Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mardi 19 mars 2019
Crise des gilets jaunes

Après les violences, Édouard Philippe annonce l'interdiction de manifester dans certains quartiers

Manifestations interdites sur les Champs-Élysées, le préfet de police de Paris limogé et remplacé, des contraventions alourdies et des moyens nouveaux promis aux forces de l’ordre. Quarante-huit heures après les manifestations marquées par de graves violences dans la capitale, le Premier ministre, Édouard Philippe, a annoncé, hier, une batterie de mesures pour y répondre.
« Les événements survenus à Paris samedi dernier, en particulier sur les Champs-Elysées, sont intolérables », a-t-il fermement souligné, les qualifiant « d’actes criminels », estimant que ceux qui les avaient perpétrés n’étaient « pas des manifestants, mais des émeutiers, se regroupant sous forme de black-blocs, dont l’unique intention était de piller, d’incendier, de détruire, de blesser ».

Des interdictions de manifester « en concertation avec les maires » 
Assurant que l’exécutif allait « continuer de protéger le droit de manifester », le Premier ministre a souligné qu’il n’y aurait « rien de changé »  concernant les manifestations « déclarées et pacifiques ». En revanche, pour les autres, notamment celles comprenant des « militants des mouvances ultra », Édouard Philippe a décidé de « renforcer la fermeté »  et d’interdire « les manifestations se revendiquant des Gilets jaunes dans les quartiers qui ont été les plus touchés ».
Et le Premier ministre de citer, d’ores et déjà, les Champs-Élysées à Paris, la place Pey-Berland à Bordeaux et celle du Capitole à Toulouse. Ces interdictions se feront « en concertation avec les maires concernés », a-t-il précisé, alors qu’il doit recevoir aujourd’hui les édiles de ces trois communes.
Pour y parvenir, Édouard Philippe a décidé d’accorder une « plus grande autonomie »  aux forces de l’ordre, « transformer les détachements d’action rapide en unités anticasseurs »  et à recourir à des moyens nouveaux, tels que les drones ou les produits marquants. En parallèle, le montant de la contravention encourue à une manifestation interdite passera de 38 euros à 135 euros.
« Nous procéderons à la dispersion immédiate de tous les attroupements », a ainsi promis Édouard Philippe, reconnaissant, toutefois, lors du journal télévisé de France 2 que « si nous avons une stratégie qui permet aux forces de l’ordre d’être plus mobiles, d’être plus dynamiques, d’être plus fermes, il y a plus de risques »  de blesser des manifestants.
Des mesures visant donc à ne pas renouveler « les dysfonctionnements »  de ce samedi, conséquence d’une stratégie qui « n’a pas été correctement exécutée ». Alors que celle-ci avait « permis d’obtenir des résultats, dès le 8 décembre », a souligné le Premier ministre, « les polémiques sur l’usage des lanceurs de balle de défense ont conduit à ce que des consignes inappropriées soient passées pour réduire leur usage », affectant « la mobilité et la réactivité des forces de l’ordre […] dans la conduite des opérations ». Pour y remédier, le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, a été limogé et sera remplacé par le préfet de la Nouvelle-Aquitaine, Didier Lallement, afin de mettre en place la nouvelle stratégie du gouvernement.

Les mesures de soutien aux commerçants renforcées
De plus, Édouard Philippe a demandé au ministre de l’Intérieur de « saisir systématiquement la justice »  à l’encontre d'« un certain nombre de personnalités [qui] ont encouragé et légitimé les violences »  en utilisant l’article 40 du Code de procédure pénale.
Les mesures de soutien aux commerçants listées dans une circulaire rendue publique hier (lire Maire info du 18 mars) seront également « renforcées ». Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, s’est engagé, hier, à faire en sorte qu’aucun commerçant ne soit acculé à la faillite en raison des dégradations liées aux manifestations.
À ce sujet, les chiffres divergent, mais les dégradations sont considérables. Selon la Chambre de commerce et d'industrie de Paris et d'Ile-de-France, 91 commerces ont été touchés à Paris en marge de l'acte XVIII des Gilets jaunes, notamment sur les Champs-Élysées « où la très grande majorité des commerces »  ont été atteints. Parmi eux, 80% auraient été assez lourdement touchés (casse, vols, incendies...). Selon Édouard Philippe, ce sont 27 commerces qui ont été « pillés »  et 124 « dégradés ».
À noter que les ministres de l’Intérieur et de l’Économie doivent être auditionnés, aujourd’hui, par les commissions des lois et des affaires économiques du Sénat, pour s’expliquer sur les violences « d'une réelle gravité »  qui ont émaillé la manifestation des Gilets jaunes de ce samedi à Paris.
A.W.

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