Maire-info
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Édition du vendredi 23 février 2024
Santé publique

Crise des urgences : le ministre de la Santé soutient « modérément » la création d'une commission d'enquête

Des députés et des organisations du monde de la santé souhaitent la création d'une commission d'enquête sur la crise des urgences depuis près de six mois, à travers une proposition de résolution qui n'a toujours pas été mise à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale.

Par A.W.

Six députés et une cinquantaine d’organisations du monde de la santé ont adressé, mercredi, un courrier à la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, pour qu’elle mette à l’ordre du jour une proposition de résolution visant à mettre sur pied une commission d'enquête sur la crise des urgences afin d’estimer les « pertes de chances pour les patients ».

Un texte en souffrance depuis le mois de septembre dernier. Déposé initialement par le député LFI Damien Maudet, avec le soutien d’une centaine de députés de différents bords, il ne peut être examiné par l’Assemblée.

Estimer « les pertes de chances » 

Cette commission d’enquête aurait ainsi pour rôle d'estimer « les pertes de chances pour les patients »  dues aux « fermetures des services d’urgence, des maternités et du manque de personnel ».

« Depuis la crise sanitaire, tout s’aggrave. Depuis la crise sanitaire, l’hôpital est en crise sanitaire permanente. La moindre épidémie, pourtant récurrente et anticipable, fait replonger le système hospitalier dans une situation de tension insoutenable pour les soignants qui y travaillent. Une grippe, une bronchiolite, peuvent noyer l’hôpital », déplorent ainsi les signataires, en estimant que le pays doit désormais affronter « des hivers et des étés de crise permanente ».

Citant le cas d’enfants et de nourrissons atteints de bronchiolite « transportés par les services de Smur jusqu’à 200 km de leur domicile, faute de place en réanimation », des services d’urgences fermés, « souvent la nuit, parfois le jour, faute de personnel en nombre suffisant pour les maintenir ouverts », tout comme des maternités, les députés rappellent également les chiffres du syndicat Samu Urgences de France qui, estimait qu’en décembre 2022, « 150 personnes étaient décédées sur des brancards faute de prise en charge du fait du manque de lits et de personnel ».

Résultat, à leurs yeux, le système de santé français serait « en train de s’effondrer ». C’est « tout le système hospitalier (qui) est pris dans un cycle infernal : les conditions de travail des soignants se dégradent et ne leur permettent pas de soigner leurs patients correctement »  entraînant des « pertes de chance faute de prise en charge adéquate ». Sans compter que « les soignants à bout quittent l’hôpital, et les conditions de travail de ceux qui restent ne cessent de se dégrader ».

Les urgences sont « une toute petite partie du problème » 

Pointant un premier quinquennat d’Emmanuel Macron qui aura acté « la fermeture de 21 000 lits d’hôpitaux pour raisons financières », ils déplorent que « le deuxième quinquennat poursuit sur cette lancée austéritaire, et pousse toujours plus loin la destruction de notre système de santé ». Raisons pour lesquelles la création d’une commission d’enquête serait nécessaire.

Une demande qui n'est, toutefois, que « modérément »  soutenue par le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, qui « ne l'aurait pas rédigée comme ça ».

Saluant cette démarche « transpartisane »  qui vise « à mettre plus en lumière les tensions du système de santé », il a estimé hier, sur France Bleu que l’on « prend le sujet un peu par le petit bout de la lorgnette alors qu’il est plus global que ça ».

Selon lui, le problème proviendrait du « système de santé dans sa globalité »  et ne « poser la question (que) des urgences, c'est poser une toute petite partie du problème ».

« Si les urgences ont vu leur fréquentation doubler en 30 ans, s'il y a de telles tensions aux urgences, c’est bien parce que ça dysfonctionne par ailleurs », a expliqué Frédéric Valletoux, assurant ne pas vouloir « qu'on concentre les critiques sur l'hôpital comme s'il était le seul maillon faible d'un système qui est en difficulté à tous les étages ».

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