Démographie : neuf mois après, la crise accouche d'une forte baisse de la natalité
2020 restera dans les annales pour son taux de mortalité, exceptionnellement élevé en comparaison à ces dernières années, mais aussi de natalité. L’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) a révélé, hier, que 735 000 bébés sont nés en 2020 en France (18 000 de moins qu’en 2019), « soit le plus faible nombre annuel de naissances depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, inférieur au point le plus bas observé en 1994 ».
Selon des chiffres qui restent encore à consolider, « 53 900 naissances ont eu lieu en France en janvier 2021, soit environ 1 740 par jour. C’est 13 % de moins qu’en janvier 2020 (62 180 naissances, soit près de 2 010 par jour) », compare l’Insee. Une première baisse de 7 % sur un an avait été enregistrée en décembre 2020. « Chaque année, en raison de la baisse tendancielle des naissances observée depuis six ans, il naît généralement moins d’enfants chaque mois d’une année par rapport au même mois de l’année précédente. La diminution des naissances observée en janvier 2021 est cependant sans commune mesure avec les baisses qui ont pu être observées dans le passé ».
Il faut remonter à 1975, la fin du baby-boom, selon l’Insee, « pour observer un phénomène de telle ampleur ». Les naissances en septembre et octobre 1975 avaient en effet diminué de 14 % par rapport aux mêmes mois en 1974, et celles d’août et novembre de 10 %. « Rien de tel n’a en revanche été observé en lien avec la dernière crise économique de 2008-2009 ».
Comment l’expliquer ?
Il est difficile de ne pas faire le lien avec la pandémie, toujours en cours, de covid-19. « Le premier confinement a été instauré mi-mars 2020 afin d’enrayer l’épidémie de covid-19, rappelle l’Insee, alors que le nombre de décès quotidiens était sur une phase ascendante. Ce contexte de crise sanitaire et de forte incertitude a pu décourager les couples de procréer, les inciter à reporter de plusieurs mois leurs projets de parentalité. Des considérations relatives à la transmission possible du virus de la mère au nouveau-né ont pu également jouer. Il faut également rappeler que pendant ce premier confinement du printemps 2020, les centres de procréation médicalement assistée ont été fermés. Inversement, le recours à l’interruption volontaire de grossesse a pu être plus compliqué au cours de cette période ».
Une baisse durable ?
Certes « des baisses peuvent être observées sans lien avec la pandémie : les naissances ont par exemple diminué de 4 % en août et novembre 2020 par rapport aux mêmes mois en 2019 » mais « le fait que la baisse en janvier 2021 soit historiquement la plus élevée depuis la fin du baby-boom et qu’elle ait suivi une diminution déjà prononcée en décembre 2020 laisse peu de doute sur le rôle important joué par le contexte de la pandémie sur cette évolution ».
Le nombre des naissances mensuelles des mois à venir « permettra d’apprécier si la baisse de décembre et janvier est un phénomène ponctuel en début de pandémie (report des projets de parentalité de quelques mois seulement) ou le début d’une tendance plus durable (report durable des projets d’avoir un enfant ou abandon du projet), dans un contexte de crise sanitaire et économique ».
Ludovic Galtier
Télécharger le communiqué de l’Insee.
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