Le déconfinement ne sera pas régionalisé mais « adapté aux réalités locales »
A l’issue d’une visioconférence de près de quatre heures avec une vingtaine de maires et les représentants des associations d’élus locaux, Emmanuel Macron a annoncé, hier, que le déconfinement devra se préparer avec les maires et sera adapté « aux réalités locales ». Une rentrée scolaire « progressive » et une distribution de masques aux Français à partir du 4 mai ont également été avancées.
Déconfinement « territorialisé »
En attendant le plan de déconfinement, qui devrait être présenté en début de semaine prochaine, on sait désormais qu’il ne s'effectuera pas région par région, comme l’avait évoqué le président de la République, la veille, mais selon un cadre national qui devra être adapté et « territorialisé », a indiqué l’Elysée, rapportant les propos du chef de l’Etat. Tout dispositif régionalisé a donc été évacué car cela « ne correspond pas aux réalités des territoires ». On retrouve la volonté du couple exécutif de s’appuyer sur les élus locaux via le « couple maire-préfet » déjà évoqué par Edouard Philippe dimanche dernier (lire Maire info du 20 avril).
Selon des participants à cette réunion, les maires ont ainsi demandé des consignes nationales qui soient adaptables localement, mais aussi « plus de clarté, plus de souplesse, plus de masques et plus de tests », selon le président des Petites villes de France, Christophe Bouillon, présent lors de la visioconférence. Tout comme Caroline Cayeux, maire de Beauvais et présidente de Villes de France, qui explique sur Facebook avoir fait part de ses « réflexions quant à l’éventuelle souplesse du déconfinement dans l’Oise, notamment avec une différenciation territoriale dans les étapes de ce déconfinement ». Le maire de Nice, Christian Estrosi, a rappelé, sur Twitter, « la nécessité de s’appuyer sur les territoires et de faire confiance aux élus locaux pour adapter le déconfinement au plus près des préoccupations de nos habitants ». « La pire des choses serait des injonctions contradictoires. Sur la question des masques. Sur la question des écoles. Il faut faire attention à ce que sous prétexte de souplesse l’Etat ne se dégage de ses responsabilités », a par ailleurs prévenu Christophe Bouillon sur Twitter.
En ce qui concerne d'éventuelles restrictions de circulation entre des zones aux règles différentes, aucune indication précise n'a encore été livrée à ce stade bien que le directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, a rappelé qu’il « faudra éviter les transports interrégionaux et les échanges de population entre des zones massivement touchées et des zones peu touchées ».
Ecole : retour progressif et volontariat
Dans la même logique, la rentrée scolaire sera « progressive, concertée avec les élus locaux et adaptée aux réalités locales », notamment en fonction de la taille des communes, a souligné l’Élysée. « Les plus jeunes, ceux qui ne sont pas autonomes », ainsi que les enfants « les plus en difficulté » seront vraisemblablement prioritaires. Tout cela se fera, toutefois, sur la base du volontariat des parents, « sans obligation de retour à l’école », a précisé l’Élysée.
« Un consensus s’est dégagé : une réouverture réussie des écoles et des crèches ne peut se faire que main dans la main avec les villes, a indiqué sur Twitter la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui a assisté à la visioconférence. À Paris, les enfants des parents travaillant dans les services essentiels doivent être les principaux concernés, tout comme les enfants qui souffrent le plus de l’éloignement scolaire ».
Face à ce sujet qui inquiète particulièrement les élus locaux et alors que le virus continue à circuler, le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, avait déjà détaillé, mardi, devant les députés de la commission de la culture et de l’éducation, ces modalités de retour progressif à l’école, étalée sur trois semaines, à compter du 11 mai (lire Maire info du 22 avril).
« Ce que je ne comprends pas, c'est cette espèce de flou (...) Je ne sais pas comment on va pouvoir organiser l'école avec le volontariat », a réagi la maire de Lille, Martine Aubry, qui a réaffirmé que, dans sa ville, elle ne pourrait « appliquer l'ensemble du plan Blanquer » et réclamé « des directives claires et qu'on fasse confiance à ceux qui connaissent la réalité locale ».
Quant à la question de la désinfection des écoles et des bus scolaires, les élus mettent en garde. « Maintenir le protocole de désinfection à la javel plusieurs fois par jour comme nous le faisons pour l’accueil des enfants de soignants depuis le début de la crise, c’est infaisable », prévient Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de France urbaine, dans le journal Le Monde. « On ne pourra pas mettre tous les élèves dans les bus, il faudra prévoir plusieurs rotations ce qui génère des problèmes d’horaires et aussi financiers car il est très rare que les communes soient propriétaires de leurs bus », ajoute Christophe Bouillon.
Masques : distribution par l’Etat à partir du 4 mai
Dans les transports publics, « il faudra probablement imposer le port du masque », a en outre fait savoir l’Élysée, reprenant l’annonce d’Edouard Philippe. Le président de la République a évoqué un « cahier des charges organisationnel et sanitaire pour la reprise » et encouragé les maires à acheter massivement des masques grand public « dans une logique de recommandation, pas d'obligation ».
Une première distribution aux Français par l’Etat devrait avoir lieu à partir du 4 mai, a révélé, ce matin dans un entretien au quotidien Les Echos, la secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher. Le circuit de distribution le mieux adapté reste à l’étude : « Plusieurs modes de distribution ont été identifiés pour permettre à un maximum de Français d'y avoir accès. Le champ des possibles est très large et nous regardons toutes les hypothèses: pharmaciens, mairies, grande distribution, buralistes, plateforme Afnor, e-commerce... », a-t-elle expliqué, soulignant qu’il « reste à trancher des questions » qui seront arbitrées dans le cadre du plan de déconfinement : « Comment éviter un phénomène de surstockage par certains au risque de provoquer des ruptures locales d'approvisionnement ? Comment s'appuyer sur les collectivités locales ? »
A.W. (avec AFP)
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