’entreprises dans les activités spécialisées, scientifiques et techniques (+ 15 %). Ce secteur représente 187 600 nouvelles entreprises « concentrant 17 % de l’ensemble des nouvelles entreprises de l’année.»  Parmi ces dernières, 71 % sont des micro-entrepreneurs. Cela s’explique notamment par le fait que « l’essor entrepreneurial est particulièrement vif dans les activités de conseil pour les affaires et autres conseils de gestion (+ 19 % en 2022, soit 42 % des créations du secteur), ainsi que dans les activités de conseil en relations publiques et communication (+ 38 %, dont notamment les community managers), et dans les activités spécialisées de design, qui incluent les infographistes pour Internet (+ 13 %). » 

D’autres secteurs voient leur nombre de créations d’entreprises augmenter comme les activités de services administratifs et de soutien (+ 23 %) et les « autres services aux ménages »  (+ 15 %). 

L’essor que connaît ces secteurs est contrebalancé par les reculs dans les secteurs des transports et du commerce. Pour les activités de transports et d’entreposage, l’Insee observe une chute de 35 % du nombre de créations d’entreprises, « soit 43 400 créations de moins qu’en 2021, en raison du fort reflux des créations dans les autres activités de poste et de courrier (principalement des activités de coursier ou de livraison à domicile, notamment à vélo). » 

Le repli est aussi particulièrement important dans le secteur du commerce avec une baisse de 14 % de créations d’entreprises. L’Insee explique cette baisse par le fait que la vente à domicile « sous forme d’entreprises individuelles classiques, plongent de 41 % (- 16 300 créations sur un an), et tombent à 23 100 en 2022, après avoir atteint un maximum de 48 700 en 2020. »  Une tendance qui risque d’ailleurs de s’accentuer d’année en année avec la montée en puissance du commerce en ligne. 

Une croissance élevée dans les régions d’outre-mer 

Selon les régions, le nombre de créations d’entreprises évolue plus ou moins. En Corse par exemple, les évolutions de créations d’entreprise augmentent de 6 % tandis qu’en Normandie elles diminuent de presque 2 %. 

Au niveau des « évolutions sectorielles », les constatations sont les mêmes qu’au niveau national si ce n’est que « des particularités régionales, notamment en matière de tissu sectoriel, expliquent les différences d’évolution entre régions. »  Par exemple, de nombreuses entreprises ont été créées dans le secteur des activités spécialisées, scientifiques et techniques en Île de France (40 % des créations du secteur.) En Provence-Alpes-Côte-d'Azur, c’est plutôt le secteur de l’information et de la communication qui a du succès (+ 36 %, contre + 14 % au niveau national).

En ce qui concerne les régions d’outre-mer, les créations d’entreprises connaissent une augmentation considérable, sauf à Mayotte. « Elle est particulièrement forte en Martinique (+ 17 %), principalement dans les activités de services administratifs et de soutien (+ 37 %) et certainement en lien avec les dispositifs d’investissements pour le développement économique ouvrant droit à défiscalisation. En Guadeloupe, l’augmentation des créations (+ 17 %) est soutenue par l’essor des créations sous le régime du micro entrepreneur (+ 26 % en 2022). Les créations d’entreprises augmentent également à La Réunion (+ 6 %) et en Guyane (+ 5 %). »   

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