Lycées : l'Éducation nationale fait volte-face et privilégie l'accueil en demi-groupes
Même si cette situation ne trouve guère d’écho dans les médias, engloutie sous le reste de l’actualité, la situation est tendue dans les lycées depuis la rentrée. Hier soir, le ministère a annoncé une évolution du protocole sanitaire, qui était réclamée par de nombreux acteurs du monde de l’éducation.
Tentatives de blocages de lycées, grève surprise dans plusieurs établissements, parents très inquiets, proviseurs excédés… Depuis la rentrée des vacances de la Toussaint, lundi dernier, la situation est compliquée dans nombre de lycées, au point que plusieurs syndicats d’enseignants ont appelé à une grève nationale mardi prochain, le 10 novembre.
Outre la confusion qui a régné à propos de l’hommage à Samuel Paty – le ministère ayant changé ses consignes à ce propos vendredi soir – c’est essentiellement la question des effectifs dans les classes qui pose problème. Dans de nombreux lycées, il y a trente élèves par classe et plus, ce qui interdit, de fait, la distanciation physique.
Dès lundi, plusieurs établissements se sont mis en grève pour exiger la possibilité de travailler par demi-groupes ; tandis que les lycéens eux-mêmes, dans plusieurs lycées de Paris notamment, ont tenté de bloquer les établissements avec la même revendication. Les syndicats de chefs d’établissement ont, eux aussi, demandé à ce que les demi-groupes soient mis en place. Du côté des rectorats, la réponse a le plus souvent été une fin de non-recevoir, la consigne du ministère étant, jusqu’à hier, d’assurer au maximum la présence de tous les élèves en cours, en permanence. « Nous n’encourageons pas » la pratique des demi-groupes, disait encore Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, à la veille de la rentrée. Elle n’est pourtant pas interdite par le protocole sanitaire publié avant la rentrée, mais, selon les syndicats enseignants, les recteurs d’académie ont eu la consigne de ne pas aller dans ce sens.
Plan de continuité pédagogique
Tout a changé hier soir avec la publication de plusieurs annonces du ministère. Dans un courrier adressé aux chefs d’établissement, Jean-Michel Blanquer admet que les mesures de distanciation « sont à l’évidence plus difficiles à appliquer au lycée, où les déplacements des élèves sont plus nombreux et plus fréquents, et l'organisation de la restauration scolaire plus complexe ». Si la doctrine ne change pas sur le fond (« tous les élèves doivent travailler pendant la totalité du temps scolaire ordinaire » ), le ministre reconnaît la nécessité, dans certains cas, de mettre en place notamment les demi-groupes : « Il convient désormais que chaque lycée établisse un plan de continuité pédagogique, mis en œuvre jusqu’aux prochains congés scolaires, qui garantisse au moins 50% d'enseignement en présentiel pour chaque élève. » Chaque établissement est laissé libre de s’organiser à sa guise pour atteindre cet objectif, que ce soit en mettant en place les demi-groupes ou « le travail à distance un ou deux jours par semaine », ou encore l’accueil par niveaux (les classes de Seconde ne viennent pas tel jour de la semaine, les Premières tel autre, etc.).
Le ministre a également annoncé, à la surprise générale, la suppression des épreuves communes du bac au bénéfice du seul contrôle continu.
Si plusieurs syndicats ont salué une « prise de conscience » du ministère, tout en regrettant son caractère « tardif », ces annonces ne vont pas résoudre tous les problèmes. Côté enseignants, la situation sera compliquée à gérer, avec la nécessité d’un travail double (chaque cours devant être dispensé une fois en présentiel et une fois en distanciel). Les chefs d’établissement soulignent aussi qu’en dehors des cours eux-mêmes, d’énormes difficultés se posent en matière d’organisation de la cantine, de nettoyage des locaux, etc., – autant de problèmes qui se posent exactement de la même façon dans le primaire. Le problème étant, entre autres, de gérer un absentéisme des agents techniques en forte hausse, qu’il s’agisse de personnes atteintes du virus, cas contact ou personnes à risque. Dans certains établissements, cet absentéisme forcé touche plus de la moitié des agents ! Il est impossible, dans ces conditions, d’assurer le nettoyage régulier des locaux exigé par le protocole sanitaire.
La situation prend de plus en plus des allures de casse-tête. Mais le gouvernement est bien décidé à tout faire pour éviter, en dernier recours, une nouvelle fermeture des établissements, qui non seulement poserait de graves problèmes pédagogiques mais empêcherait, dans bien des cas, les parents de travailler.
En attendant, les syndicats enseignants ont, malgré les annonces d’hier, maintenu leur appel à la grève pour le 10 novembre.
F.L.
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