Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 5 novembre 2024
Culture

Budget 2025 : face aux alertes des radios locales, le gouvernement s'engage finalement à rétablir leurs crédits 

Le Fonds de soutien à l'expression radiophonique (FSER) devait initialement être amputé de quasiment un tiers de ses crédits, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025. Ce qui aurait mis en danger les quelque 750 radios associatives locales.

Par A.W.

Le gouvernement a préféré faire machine arrière : la baisse « drastique »  de 10 millions d’euros visant les subventions aux radios locales ne devrait finalement se produire en 2025. Au plus grand soulagement des responsables des quelque 750 radios associatives locales qui parsèment le territoire et qui redoutaient une véritable saignée sur l’emploi, si ce n’est la disparition même de certains de ces médias de proximité.

Sur les 2 850 salariés (dont 270 journalistes professionnels) qu’il emploie, le deuxième employeur du secteur radiophonique après le service public risquait de supprimer 800 postes, selon les estimations des syndicats, alors que ces radios s’adressent à un public très diversifié, qu’il soit urbain ou rural. 

Rétablissement des crédits « au niveau de 2024 » 

Si la ministre de la Culture, Rachida Dati, s’était déjà engagée à leur trouver « une solution de financement », lors de sa très longue audition devant les députés il y a deux semaines, c’est son homologue au Budget qui a confirmé la nouvelle.

Interrogé la semaine passée lors des questions au gouvernement, Laurent Saint-Martin a assuré que le gouvernement avait « entendu [la] préoccupation »  des élus locaux et des responsables de stations radio. 

Afin que celles-ci puissent « continuer d’émettre et d’assurer l’entretien des liens de proximité, le développement du lien social et le pluralisme de l’information », l’exécutif rétablira donc les crédits alloués au Fonds de soutien à l'expression radiophonique (FSER) « au niveau qui était le leur en 2024 », soit « un peu plus de 10 millions d’euros »  supplémentaires que ce qu’il prévoyait à l’origine. 

Car si « le gouvernement assume de diminuer la dépense publique », ce n’est pas une raison pour se « livrer à des coupes aveugles ni acter une politique transversale de rabot », s’est justifié l’ancien rapporteur général du budget à l’Assemblée nationale.

« Nombre de nos concitoyens, dans tous nos territoires, sont à juste titre très attachés »  à ces radios locales, « dont le financement dépend pour plus de 40 % du FSER », a-t-il reconnu, assurant que « les collectivités territoriales n’ont pas à prendre le relais de ce financement et ne le feront pas ».

« Rôle essentiel »  des radios

Pour cela, le ministre du Budget a annoncé que l’exécutif appliquera « la proposition faite de manière remarquablement transpartisane lors des travaux en commission »  de l’Assemblée.

La commission des Affaires culturelles a, en effet, déjà adopté, durant l’examen du projet de loi de finances (PLF), un amendement des députés macronistes « rétablissant pour 2025 les moyens alloués au FSER à leur niveau de 2024, soit 35,7 millions d’euros », au lieu des 25,3 millions d’euros inscrits dans le PLF pour 2025. 

Une remise à niveau « indispensable »  pour les députés du camp gouvernemental si l’on souhaite « préserver le fragile équilibre économique des radios associatives, sauvegarder des centaines d’emplois, et maintenir la diversité et le pluralisme du paysage radiophonique français ». Très critiques, ceux-ci estiment que la « réduction drastique »  voulue initialement par l’exécutif « menace directement la pérennité [des] radios associatives en France ». 

Les radios associatives locales jouent « un rôle essentiel »  dans « le paysage médiatique français, en particulier dans les zones rurales, les quartiers prioritaires et les territoires d’outre-mer », ont-ils rappelé. « Véritables vecteurs de cohésion sociale, elles animent la vie locale, donnent la parole aux citoyens et aux acteurs du territoire, et contribuent à la diversité culturelle »  tout en menant « des actions cruciales d’éducation aux médias et à l’information, de lutte contre la désinformation, et de formation, notamment auprès des jeunes ». 

Via des amendements similaires adoptés par les députés, la gauche envisage même d’augmenter le FSER en portant cette dotation à 37,3 millions d’euros pour l’année 2025 afin de « répondre à l’augmentation constante des services radios et aux surcoûts générés par la double diffusion FM/DAB+ ». Selon elle, ce fonds « représenterait plus de la moitié du budget de fonctionnement de près de 80 % »  des radios locales.

Reste que ces votes n’étaient qu’une première étape puisque ces amendements devront à nouveau être examiné en séance à l’Assemblée nationale, puis au Sénat et être inscrit dans le texte final.

Vers plus de contrôles ? 

Le Syndicat national des radios libres (SNRL), la Confédération nationale des radios associatives (CNRA) et l'association Les Locales ont salué dans un communiqué « cette décision du gouvernement, qui marque un signal fort pour la pérennité des radios non commerciales ». 

Les radios associatives s'étaient indignées mi-octobre du « coup de guillotine »  porté à leurs yeux par le projet de budget et avaient appelé le gouvernement à « revoir sa position et à rétablir un soutien digne de l'importance des radios associatives pour notre société ».

Elles avaient, par ailleurs, déploré que cette baisse constituait l'essentiel des « 12 millions d'euros d'économies demandées »  dans le programme « Presse et Médias »  du PLF, alors même que les radios locales associatives « ne représentent que 4 % de l'enveloppe budgétaire globale »  et que la Culture avait été relativement épargnée par l'effort budgétaire demandé pour l'an prochain.

Localement, de nombreux responsables de radios associatives s’étaient inquiétés des risques pesant sur elles, tout comme nombre de maires et d'associations départementales de maires (Ardèche, Côtes d'Armor) qui s'en étaient également fait l'écho au niveau national. Comme en Charentes, où sur les trois antennes locales, une était menacée de disparition complète puisqu’elle dépend à 100 % du FSER, une autre financée à 50 % par le fonds envisageait de supprimer des effectifs, alors que la dernière majoritairement financée par des dons devait être la moins impactée.

On peut souligner que Rachida Dati s’est dit, lors de son audition devant l’Assemblée, « assez favorable »  à ce « qu’on mette des critères de contrôle »  pour l’attribution des subventions aux plus de 750 radios qui « ne sont pas toutes de même qualité et de même niveau, et [ne procède pas] parfois de la même nécessité », selon un compte-rendu de Télérama. La ministre de la Culture précisera peut-être sa pensée cet après-midi, lors de sa nouvelle audition devant les sénateurs, cette fois.

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