Le décret du 1er juin 2021, qui organisait la sortie de l’état d’urgence sanitaire, a été maintes fois modifié au fil de l’évolution de la situation sanitaire : violente poussée épidémique en juillet, puis décrue à partir de la seconde moitié du mois d’août. Le gouvernement, comme il le fait depuis février 2020, a cherché à adapter les mesures à la situation. Le nouveau décret paru jeudi 11 novembre poursuit cette logique, mais à nouveau dans le sens d’un durcissement. 

Seuls 9 départements en vert

Il n’y a en effet aucun doute : l’épidémie repart dans le pays. À un rythme pour l’instant moins violent que dans d’autres pays européens, comme l’Allemagne, la Belgique ou les Pays-Bas, mais elle repart quand même : le taux d’incidence a augmenté de presque 30 % la semaine dernière, et, peu à peu, le nombre d’admissions en soins critiques recommence à augmenter. La carte de France, qui était très largement repassée en vert il y a trois semaines, est de nouveau à l’orange : seuls 9 départements sont encore en-dessous du seuil d’alerte de 50 cas pour 100 000 habitants (Manche, Mayenne, Somme, Vosges, Marne, Aube, Yonne, Nièvre, Côte-d’Or et Mayotte). Tous les autres départements ont aujourd’hui un taux d’incidence compris entre 50 et 150 ; sauf deux, l’Ardèche et la Haute-Corse, qui ont déjà dépassé ce seuil. 

Le masque à nouveau dans toutes les écoles

Dans ces circonstances, le gouvernement a renoncé à la mesure qu’il avait prise fin septembre, à savoir « territorialiser »  les mesures prises dans les écoles. La règle était que tout département passant plus de cinq jours sous le seuil des 50 cas pour 100 000 habitants repassait au niveau 1 du protocole sanitaire dans les écoles, avec pour conséquence la fin du masque en intérieur pour les enfants. La semaine dernière, le gouvernement en a terminé avec cette règle, et tous les départements sont, depuis ce matin, considérés comme en alerte. Le masque en intérieur redevient donc de mise pour tous les enfants des écoles élémentaires, ainsi que les autres règles du niveau 2 du protocole, notamment en termes de brassage. 
Par ailleurs, le décret rétablit le masque pour les enfants de six ans ou plus dans les centres de loisirs et accueils périscolaires et extrascolaires. 

Allègements dans certains établissements recevant du public

Le décret paru jeudi 11 novembre, a contrario, allège aussi certaines règles. 
Concernant les établissements sportifs en plein air ou couverts, il est toujours obligatoire de faire en sorte que « les espaces permettant les regroupements »  soient aménagés dans des conditions permettant de garantir le respect des gestes barrières. En revanche, la jauge de 75 % pour les concerts « debout »  organisés dans les établissements sportifs couverts est supprimée. 
Suppression de la jauge également pour les discothèques : jusqu’à présent, dans les départements les plus touchés par la circulation du virus, les discothèques ne pouvaient accueillir que 75 % du public habituel. Le décret paru jeudi supprime cette disposition. 
Même chose dans les ERP de type L (salles d'auditions, de conférences, de projection, de réunions, de spectacles ou à usages multiples) ainsi que les chapiteaux, tentes et structures : jusqu’à présent, une jauge de 75 % était imposée pour l’organisation de concerts « debout »  dans ces lieux ; elle est désormais supprimée. 

Nouvelles mesures de restriction en Europe

Reste à savoir combien de temps ces allégements vont être de mise, dans une phase de réactivation de l’épidémie. Dans plusieurs pays voisins, des mesures assez drastiques sont de nouveau à l’étude, voire en passe d’être promulguées. En Allemagne, où le taux d’incidence dépasse tous les records atteints jusque-là, le gouvernement fédéral se prépare à la remise en place du télétravail obligatoire. En Autriche, où le taux d’incidence national est désormais supérieur à 1000, c’est une mesure encore jamais vue qui va entrer en vigueur aujourd’hui : le confinement des personnes non vaccinées. Les Pays-Bas, qui battent également les tristes records d’incidence des mois précédents et qui ont enregistré 600 décès en une semaine, un « confinement partiel »  a été mis en place samedi 13 novembre, avec télétravail obligatoire et fermeture des restaurants à 20 heures. 
Cette vague ne touche pour l’instant la France que de façon mesurée. Mais cela va-t-il durer ? Avec un taux de reproduction du virus de 1,2, le nombre de malades double toutes les deux semaines. Et entre la baisse des températures qui n’incite pas à l’aération des pièces et le relâchement des gestes barrières, sans compter un taux de rappel encore très insatisfaisant chez les personnes âgées, les autorités sanitaires ne cachent désormais plus leur inquiétudes pour les semaines à venir. 

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