Covid-19 : Emmanuel Macron annonce « de nouvelles mesures » dans les prochains jours
La traditionnelle conférence de presse du jeudi a été tenue, hier, par le ministre de la Santé, Olivier Véran, et non par le Premier ministre – signe désormais rituel qu’aucune mesure d’importance ne serait annoncée. Comme l’avait déjà dit, la veille, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran a confirmé que l’Aube, le Rhône et la Nièvre passeraient en vigilance maximum, comme 16 autres départements avant eux, demain soir à minuit. Pour ces trois départements, donc, fermeture des commerces non essentiels, interdiction des voyages interrégionaux et légères restrictions sur les déplacements pour les citoyens – sans que l’attestation soit toutefois nécessaire pour les « promenades » à moins de 10 km de chez soi.
Un tiers du pays sous surveillance renforcée
« La situation épidémique n’est pas bonne », a bien dû reconnaître le ministre, qui a annoncé que plus de 45 000 personnes avaient été contaminées ces dernières 24. Il faut se rappeler, en lisant ces chiffres, que le gouvernement avait fixé, à l’automne dernier, la barre à 5 000 contaminations par jour pour permettre le déconfinement…
Le nombre de départements placés en « vigilance renforcée » – la dernière étape avant des mesures de semi-confinement – ne cesse d’augmenter : ils sont désormais 21 (Alpes-de-Haute-Provence, Hautes-Alpes, Bouches-du-Rhône, Var, Ardennes, Marne, Meurthe-et-Moselle, Meuse, Moselle, Ain, Drôme, Isère, Loire, Savoie, Eure-et-Loir, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Jura, Lozère et Orne). Dans la plupart de ces départements, le taux d’incidence approche ou dépasse les 300 cas pour 100 000 habitants.
C’est donc plus d’un tiers des départements du pays qui est concerné par une accélération préoccupante de l’épidémie.
Emmanuel Macron : changement de ton
Si le ministre de la Santé n’a pas évoqué de nouvelles mesures de restrictions, disant vouloir attendre « 15 jours » pour savoir si celles qui ont été prises seront efficaces, le chef de l’État, lui, lors d’une conférence de presse improvisée en fin de soirée, a changé de ton. S’il assume pleinement les décisions prises jusqu’à présent (« je peux vous affirmer que je n’ai aucun mea culpa à faire, aucun remords, aucun constat d’échec » ), Emmanuel Macron a déclaré, incidemment : « Dans les prochains jours et semaines, nous aurons des nouvelles mesures à prendre. » L’usage du futur est à noter : pas de conditionnel, pas de « si », pas de « peut-être » ni de « sans doute » : le chef de l’État annonce tout simplement un durcissement des mesures, la seule inconnue étant la date du choix.
Quant aux déclarations du président de la République sur le fait qu’il ne se livrera à « aucun constat d’échec », elles seront diversement appréciées par les médecins et les scientifiques qui, depuis plusieurs semaines, estiment que le « pari » fait par le chef de l’État de ne pas confiner en février, à rebours des recommandations du Conseil scientifique, est clairement perdu. Et qu’ils le payent, aujourd’hui, dans les services de réanimation saturés.
La situation s’aggrave dans les établissements scolaires
Les regards se tournent aujourd’hui vers les écoles, plusieurs élus, médecins et organisations syndicales dénonçant « des clusters » qui se développent, notamment dans les collèges et lycées. Hier (lire Maire info du 25 mars), des maires de Seine-et-Marne demandaient déjà que les vacances de Pâques soient avancées et les écoles fermées. Dans le Nord, le syndicat enseignant Snes-FSU demandait hier, dans un communiqué, « mais qu’attend le rectorat ? ». « Dans certains établissements, jusqu’à 6 classes sont fermées pendant que le reste de l’établissement continue de tourner tant bien que mal », dénonce le syndicat. « Le déni ne règle pas les problèmes et contribue à la propagation de l’épidémie », poursuit le Snes du Nord, qui demande a minima « la fermeture des établissements devenus des foyers épidémiques » et le passage en demi-groupe dans tous les établissements, « collèges compris ».
Jean Rottner, président de la région Grand est, a embrayé sur le même terrain ce matin en twittant : « Dans la région Grand est, 11 mars : 27 classes fermées. 18 mars : 355 classes fermées. On peut donc affirmer qu’il commence à y avoir un sujet. »
Selon les chiffres du ministère lui-même – ce sont des chiffres datant d’une semaine et ceux qui seront livrés ce soir seront, mécaniquement, pires – près de 15 500 élèves ont été contaminés la semaine du 11 au 19 mars, ce qui est plus qu’au pire de la deuxième vague (13 870 entre le 13 et le 20 novembre). 105 établissements sont actuellement fermés, et presque 3000 classes.
Les associations d’élus inquiètes
Dans ces conditions, le ministère de l’Éducation nationale « réfléchit » à renforcer encore le protocole sanitaire. En attendant, l’association Régions de France demande ce matin, par voie de communiqué, que « les agents des lycées, collèges et écoles » soient rapidement vaccinés. Le chef de l’État ayant annoncé la vaccination à partir de mi-avril des enseignants, les présidents de régions demandent, au nom de « l’égalité des droits », que ces agents des collectivités aient aussi droit, aux mêmes dates, à la vaccination. « Protégés de la maladie, ils protégeront les jeunes et leurs familles. »
Hier, enfin, François Baroin, président de l’AMF, a lui-même « posé la question » de la fermeture des écoles, estimant, dans un entretien au Figaro, qu’elle ne devait pas être « taboue » – y compris celle des maternelles. « On a perdu beaucoup de temps », regrette le maire de Troyes, dont le département vient de basculer en alerte maximale. « Si j’en avais eu la possibilité, il y a une semaine, j’aurais pris la décision d’établir un confinement strict » à Troyes, souligne le président de l’AMF, qui déplore que depuis l’état d’urgence, les maires n’ont plus la possibilité de prendre certaines décisions : « L’État a récupéré des pouvoirs propres aux maires, et nous n’avons plus le pouvoir d’ouvrir ou de fermer que ce soit un bar ou une école. »
Franck Lemarc
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