Covid-19 : tout savoir sur les zones d'alerte et leurs restrictions
Face à la dégradation de la situation épidémiologique dans certains territoires, le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, a annoncé, hier soir, de nouvelles restrictions pour les deux prochaines semaines dans les 69 départements classés en zone d’alerte (ou zone rouge). Les plus drastiques s’appliqueront, dès samedi, dans la métropole Aix-Marseille et en Guadeloupe, deux territoires classés en « zone d’alerte maximale ». Ce qu’il faut retenir.
« La circulation du virus atteint dans certains territoires des niveaux tels que les conséquences sanitaires, et en particulier le niveau de tension hospitalière, exigent que nous prenions des mesures supplémentaires ». Le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, a donné le ton de son allocution d’entrée de jeu hier, lors de son rendez-vous hebdomadaire avec la presse. De nouvelles restrictions qui s’appliqueront selon que les territoires sont classés en « zone d’alerte » (qui correspondait à l’ancienne zone rouge), en « zone d’alerte renforcée », en « zone d’alerte maximale » ou, dans le pire des scénarios, en « état d’urgence sanitaire ». Plusieurs nuances de rouge, en somme. Ce nouveau classement a été établi à partir de trois indicateurs : le taux d’incidence en population générale, le taux d’incidence chez les personnes âgées (65 ans et plus) et la part des patients dans les réanimations.
« Zone d’alerte »
Soixante-neuf départements sont, désormais, classés en zone rouge, rebaptisée zone d’alerte. Si le taux d’incidence, c’est-à-dire le nombre hebdomadaire de contaminations au covid-19, a franchi, dans ces départements, le seuil critique des 50 cas pour 100 000 habitants, « il n’y a pas de circulation intense du virus chez les personnes âgées et un impact qui n’est pas fort sur les réanimations », a, dans un premier temps, rassuré Olivier Véran.
D’ici lundi toutefois, les rassemblements, tels que les mariages, les tombolas, les anniversaires, les communions, les événements associatifs dans les salles polyvalentes ou les salles des fêtes, seront limités à 30 personnes. Les mariages prévus ce samedi ne devraient donc pas être concernés par cette réduction de seuil. D’autres mesures restrictives pourront être prises par le préfet, en concertation avec les élus locaux.
11 métropoles en « zone d’alerte renforcée »
Dans les zones « d’alerte renforcée », deuxième degré d'alerte, on constate, au contraire, que le virus circule « très fortement », y compris chez les personnes âgées, et que les dommages sur le système de santé se font sentir. « Le taux d’incidence est supérieur à 150 cas pour 100 000 et supérieur à 50 cas pour 100 000 chez les personnes âgées ».
C’est pourquoi, dès samedi, de nouvelles restrictions s’imposeront dans les métropoles de Bordeaux, Lyon, Nice et désormais Lille, Toulouse, Saint-Étienne, Rennes, Rouen, Grenoble, Montpellier, Paris et les départements de la petite couronne. La jauge des rassemblements sera portée à 1 000 personnes (salons professionnels par exemple). Les grands événements déclarés, comme les fêtes locales ou les fêtes étudiantes, et les rassemblements de plus de 10 personnes dans les parcs ou les plages seront, quant à eux, interdits.
Dès lundi, les bars fermeront au plus tard à 22 heures (l’horaire de fermeture est décidé par le préfet en concertation avec les élus). Les salles des fêtes et les salles polyvalentes ainsi que les salles de sport et les gymnases, lieux de contamination importants, seront, eux aussi, fermés. Olivier Véran n’a pas dit, en revanche, quel sort sera réservé aux piscines.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, a fait part de son « désaccord » et apporté son « soutien » aux cafetiers et restaurateurs. Une réunion téléphonique était prévue ce matin à 11h30 entre Bruno Le Maire, ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance, Alain Griset, ministre délégué aux PME, et les représentants des secteurs de l'hôtellerie et de la restauration. Les représentants de l'événementiel et des salles de sport étaient également conviés pour dégager des solutions.
Dans ces 11 métropoles, par ailleurs, « le télétravail doit être favorisé autant que possible, en particulier pour les publics vulnérables », a ajouté Olivier Véran. Dans les établissements d’hébergement des personnes âgées dépendantes (Ehpad), les visites sur rendez-vous vont être rétablies et une politique de dépistage sera mise en place. Pour les personnes âgées vivant à domicile, un numéro d’écoute contre l’isolement a été créé par la Croix-Rouge : 09 70 28 30 00.
