Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 5 novembre 2002
Décentralisation

Critiques de la décentralisation : Jean-Pierre Raffarin «gardera le cap»

Jean-Pierre Raffarin s'est efforcé lundi de limiter l'impact politique des critiques contre sa réforme de la décentralisation, se déclarant "déterminé" à garder le cap et affirmant agir "au nom du président de la République". "La décentralisation aura lieu... Je suis déterminé pour que notre République puisse se rapprocher des territoires, je suis déterminé pour qu'on puisse décider au plus près du citoyen", a déclaré le Premier ministre à l'occasion d'un déplacement à Besançon. M. Raffarin faisait écho aux propos du président de l'Assemblée nationale Jean-Louis Debré qui, jeudi, avait lancé une charge contre cette réforme, mettant en garde contre un « intégrisme décentralisateur ». Le Premier ministre, qui a fait de la décentralisation son cheval de bataille, a assuré disposer d'une « très forte adhésion populaire sur ce sujet », avant d'affirmer que la réforme était avant tout celle du président, comme pour démentir ceux qui penseraient que ces critiques étaient inspirées par le chef de l'Etat. Dans l'entourage de M. Debré, on a assuré que les propos du président de l'Assemblée nationale n'engageaient « en aucun cas » le chef de l'Etat et qu'il n'y avait d'ailleurs pas eu de contacts sur ce point entre M. Chirac et lui. Il s'agissait pour M. Debré d'exprimer « les préoccupations des parlementaires », avec lesquels il s'entretient régulièrement, et qui s'inquiètent du « manque de lisibilité » du texte, a-t-on ajouté. M. Raffarin s'est efforcé de minimiser ces critiques : « Que le président de l'Assemblée prenne la parole sur ce sujet est tout à fait souhaitable et je n'y vois aucun inconvénient », a-t-il déclaré, ajoutant qu'il n'en avait pas été surpris. M. Debré avait informé M. Raffarin de ses intentions il y a une quinzaine de jours, a-t-on précisé dans l'entourage de M. Debré, pour qui il ne s'agissait pas de « déstabiliser » le Premier ministre avec qui « les relations ne sont pas conflictuelles ». Les sénateurs se livrent depuis la semaine dernière à une guérilla d'amendements sur la révision constitutionnelle, qui pourrait bien se poursuivre jusqu'à la fin des débats attendue en principe mercredi soir. M. Raffarin a cependant laissé entendre que le gouvernement pourrait lâcher du lest : « Nous ne sommes pas le gouvernement je sais tout, qui applique une idéologie. Nous sommes des pragmatiques. Nous tenons compte des réalités. Je connais le terrain, j'écoute le terrain ». Il reste que la période ouverte par les critiques de M. Debré pourrait s'annoncer rude pour le chef du gouvernement. Selon son entourage, le président de l'Assemblée aurait l'intention de ne pas en rester là et de mettre en cause la nécessité même de réviser la Constitution. L'examen du projet par les députés dans la seconde quinzaine de novembre ou le congrès des maires de France, du 19 au 21 novembre, pourraient lui donner l'occasion de défendre ce point de vue. De son côté, Patrick Devedjian, ministre délégué aux Libertés locales, a estimé lundi que le droit à l'expérimentation prévu dans le projet de loi de décentralisation devait être "réversible" et "évaluable". Le droit à l'expérimentation est "une bonne méthode et il n'y a nul lieu de craindre qu'elle soit facteur de division", a affirmé M. Devedjian en ouvrant les Assises des libertés locales en Bretagne. "L'uniformité n'est pas l'unité et notre pays, depuis très longtemps, est assuré dans son indivisibilité", a ajouté M. Devedjian. Interrogé par France 3 Ouest en marge des Assises, le ministre délégué aux Libertés locales a indiqué par ailleurs qu'"il est naturel que chacun exprime ses craintes" par rapport à cette "très grande réforme". M. Devedjian a estimé que la mise en garde du président de l'Assemblée nationale Jean-Louis Debré contre "l'intégrisme décentralisateur" "rend service" au gouvernement qui va ainsi "pouvoir apporter des réponses rassurantes" à ces questions. "Le testament du général De Gaulle est un testament de décentralisation", a affirmé M. Deved

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