Édition du mercredi 20 mai 2009
Filière française du bois: l'Etat s'engage à promouvoir la certification et l'emploi de bois certifié dans les constructions publiques
Le président de la République a dévoilé hier une série de mesures pour promouvoir l'utilisation du bois dans la construction et l'énergie afin de mieux exploiter «cette gigantesque source de croissance durable».
En déplacement à Urmatt, un village alsacien situé au pied de la forêt des Vosges, il a annoncé la création d'un fonds d'investissement stratégique pour la filière bois à l'image de ceux mis en place dans les secteurs aéronautique et automobile.
Doté d'une enveloppe allant jusqu'à 100 millions d'euros provenant pour l'essentiel d'opérateurs privés comme Eiffage ou le Crédit agricole mais aussi d'aides de l'Etat, son objectif sera de «faire émerger un tissu d'entreprises de taille suffisante et structurer la filière», a déclaré le chef de l'Etat.
Ces annonces interviennent au moment où les sylviculteurs du Sud-Ouest, sinistrés par la tempête Klaus de janvier, protestent contre les retards dans les aides promises par l'Etat. Le gouvernement a fait un geste en leur direction en publiant au cours du week-end les décrets relatifs à la mise en place de 600 millions d'euros de prêts bonifiés pour financer le stockage du bois abattu par la tempête.
La France possède la troisième forêt en Europe et le secteur du bois y représente 450.000 emplois, ce qui n'empêche pas cette activité de représenter le deuxième plus fort déficit (six milliards d'euros) de sa balance commerciale.
Si la forêt représente «un atout considérable pour l'économie de nos territoires, cet atout demeure considérablement sous-exploité», a déploré le président. Pour remédier à cette situation, il a repris à son compte les recommandations d'un rapport qu'il avait commandé en décembre à l'ancien ministre de l'Agriculture Jean Puech. La première, la création d'un fonds spécial, répond au souci de moderniser un secteur éclaté: sur les 2.000 scieries françaises, 300 assurent plus de 85% de la production nationale et aucune ne figure parmi les 20 plus grandes unités d'Europe.
Le développement de l'utilisation du bois comme matériau de construction en est une autre. Pour cela, le seuil minimum d'utilisation du bois dans les constructions neuves sera multiplié par dix dès 2010 et l'Etat s'engage à promouvoir la certification et l'emploi de bois certifié dans les constructions publiques.
Une autre mesure allant dans le même sens est l'exemption de dépôt de permis de construire pour toute réalisation d'une isolation extérieure en bois, une simple déclaration préalable étant suffisante.
Le chef de l'Etat a annoncé que les tarifs d'achat obligatoire de l'électricité produite par des unités de cogénération utilisant du bois, en moyenne de 50 euros/MWh, seront doublés, «voire triplés si nécessaires».
La promotion de l'utilisation du bois comme source d'énergie est un des points du Grenelle de l'environnement qui prévoit que, à l'horizon 2020, 23% de la consommation énergétique proviendra d'énergies renouvelables, contre 9% aujourd'hui.
Nicolas Sarkozy a souligné que plus du tiers de cet effort devait provenir de la filière bois à elle seule, «soit l'équivalent de l'énergie produite par six centrales nucléaires». Pour y parvenir, la production annuelle de la France devra augmenter d'ici là de 21 millions de mètres cubes.
Faisant enfin le constat que 70% de la forêt française est dans les mains de propriétaires privés, il a annoncé que l'ensemble des aides publiques et des allègements fiscaux dont ils bénéficient seraient conditionnés dès 2010 à l'exploitation effective de leurs bois.
L'Office national des forêts (ONF) pourra, dans le respect de la concurrence, proposer un mandat de gestion renouvelable annuellement à ceux qui n'exploitent pas leur patrimoine.
Pour visionner ou lire le discours du chef de l'Etat du 19 mai, voir lien ci-dessous.
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