Covid-19 : la deuxième vague ne sera pas la dernière, prédit le Conseil scientifique
Sur le front de l’épidémie de covid-19, il faut s’attendre à de « nombreux mois avec une situation extrêmement difficile ». Tirée du dernier avis du Conseil scientifique, publié vendredi soir, cette douloureuse projection fait état de « plusieurs vagues successives », après la deuxième en cours, « durant la fin de l’hiver/printemps 2021 » et « jusqu’à l’arrivée des premiers vaccins et/ou traitements prophylactiques » prévue au mieux dans le courant du deuxième semestre 2021.
La deuxième vague, potentiellement « plus sévère que la première », ne serait donc pas la dernière. Pour répondre à « l’emballement de l’épidémie », le Conseil scientifique préconisait, lundi dernier au gouvernement, soit une extension du couvre-feu, « pouvant aboutir à un confinement », et des mesures d’accompagnement des 22 millions de Français les plus fragiles ; soit « un confinement aménagé » à l’irlandaise.
9 000 lits en réanimation occupés au pic de la deuxième vague ?
C’est cette dernière option qu’a finalement privilégiée Emmanuel Macron, sans attendre le bilan des couvre-feux instaurés dès le 17 octobre, dans son allocution du 28 octobre. Il s’agit, selon la définition du Conseil scientifique, « d’un confinement s’appliquant à tous, à l’exception des personnes participant à des activités jugées prioritaires. Ces activités pourraient inclure les activités scolaires et un grand nombre d’activités économiques, de manière à limiter les conséquences délétères de l’épidémie, écrit le Conseil, présidé par Jean-François Delfraissy. Ces mesures devraient être assorties d’une organisation collective adaptée, incluant en particulier un recours accru au télétravail et des enseignements exclusivement à distance, dans l’enseignement supérieur et les universités ». Le télétravail devra notamment « être mieux accompagné par les DRH des entreprises, que lors de la première vague, car il risque de s’inscrire dans la durée ».
Un argument du Conseil a sans doute suffi à convaincre Emmanuel Macron d’agir vite : « Un confinement classique commençant le 29 octobre se traduirait par un besoin de 6 000-7 200 lits de soins critiques au pic épidémique au niveau national tandis qu’un confinement commençant le 6 novembre se traduirait par un besoin de lits de soins critiques de 8 900-11 000 si on considère la dynamique de croissance des hospitalisations observées durant les 14 derniers jours de données. » Une note de l’Institut Pasteur, publiée par Le Monde, n’est guère plus optimiste. Elle « révèle que dans le pire des scénarios, jusqu’à 9 000 malades atteints du covid-19 pourraient être hospitalisés en réanimation au pic épidémique, autour de la mi-décembre – contre plus de 7 100 lors de la première vague, le 8 avril. »
Le retour du couvre-feu après le 1er décembre ?
Censé s’appliquer jusqu’au 1er décembre (avec un premier point d’étape le 12 novembre), ce « confinement aménagé », dont l’objectif est de ramener le nombre de contaminations quotidiennes à « 5 000 à 8 000 maximum » (il y en avait encore 46 290 hier), pourrait être suivi d’un couvre-feu sanitaire, propose le Conseil scientifique sans préciser l’amplitude horaire qu’il couvrirait. Celui-ci « préserverait davantage qu’un confinement certaines activités économiques et sociales, limitant d’autant les effets délétères de l’épidémie » comme l’accroissement de la pauvreté et des inégalités sociales. « L’impact de mesures de confinement qui pourraient être prises ne seront visibles qu’au moins 15 jours après leur mise en œuvre ». Pour l’instant, ni Emmanuel Macron ni le Premier ministre Jean Castex, encore interrogé hier soir dans le 20 Heures de TF1, n’ont évoqué cette possibilité.
Le « relatif échec » de la stratégie « Tester, tracer, isoler »
D’ici-là, le Conseil scientifique invite le gouvernement à « tirer des leçons du relatif échec de la stratégie « Tester, tracer, isoler » durant la période de mai à septembre 2020 », tout en maintenant que ce triptyque, dont la vocation est de repérer au plus vite les cas pour les isoler du reste de la population, est « la seule stratégie, couplée aux mesures de distanciations physiques, qui permet un contrôle possible de la circulation virale ».
Les moyens accordés plus particulièrement à la partie « tracer, isoler » doivent être « largement augmentés », note le Conseil. Cela impliquerait le renforcement des effectifs humains dédiés aux brigades sanitaires et à la mise en place de l’application mobile TousAntiCovid, qui a succédé à StopCovid le 22 octobre (lire Maire info du 26 octobre). Le conseil recommande aussi que les tests antigéniques puissent être réalisés de façon large en dehors des laboratoires de biologie.
S’agissant des établissements scolaires, dont il a été décidé qu’ils resteraient ouverts pendant le confinement, le Conseil se prononce en faveur d’une « surveillance » des écoles, des collèges et des lycées « reposant sur les tests d’infection active (RT-PCR ou tests antigéniques) ou les tests sérologiques (personnels enseignants et élèves) » afin de « s’assurer que les établissements scolaires et universitaires ne deviennent pas un haut lieu de circulation du virus ». Dans un souci d’acceptation des mesures par les citoyens, le Conseil scientifique renouvelle enfin sa proposition de créer un « Comité de liaison citoyen » pour « s’appuyer sur une vision issue de la société civile et non pas seulement sur les orientations données par les experts pour éclairer les décisions des autorités ».
Ludovic Galtier
Télécharger l’avis du Conseil scientifique.
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
Fermeture des commerces de proximité : « l'incompréhension » des maires
La compensation des pertes de recettes des collectivités sera bien moindre que prévu
« Urgence attentat » : ce que signifie le passage du plan Vigipirate au niveau maximumÂ