« L'épidémie n'est pas terminée ! », alerte le Conseil scientifique
Par Franck Lemarc
On pourrait presque croire que l’épidémie n’a jamais existé : en quelques jours, les masques ont quasiment disparu de l’espace public, la présentation du pass vaccinal a été abandonnée, la « distanciation sociale » appartient déjà au passé.
Pourtant, le Conseil scientifique a voulu insister, dans sa dernière note, sur le fait que l’épidémie se poursuit et que ni Omicron ni son sous-variant BA2 (plus transmissible d’environ 30 %) ne doivent être considérés comme bénins.
Rebond
À ceux qui pensent qu’avec Omicron, tout danger est écarté et qu’une contamination n’est guère plus grave qu’un rhume, le Conseil scientifique répond par la brutalité des chiffres : depuis qu’Omicron est arrivé sur le territoire, à la mi-décembre 2021, il a tué 18 000 personnes. Rappelons que la grippe tue, en moyenne, environ 9 000 personnes par an. Le variant Omicron a fait donc en deux mois et demi deux fois plus de morts que la grippe en fait sur une saison.
La circulation virale, rappellent les experts, reste également particulièrement élevée, avec plus de 50 000 cas diagnostiqués chaque jour (et même plus de 60 000 ces derniers jours, les contaminations étant en hausse de 25 % sur une semaine). Mais le Conseil scientifique explique que le « très haut niveau de vaccination » a permis « de limiter l’impact hospitalier de ces nombreuses contaminations ». Les experts rappellent que 53,2 millions de personnes ont reçu deux doses de vaccin et 39 millions trois doses. Quatre millions de personnes adultes n’ont, en revanche, reçu aucune dose.
La reprise épidémique constatée depuis le début mars s’explique à la fois, explique le Conseil, par « le relâchement des mesures de protection », l’émergence du sous-variant BA2, la diminution relative de la protection apportée par la dose de rappel et le brassage de population provoqué par les vacances scolaires.
Si le nombre d’hospitalisations est en nette baisse, le Conseil scientifique prévoit une nouvelle augmentation, mécanique, dans les jours à venir. Cette augmentation ne sera toutefois que « transitoire ».
Le relâchement supplémentaire amené par la fin des mesures de restriction, depuis lundi 14 mars (lire Maire info de ce jour), va forcément amener une accélération de l’augmentation des cas. Le Conseil dévoile plusieurs scénarios, dont le plus pessimiste prévoit un retour à 200 000 cas par jour en avril
Le Conseil constate par ailleurs, outre-mer, une situation « contrastée » : « En Martinique, l’incidence a doublé en une semaine et est remontée au-dessus de 2 000/100 000, en Guadeloupe l’incidence est remontée de 10% cette semaine et atteint 556/100 000 ». L’incidence est également en hausse à La Réunion, où le taux d’incidence dépasse à nouveau les 1000 depuis hier.
Quatrième dose pour les personnes âgées
Face à cette situation, le Conseil livre un certain nombre de recommandations. À commencer par « l'importance de la conservation des mesures de protection chez les plus âgés, fragiles, et immunodéprimés ». Il insiste également sur l’utilité que peut continuer de revêtir le port du masque « dans les lieux fermés », et appelle à laisser les personnes qui le souhaitent continuer à le porter « sans ostracisation ».
Les scientifiques proposent également, pour les patients à risque, de « faciliter l’accès précoce au traitement oral par le Paxlovid », y compris s’ils sont déjà vaccinés. Ils appellent enfin à « poursuivre l’effort de vaccination » et proposent de mettre en place une campagne de « 4e dose vaccinale » pour les résidents des Ehpad et les plus de 80 ans, voire les personnes de 65 à 79 ans. La perte de l’immunité conférée par la dose de rappel semble en effet plus rapide chez les personnes âgées. « Pour les populations plus jeunes, une 4e dose de vaccin n’est pas indiquée », ajoutent les scientifiques, qui demandent, en revanche, une « accélération de la vaccination des enfants de 5 à 11 ans avec facteur de risque médical », soulignant que « seuls 20 % d’entre eux sont vaccinés ».
En conclusion, le Conseil scientifique évoque le cas des réfugiés ukrainiens et rappelle que ce pays connaît un « faible taux de vaccination », aux alentours de 30 %. Il paraît donc nécessaire de veiller à ce que les réfugiés puissent bénéficier de la vaccination, qui pourrait être effectuée par les ONG chargées d’organiser l’accueil.
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