Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 29 juin 2001
Décentralisation

Jacques Chirac plaide pour la première fois en faveur de l'élection des conseillers régionaux au scrutin uninominal, au lieu du système actuel par liste

Jacques Chirac a profité d'une visite en Alsace pour vanter les mérites de la démocratie locale et appeler à une modification du mode de scrutin aux élections régionales, afin de renforcer le lien entre citoyens et élus. Après avoir rendu visite le matin au 152e régiment d'infanterie de Colmar, il a développé devant 300 invités la thématique de la démocratie locale qu'il avait exposée pour la première fois en 1998 lors d'une visite à Rennes. Il a ainsi plaidé pour la première fois en faveur de l'élection des conseillers régionaux au scrutin uninominal, au lieu du système actuel par liste. "La composition du conseil régional devra être modifiée. Comme pour le département avec le canton, il faudra trouver le bon échelon pour permettre l'élection de chaque conseiller régional au scrutin uninominal, afin que les Français puissent clairement identifier leurs élus", a déclaré le chef de l'Etat. Jacques Chirac a estimé la "territorialisation de l'élection des conseillers régionaux doublement indispensable". "D'abord pour enraciner la région dans notre démocratie. La région, créée en 1972, est la plus jeune de nos institutions locales. Elle a besoin d'être confortée", a-t-il dit. "Ensuite, pour permettre qu'une véritable volonté régionale s'exprime enfin, et qu'elle le fasse à travers une vraie majorité, comme il se doit en démocratie". En revanche, le chef de l'Etat s'est déclaré opposé à la diminution du nombre des quelque 36 000 communes en France, un record en Europe. "Je pense pour ma part que ce serait une erreur, et même une faute contre la République", a-t-il dit. "Dans un pays comme le nôtre, historiquement marqué par la centralisation, une centralisation qui a contribué à nous unir, mais qui a depuis longtemps montré ses limites, s'il n'y avait pas les maires et leurs municipalités, si cette école de la citoyenneté que constitue la commune disparaissait, le terreau de notre démocratie s'assécherait", a déclaré le chef de l'Etat. Il a invité les responsables politiques "à prendre garde avant de songer à ces grands remodelages qui sont la tentation permanente de notre esprit parfois trop cartésien". Jacques Chirac a réaffirmé que le bon équilibre à l'échelon local résidait dans l'intercommunalité, prenant exemple sur le "Grand pays de Colmar", qui réunit une centaine de communes. "L'intercommunalité est en marche désormais", a-t-il estimé, ajoutant qu'il restait toutefois "à lui donner l'assise démocratique dont elle a besoin, seul le suffrage universel est en mesure de faire". "Le risque de l'intercommunalité, c'est de laisser une distance se créer entre la décision et les citoyens qu'elle concerne (...) C'est pourquoi, demain, nous aurons besoin de l'élection directe et du référendum local". Jacques Chirac a souhaité également un rééquilibrage entre les pouvoirs de l'Etat et ceux des collectivités locales. "Les Français ont besoin de leur Etat, qu'il assume toutes ses missions, et notamment ses missions de service public. Mais ils ont aussi besoin d'un Etat qui ne prétende pas exercer un pouvoir sans partage sur l'économie et sur la société et qui donne plus d'oxygène à toutes les forces d'initiative et de progrès", a-t-il ajouté. Mais l'Etat "demeure trop sûr de lui, trop imbu de l'idée que la légitimité politique l'autorise à tout faire et à tout décider", a-t-il ajouté, affirmant qu'au cours des dix dernières années, l'Etat a prélevé "plus de trois quarts de l'accroissement de la richesse nationale". Le président a également reproché à l'Etat, peut-être en visant à travers lui le gouvernement actuel, de ne pas savoir gérer le dialogue social. "Il suffit d'un peu de bon sens pour comprendre que, pour faire de bonnes lois, pour prendre de bonnes décisions, la concertation, le dialogue et la recherche d'un accord sont hautement préférables à toute forme d'action unilatérale", a-t-il observé. "Quand l'encre du législateur est déjà sèche, il est souvent trop tard pour appeler le dialogue et la démocratie socia

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