D’ici la semaine prochaine, si la situation ne s’améliore pas, Tours, Strasbourg, Dijon et Clermont-Ferrand pourraient rejoindre la liste des métropoles classées en « zone d’alerte renforcée ».
Aix-Marseille et la Guadeloupe en « zone d’alerte maximale »
Les mesures les plus drastiques s’appliqueront, dès samedi, à Aix-Marseille (2 millions d'habitants) et en Guadeloupe, deux territoires classés en « zone d’alerte maximale ». Dans ces territoires, « la situation épidémique peut être qualifiée d’extrêmement tendue, avec des conséquences déjà lourdes sur le système de santé ». Le taux d’incidence y est, en effet, supérieur à 250 cas pour 100 000 habitants, supérieur à 100 cas pour 100 000 habitants chez les personnes âgées, et la part de patients covid en réanimation est au moins égale à 30 %.
Dès samedi, dans ces territoires, les bars et les restaurants baisseront le rideau pour deux semaines au moins, tout comme l’ensemble des établissements recevant du public « sauf s’il existe un protocole sanitaire strict déjà mis en place ». De cette façon, les lieux culturels, comme les théâtres, les musées, les cinémas ne devraient pas être concernés par l’obligation de fermeture. Dernière information importante livrée par Olivier Véran hier soir : « Quelle que soit la zone territoriale concernée, nous avons pris la décision que les enterrements ne seraient pas concernés par une restriction ou une interdiction ».
La colère des élus locaux
Ce matin, le premier adjoint de Marseille, Benoît Payan, a dénoncé un « affront » après l'annonce « sans concertation » par le gouvernement de « restrictions incroyables » pour lutter contre le covid-19, et réclamé un délai de 10 jours avant la mise en oeuvre de nouvelles mesures. « Les Marseillais s'adaptent, se restreignent, se contraignent, la ville de Marseille a su répondre » à la crise sanitaire, a aussi pointé Benoît Payan, assurant que les mesures mises en oeuvre avaient « commencé à porter leurs fruits » et évoquant pour Marseille « le taux de contamination le plus bas de France ». Le ministre de la Santé a bien évoqué, hier, un « frémissement » à Marseille, s'agissant de la courbe d'incidence et d'un certain nombre d'indicateurs depuis quelques jours, mais a précisé qu'il fallait « un temps long pour considérer qu'un territoire est en train de gagner la bataille contre la circulation du virus : 3-4 jours de stabilisation ne suffisent pas à considérer qu'on est véritablement sur la bonne voie. Il faut au moins 10 à 15 jours ».
Sur la forme, l'AMF a dénoncé, dans un communiqué publié aujourd'hui, « une méthode autoritaire, solitaire et non concertée qui constitue un retour en arrière sur l'esprit de concertation qui a prévalu entre l'Etat et les maires depuis le déconfinement (...) Les maires ne sont pas des supplétifs que l'on siffle ou que l'on sonne pour qu'ils entérinent en silence des décisions dont la pertinence mérite au moins d'être questionnée au préalable, poursuit l'association présidée par François Baroin. Ce dernier demande au Premier ministre de recevoir une délégation de l'AMF « pour s'entretenir de la gestion de la crise dans les territoires. »
Chiffres à retenir
Taux d’incidence national (au 23 septembre 2020) : près de 95 cas (94,87) pour 100 000 habitants (contre 83 cas pour 100 000 habitants la semaine dernière). « Nous dépasserons les 100 cas pour 100 000 habitants dans les prochaines heures ou les prochains jours », selon Olivier Véran.
Taux de reproduction du virus (facteur R) : toujours supérieur à 1 (1,05-1,07)
Taux de positivité des tests : 6,14% (contre 5 % la semaine dernière).
Part de patients covid-19 dans les réanimations : 19 % au niveau national.
Situation en Île-de-France : la part d’activité liée au covid-19 a doublé en 15 jours, de 2,2 % à 4 % de l’activité des urgences. « On peut s’attendre à ce que 40 % des capacités régionales de réanimation soient utilisées pour des patients covid d’ici au 10 octobre, 60 % vers le 25 octobre, 85 % aux alentours du 11 novembre », note Olivier Véran.
Ludovic Galtier
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