Lire et faire lire : comment les élus peuvent encourager la pratique de la lecture chez les plus jeunes ?
Par Lucile Bonnin
Nombreux sont les élus qui désirent recréer durablement du lien social intergénérationnel dans leurs communes. Et si cette initiative pouvait, même temps, recréer un désir de lire chez les lecteurs en herbe, alors que demander de plus ?
Faire d’une pierre deux coups : c’est un peu ce que propose l’association Lire et faire lire à travers son programme éducatif d’ouverture à la lecture et de solidarité intergénérationnelle. Le principe est simple : des bénévoles âgés de plus de 50 ans sont mobilisés pour partager leur plaisir de la lecture avec les enfants dans des structures d’accueil variées : écoles, collèges, crèches, associations socio-culturelles, centres de loisirs, structures médicosociales, hôpitaux, bibliothèques, aires d'accueil pour les gens du voyage, etc.
103 coordinations départementales
« Tout est parti d’une idée brestoise » , raconte à Maire info Cécile Cornaglia, déléguée générale de l’association Lire et faire lire. En 1999, un partenariat a été construit entre de l’Office des Retraités et des Personnes Agées de Brest (ORPA) et des enfants scolarisés dans une des écoles primaires de la ville. L’initiative, soutenue par l’écrivain Alexandre Jardin et le journaliste Pascal Guénée donne naissance à un programme national d'ouverture à la lecture sous le nom de « Lire et faire lire ».
Désormais l’association bénéfice du soutien du ministère de l’Éducation nationale et de la jeunesse, de celui de la Culture et de la direction générale de la cohésion sociale (DGCS) et est défendue par un important comité de 200 écrivains. Ce comité propose d’ailleurs à tous les bénévoles des idées de lecture.
Le programme national Lire et faire lire est développé dans « chaque département par des coordinateurs de deux réseaux associatifs : la ligue de l’enseignement et l’Unaf (Union nationale des associations familiales) » , comme l’explique Cécile Cornaglia. Le programme est présent dans 103 coordinations dont 96 départements métropolitains, 4 départements d’outre-mer, à Mayotte, en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie. Ce maillage territorial important permet à de nombreuses communes qui ont envie de participer de se renseigner auprès de la coordination de son département.
Bénévolat pour les plus de 50 ans
Entre 2021 et 2022, 15 630 bénévoles se sont lancé dans l’aventure et 578 000 enfants ont bénéficié de ces séances de lecture particulières. Pour pouvoir être bénévole, il faut avoir plus de 50 ans et disposer de temps libre puisque chaque intervenant peut être mobilisé au moins une fois par semaine dans les structures demandeuses. Dans les territoires d’outre-mer, les bénévoles peuvent avoir 40 ans et plus.
Une formation initiale est dispensée à chaque bénévole ce qui va permettre « d’avoir un panorama de la littérature de jeunesse, d’obtenir les clés pour la lecture à voix haute, et de recevoir des conseils pour la gestion d’un groupe » , comme l’explique la déléguée générale. Le temps de cette formation est variable selon la coordination départementale à laquelle le bénévole est rattaché. « Les rencontres informelles entre bénévoles pour échanger autour des expériences personnelles de chacun sont régulièrement encouragées par les coordinations ».
« L’initiative apporte autant aux bénévoles qu’aux enfants » , pointe Margaux Canu, coordinatrice nationale qui ajoute que l’association est en perpétuel recrutement en ce qui concerne les bénévoles. La demande d’inscription se fait sur le site.
Mobiliser les structures du territoire
Pour que la rencontre se fasse, il faut que des structures d’accueil soient partantes pour ouvrir leurs portes aux intervenants. D’où l’intérêt pour les élus de faire connaître l’initiative aux structures de son territoire, susceptibles d’être intéressées par la démarche.
Les bénévoles peuvent intervenir durant le temps scolaire, « en cohérence avec le projet pédagogique de l'établissement » , pour les élèves des cycles 1, 2 et 3. Les lectures peuvent également avoir lieu sur le temps périscolaire (pause méridienne, matin et fin de journée) dans les locaux de l’école. Des lectures peuvent être réalisées dans les crèches collectives et familiales, les haltes garderies, les jardins d’enfants, les établissements multi-accueil pour les moins de 6 ans et dans les relais d’assistantes maternelles (RAM).
La bibliothèque joue aussi un rôle incontournable dans ce programme. En effet, elle est à la fois une structure d’accueil possible et un lieu culturel de proximité auquel les enfants doivent être sensibilisés. Ainsi, « les bénévoles n’achètent pas en majorité leurs livres mais les empruntent à la bibliothèque de leur commune. Il n’est pas rare que les bénévoles fassent de la pédagogie autour de la bibliothèque en expliquant aux enfants l’utilité du code-barre derrière un livre par exemple ou encore en faisant la visite d’une bibliothèque ».
Un label pour les communes et intercommunalités
Comment les maires peuvent-ils jouer un rôle dans cette belle initiative ? D’abord, ils peuvent en parler autour d’eux pour donner envie aux potentiels bénévoles de s’engager et aux structures de tenter l’expérience.
Une commune ou une intercommunalité peut s’engager plus officiellement dans cette démarche en faveur de la lecture et ainsi être récompensée de son implication et de celle de ses bénévoles.
Depuis 2016, un label « Ma commune/Mon interco aime lire et faire lire » a été créé en partenariat avec l'AMF. Ce label « valorise l’action locale en faveur de la lecture » . 171 communes ont déjà obtenu ce label.
« Les communes et intercommunalités dans lesquelles interviennent des bénévoles Lire et faire lire peuvent être candidates au label, quelle que soit leur taille, précise l'AMF. Les intercommunalités peuvent être candidates lorsque les compétences petite enfance, enfance, jeunesse, lien intergénérationnel ou culture leur ont été transférées. Une délibération du conseil municipal ou intercommunal valide cette démarche. »
Pour prétendre à l’obtention de ce label la commune doit s’engager à mettre en place au moins 3 actions sur celles proposées : communiquer sur les actions menées par les bénévoles dans les différents médias communaux pour valoriser et développer la mise en place du programme ; favoriser la présence de Lire et faire lire dans les activités proposées en temps périscolaire, dans un PEdT (Projet éducatif territorial) ou dans le contrat de ville ; inciter au partenariat avec les bibliothèques de lecture publique ; associer les bénévoles lecteurs aux manifestations culturelles locales et/ou aux actions intergénérationnelles locales ; valoriser et reconnaitre les seniors engagés dans ce bénévolat (remise de médaille, réceptions, invitation aux activités de la commune..) ; ou encore participer au financement de l’accompagnement des bénévoles (soutien financier à la coordination départementale pour la formation des bénévoles,...).
Après délibération du conseil municipal ou communataire, les candidatures doivent être déposées avant le 30 juin sur le site de l’association. Une fois labellisées, les communes obtiennent un diplôme, « qu'on retrouve parfois fièrement accroché dans le bureau du maire » , rapporte Cécile Cornaglia, et qui est décerné pour une durée de 4 ans.
Pour plus d'informations, rendez-vous sur le site Lire et faire lire.
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