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Édition du mercredi 13 avril 2022
Culture

Les ressources numériques en bibliothèques : une offre en pleine croissance

À travers un travail d'enquête, le ministère de la Culture évalue l'offre numérique proposée dans les bibliothèques municipales, intercommunales et départementales. L'occasion aussi de mesurer l'impact de la crise sanitaire sur les ressources numériques disponibles en bibliothèques.

Par Lucile Bonnin

Publiée la semaine dernière, cette enquête a été élaborée par Ipsos en fonction des réponses de 2014 bibliothèques municipales, intercommunales ou départementales. Parmi les bibliothèques participantes, 1 682 sont dans une collectivité où la population est de moins de 5 000 habitants, 222 de 5 000 à 20 000 habitants, 91 à partir de 20 000 habitants et 19 sont des bibliothèques départementales. 

. Il est indiqué dans le rapport que « depuis 10 ans, les bibliothèques font face à l’une de leurs plus importantes mutations avec la transition numérique, dont l’un des axes majeurs est le développement des ressources numériques (autoformation, presse en ligne, livres numériques, vidéo à la demande, etc.). »  Ainsi, le ministère de la Culture avec cette étude souhaite « disposer de données »  sur la place des ressources numériques dans les bibliothèques après la crise sanitaire.

Un quart des bibliothèques dispose d'une offre numérique

Sur les 2014 bibliothèques sondées, 514 déclarent proposer des ressources numériques. Les bibliothèques départementales sont logiquement plus avancées en matière de numérisation puisque 17 déclarent proposer des ressources numériques sur les 19 interrogées. 

D’ailleurs, l’étude montre aussi que plus la taille de la bibliothèque est importante, plus elle propose de ressources numériques. Ainsi, « dans les collectivités de plus de 20 000 habitants, 83 % des bibliothèques proposent une offre numérique »  et 90 % des bibliothèques départementales en proposent également une. 

Une offre qui attire 

L’offre numérique au sein d’une bibliothèque peut être très variée. On retrouve notamment des contenus d’autoformation (79 %), de presse (78 %) et des vidéos (72 %) mais aussi de la musique (64 %), des livres numériques (63 %), des livres audio (50 %). Plus minoritairement, certaines bibliothèques proposent aussi des jeux vidéo (15 %) et des dictionnaires et encyclopédies en ligne (15 %). 

Cette variété est d’autant plus appréciable pour les usagers au regard des différents confinements qui ont pu avoir lieu en 2020. « Le nombre d’inscrits aux bibliothèques numériques a augmenté entre 2019 et 2020 de 85 %, particulièrement pour les bibliothèques de grande taille (+ 79 %) » , peut-on lire dans l’étude. 

Il est également souligné que les bibliothèques qui proposent une offre numérique « comptent sensiblement plus d’inscrits que les autres. » 

Inégalités et mutualisations

Les bibliothèques des grandes collectivités sont sans aucun doute plus présentes sur internet que les autres. Elles disposent beaucoup plus souvent par exemple d’un portail et d’un site internet propre. La quantité de ressources numériques est aussi « logiquement »  plus importante dans les bibliothèques des grandes collectivités. 

Mais ces inégalités sont à nuancer car de nombreuses ressources sont mutualisées. 21 % des bibliothèques de grande taille, et 88 % des bibliothèques départementales mettent leurs ressources numériques à disposition pour d’autres bibliothèques. Cette mise à disposition est le plus souvent formalisée à travers une convention (58 %).

94 % des petites et moyennes bibliothèques se tournent vers la bibliothèque départementale pour bénéficier de ressources gratuitement. En effet, les résultats montrent que « dans les petites collectivités, 8 bibliothèques sur 10 proposant des ressources numériques en bénéficient à titre gratuit. C’est le cas également de 65 % des bibliothèques de taille moyenne, ainsi que de 21 % de bibliothèques de grande taille. Cette mise à disposition gratuite concerne l’ensemble des ressources pour 78 % des bibliothèques de petite taille. » 

Des difficultés financières 

Développer les ressources numériques au sein d’un établissement de lecture publique exige des moyens humains. L’étude pointe qu’en moyenne 2,3 agents sont chargés des ressources numériques (3,9 en moyenne pour les bibliothèques de 20 000 habitants et plus), pour des fonctions variées selon les bibliothèques, d’accompagnement, de gestion des accès ou d’acquisitions.

C’est aussi un coût financier qui n’est pas négligeable. Pour les bibliothèques des grandes collectivités par exemple, les ressources numériques représentent environ 22 % du budget consacré aux ressources documentaires (41 874 euros en moyenne). 

Ce sont d’ailleurs ces plus grands établissements qui rencontrent le plus de difficultés (86 % pour les bibliothèques de plus de 20 000 habitants ; 77 % pour les bibliothèques départementales). Ces difficultés sont surtout d’ordre financier (25 %). 

La crise sanitaire a de surcroît encouragé les bibliothèques à investir davantage dans ce type de ressources. Il est indiqué que 20 % des bibliothèques ont envisagé une augmentation du budget. Ces intentions ont été suivies d’effet  dans 84 % des cas notamment « par redéploiement de crédits depuis d’autres postes budgétaires (hors budget d’acquisition) à 37 %, par redéploiement de crédits au sein du budget d’acquisition à 31 % ou bien par une augmentation nette du budget d’acquisition de ressources numériques (26 %). » 

Le dispositif Prêt numérique en bibliothèque (PNB)

Lancé fin 2014, le PNB fournit 22 % des bibliothèques en ressources numériques selon l’étude. Pour rappel, le PNB fonctionne avec une politique de prêt via une plateforme technique qui permet les échanges d’informations et de transactions entre les libraires, les plateformes numériques et les bibliothèques. La part de l’offre PNB empruntée a doublé entre 2019 et 2020, passant de 19 % à 38 % en 2020.

En revanche, malgré la crise, cet outil n’a pas connu d'ascension fulgurante.  « Un quart des bibliothèques proposant PNB ont acquis des livres audio via le dispositif, avec 72 livres en moyenne. Les livres audio sont demandés à 78 %. Parmi les bibliothèques qui n’ont pas acquis de livres audio via le dispositif, 26 % invoquent la volonté de ne pas saupoudrer le budget, ou mettent en avant le coût élevé (16 %) ainsi que l’attente de la possibilité de téléchargement (16 %). » 

Télécharger l'étude. 

 

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