Les statistiques ne mentent pas. Le 6 mars, Guillaume Rozier, fondateur du site CovidTracker, constatait sur Twitter : « La baisse du nombre de cas positifs s’est essoufflée, elle pourrait devenir nulle dans les prochains jours. »  Le lendemain : « Le nombre de cas publié aujourd’hui est en légère hausse (+ 6 %) par rapport à la semaine dernière. On pourrait assister à un début de reprise épidémique. »  Il recevait alors une avalanche de commentaires haineux sur le réseau social, le traitant « d’oiseau de mauvais augure »  pour les plus aimables. 

Sauf que depuis, la tendance n’a fait que se renforcer, au point qu’en une quinzaine de jours, le nombre cas détectés a triplé, alors même que le nombre de tests a largement diminué depuis janvier. 

Les chiffres

Le 15 mars, plus de 105 000 nouveaux cas étaient repérés. Hier, plus de 140 000. Le taux d’incidence national a repassé hier la barre des 1000 cas pour 100 000 habitants et le taux de positivité, très élevé et en forte hausse, s’établissait hier à 25,4 %. En moyenne glissante sur une semaine, le nombre de cas positifs est en hausse de presque 40 % sur les sept derniers jours. 

Les régions les plus touchées par cette nouvelle hausse (on n’ose encore l’appeler « sixième vague » ) sont la façade est du pays (taux d’incidence de 1615 en Moselle et 1547 dans le Bas-Rhin) et la Bretagne (1675 dans le Finistère, 1632 dans les Côtes-d’Armor). 

La hausse du nombre de cas ne se traduit pas, ou pas encore, sur le front hospitalier : conséquence de la baisse très rapide du nombre de cas pendant tout le mois de février, le nombre de personnes présentes en soins critiques est encore en baisse de 10 % sur les sept derniers jours. Mais cela ne devrait hélas pas durer : les admissions repartent à hausse (+ 3 % sur les sept derniers jours), et dès lors que leur nombre sera supérieur à celui des sorties, le chiffre des patients en réanimation risque de repartir à la hausse. 

Ce qui se passe chez nos voisins européens montre que le sous-variant BA2, 30 % plus contagieux qu’Omicron, y est aussi responsable d’une nouvelle poussée de l’épidémie. Aux Pays-Bas et au Danemark, la poussée a été rapide mais assez courte (les indicateurs sont repartis à la baisse). En Autriche, la vague est encore plus forte que celle du mois de janvier et ne fléchit pas encore réellement. 

Reste que selon les prévisions de l’Institut Pasteur, il est envisageable d’atteindre le pic de cette nouvelle flambée dès le début du mois d’avril, c’est-à-dire la semaine prochaine. 

Retour du masque dans certaines écoles

La situation semble néanmoins préoccuper l’exécutif, d’autant plus qu’entre la levée presque totale des restrictions sanitaires le 14 mars et la situation dramatique en Ukraine, la question de l’épidémie n’est plus, et de loin, la première préoccupation des Français. 

Mais au vu de l’évolution de la situation, un certain nombre d’établissements scolaires ont déjà demandé aux élèves et aux enseignants de remettre le masque, en raison d’une poussée des contaminations chez les élèves (décision qui ne peut prendre la forme que d’une recommandation, l’obligation dépendant a minima d’un arrêté préfectoral). Le nombre de classes fermées repart à la hausse (3 184 en fin de semaine dernière contre 2 693 une semaine plus tôt) après plusieurs semaines de baisse. 

Emmanuel Macron, mercredi soir, sur M6, n’a pas éludé la possibilité d’un nouveau durcissement, même à la veille des échéances électorales. Interrogé sur un possible retour du masque obligatoire, il a déclaré : « Je vais être très transparent : si les choses devaient se dégrader, et même pendant l’élection, le président que je suis fera ce qu’il faut pour protéger de manière proportionnée. » 

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