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Édition du mercredi 7 juin 2023
Crise sanitaire

L'année 2022 encore marquée par une forte surmortalité

L'Insee a révélé hier les chiffres de la mortalité dans le pays en 2022. Elle constate qu'il y a eu l'an dernier plus de 50 000 décès supplémentaires que ceux « attendus », ce qui semble s'expliquer davantage par la grippe et la canicule que par les derniers effets de l'épidémie de covid-19. 

Par Franck Lemarc

Chaque année, l’Insee publie en milieu d’année une étude sur la mortalité de l’année précédente. Elle calcule, d’une part, le nombre de décès « attendus », et, d’autre part, compare ce chiffre aux décès réellement constatés. Le calcul des décès attendus se fait à partir d’un grand nombre de données, allant des moyennes constatées les années précédentes hors événements exceptionnels à l’évolution de l’espérance de vie. 

Résultat, selon l’étude publiée hier par l’institut : en 2022, il était « attendu »  621 000 décès environ ; et il s’en est réellement produit 675 000, soit presque 59 000 de plus.

Cela fait trois ans maintenant, depuis 2020, que la courbe des décès constatés dépasse très largement celle des décès attendus. Cela s’expliquait évidemment, en 2020 et 2021, par l’épidémie de covid-19. En 2022, d’autres « facteurs inhabituels »  sont intervenus. 

Grippe et canicule

Le covid-19 continue tout de même de tuer : selon les estimations de l’Insee, la maladie a tué quelque 38 000 personnes en 2022. Ce chiffre est en nette  baisse par rapport à 2021 (59 100 morts dues au covid-19), grâce à la vaccination et à l’immunité collective. Et il ne suffit pas à expliquer la surmortalité constatée. Étonnamment, cette surmortalité a d’ailleurs été supérieure l’an dernier à celle constatée les deux années précédentes, pourtant marquées par l’épidémie. On se rappelle par exemple qu’en 2020, les instituts de statistiques ont constaté à la fois une forte hausse de la mortalité due au covid-19, mais, en même temps, une diminution des décès dus à d’autres causes. Les confinements ont, par exemple, fait drastiquement baisser la mortalité sur les routes, et le port généralisé du masque a permis d’éviter bon nombre de contaminations par d’autres maladies que le covid-19, en particulier la grippe. 

À l’inverse, en 2022, « ce sont les décès dus à d’autres causes que le covid-19 qui ont augmenté ». Cette année a connu, de manière inhabituelle, deux épisodes de grippe en mars-avril et en décembre – sans que cette fois le masque fasse obstacle à sa propagation. Par ailleurs, les fortes chaleurs de l’été 2022 ont occasionné, de façon directe, 2 800 décès (contre 200 en 2021), et probablement plus encore de façon indirecte. 

Enfin, l’année 2022 a pu, estime l’Insee, connaître un phénomène de surmortalité tardive liée aux conséquences de l’épidémie : les reports d’opération ou la baisse du dépistage d’autres maladies, provoqués en 2020 par l’épidémie de covid-19, ont probablement eu des conséquences jusqu’en 2022. Ce dernier point explique, selon l’Insee, la hausse notable des décès de personnes âgées de moins de 55 ans. 

L’Insee constate, en 2022, une surmortalité marquée chez les jeunes femmes (+ 16 % chez les 15-34 ans). Chez les hommes du même âge, elle a été de 8 %. « Environ 6 900 décès de femmes ou d’hommes âgés de 15 à 34 ans ont eu lieu en 2022, soit 600 de plus qu’attendu. »  Les accidents de la route, en forte augmentation cette année-là, y ont contribué, mais de façon marginale (109 décès sur l’année dans cette classe d’âge). « Néanmoins, ils sont loin d’expliquer entièrement la hausse de la surmortalité à ces âges, qui est donc due à d’autres facteurs », qu’il reste à présent à déterminer. 

Mortalité routière :  retour à 2019

Le ministère de l’Intérieur a, par ailleurs, récemment publié le bilan définitif de la mortalité routière en 2022, constatant que les chiffres sont revenus à ceux d’avant la crise sanitaire. Les conditions exceptionnelles liées à la crise sanitaire et aux confinements ont conduit le ministère à établir ses comparaisons non pas entre 2022 et 2021 mais entre 2022 et 2019, pour partir de données objectivement comparables. 

L’année 2022, marquée par « la fin des restrictions de déplacement et des obligations de télétravail », a logiquement vu le nombre de morts sur les routes s’élever fortement par rapport à 2021 (+ 11 %). Mais si l’on se réfère à 2019, la hausse n’est que de 0,7 %. 

Il y a eu, en 2022, un total de 3 267 morts par accident de la circulation, et 236 834 blessés. Parmi les éléments les plus préoccupants qui ressortent de ce bilan, on retiendra la hausse de 31 % de la mortalité des cyclistes (245 tués en 2022), y compris hors agglomération. Les utilisateurs d’EDPm (engins de déplacement personnel motorisés, c’est-à-dire les trottinettes électriques, gyropodes et autres overboards) connaissent aussi une forte hausse de la mortalité (35 morts en 2022 contre 10 en 2019). 

Ces chiffres sont toutefois à rapporter à la hausse exponentielle des usages du vélo et des EDPm : il n’apparaît pas illogique que l’accidentalité soit en forte hausse dans la mesure où le nombre d’usagers du vélo, par exemple, dans les villes, a parfois décuplé après la crise du covid-19. 

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