État d'urgence en Nouvelle-Calédonie, allégement sur le pass vaccinal : l'actualité covid-19 du jour
Par Franck Lemarc
Le contraste apparaît flagrant, ce matin, entre la situation de la Nouvelle-Calédonie et celle de la métropole : la dégradation de la situation sanitaire est inquiétante dans l’île du Pacifique, tandis qu’en métropole, Olivier Véran estime que l’usage du pass vaccinal pourrait être levé « bien avant le mois de juillet ».
La situation en Nouvelle-Calédonie
Le décret pris hier en Conseil des ministres et publié ce matin place la Nouvelle-Calédonie sous état d’urgence sanitaire à partir d’aujourd’hui zéro heure. Comme le veut la loi du 22 janvier 2022, dans tous les territoires ultramarins où l’état d’urgence sanitaire est prononcé avant le 1er mars, il est automatiquement applicable jusqu’au 31 mars 2022 inclus. Ce sera donc le cas en Nouvelle-Calédonie.
Il a été expliqué hier en Conseil des ministres que le taux d’incidence, en Nouvelle-Calédonie, a augmenté de 40 % en sept jours, sous l’effet du variant Omicron. Il s’établissait hier à 1 468 cas pour 100 000 habitants.
S’il est très élevé, ce chiffre reste néanmoins sans commune mesure avec ce qui existe en métropole, où le taux d’incidence était hier de 3 460. Le département métropolitain le moins touché était, à la date d’hier, la Seine-Saint-Denis, avec un taux d’incidence pourtant supérieur à celui de la Nouvelle-Calédonie (1 725).
Alors, pourquoi une telle différence de traitement entre la métropole et la Nouvelle-Calédonie ? La réponse est double. D’abord, le taux de vaccination, très inférieur dans l’île du Pacifique à ce que l’on constate en métropole. Le gouvernement annonçait, hier, que seulement 67 % de la population néocalédonienne avait reçu « au moins une dose » (ce taux est de 80 % en France, et 93 % pour la population dite éligible, c’est-à-dire les personnes de douze ans et plus). « Avec ce niveau de couverture vaccinale, les risques de développer des formes graves de la maladie sont fortement majorés et peuvent conduire rapidement à une saturation des structures hospitalières sur le territoire », expliquait hier le gouvernement.
Ce qui constitue le deuxième élément de réponse : non seulement il existe un risque de saturation des hôpitaux en Nouvelle-Calédonie, mais, de surcroît, la situation sanitaire tendue dans l’hexagone « limite significativement les capacités d’envoi de renforts ou l’organisation d’évacuations sanitaires ».
Dans ce contexte, l’exécutif a donc choisi de prononcer l’état d’urgence sanitaire, qui permet notamment aux autorités de décider, si besoin, de mesures de couvre-feu voire de confinement.
Fin du pass vaccinal « avant juillet » ?
Pendant ce temps, en métropole, c’est un Olivier Véran manifestement plus détendu qui a pris la parole, hier soir, sur BFMTV. Relativement optimiste sur l’évolution de la situation, le ministre de la Santé a envisagé une levée du pass vaccinal « bien avant juillet » : « Le pire est derrière nous, pour cette cinquième vague de l'épidémie de covid », a déclaré le ministre, estimant que le pic des contaminations était dépassé et que celui des hospitalisations devrait l’être sous peu. « On ne peut pas se poser la question aujourd’hui » de la levée du pass vaccinal, a poursuivi le ministre, mais « quand on aura vidé les réa [des malades du covid-19] et qu’il n’y aura plus un soin déprogrammé dans le pays, s’il n’y a pas de nouveau variant d’ici là, l’utilité du pass vaccinal sera totalement discutable et nous pourrons le retirer. » Ce moment pourrait advenir « bien avant le mois de juillet, sauf s’il y avait une mauvaise nouvelle », a complété Olivier Véran.
Le ministre a également évoqué un allégement des mesures sanitaires probablement « au printemps », avec par exemple une levée de l’obligation du port du masque en intérieur.
Allègement des conditions d’obtention du pass vaccinal
Olivier Véran a fait une autre annonce importante hier soir : les personnes qui ont reçu deux doses et ont contracté le virus n’auront plus besoin de faire leur dose de rappel. C’est un changement important par rapport à la doctrine actuellement en vigueur et, vu le nombre (qui se chiffre en millions) de gens qui ont été contaminés bien qu’étant doublement vaccinés, depuis le mois de janvier, l’annonce va concerner de très nombreuses personnes.
Rappelons que pour l’instant, ce qui figure dans les textes officiels est que les personnes qui ont reçu leurs deux doses et qui ont été infectées par le covid-19 par la suite doivent recevoir, pour conserver le bénéfice du pass vaccinal, une dose de rappel entre trois et sept mois après la maladie.
Ce qu’a dit le ministre hier soir est tout différent. « Pour bénéficier du pass, il faut que notre système immunitaire ait été stimulé trois fois. Une stimulation, cela peut être une injection de vaccin ou une infection. (…) Si vous avez eu une injection et deux infections, deux injections et une infection, ou trois injections, vous conserverez le bénéfice du pass, sans limite de temps. » Et Olivier Véran a bien précisé que dans le cas (le plus fréquent) des personnes ayant été contaminées avec une double vaccination, cette nouvelle doctrine s’appliquera que l’infection ait eu lieu avant, après ou entre les deux injections. Trois infections, sans vaccination, ne permettent pas en revanche d'avoir un pass vaccinal.
Concrètement, cela signifie que plusieurs millions de personnes vont pouvoir se passer d’une dose de rappel sans perdre le bénéfice de leur pass vaccinal. Olivier Véran a toutefois indiqué qu’il n’était pas impossible qu’il faille aller vers une campagne de rappel généralisé, y compris pour les personnes ayant eux « trois stimulations », à l’automne prochain.
Il reste à transformer ces paroles en actes : pour l’instant, les textes officiels ne font pas mention de cette évolution qui devra, à tout le moins, faire l’objet d’une modification du fameux décret « prescrivant les mesures générales à la gestion de la sortie de la crise sanitaire ».
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