Maire-info
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Édition du vendredi 16 juillet 2021
Coronavirus

L'épidémie progresse plus vite que lors des précédentes vagues

Alors que l'épidémie croît en France à un rythme de plus en plus inquiétant, obligeant à un retour des restrictions dans certains départements, le Conseil scientifique a donné son accord pour que le « parcours vaccinal » soit considéré comme complet au bout de sept jours après la seconde dose.

Par Franck Lemarc

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« Depuis le début de l’épidémie, on n’a jamais connu de taux de croissance aussi fort ». Parole d’expert : c’est Guillaume Rozier, le fondateur du site CovidTracker, qui le dit. Si les chiffres restent encore relativement modestes, les taux de croissance de la quatrième vague sont très inquiétants, parce qu’ils sont bien plus rapides que lors des épisodes précédents. En une semaine par exemple, entre le 5 et le 12 juillet, le nombre de tests positifs a augmenté de 83,6 %. 

Les chiffres

Très peu de départements échappent à cette évolution ultra-rapide du virus, boostée par la diffusion du variant Delta : dans 7 départements seulement, il a été relevé le 12 juillet moins de cas qu’une semaine auparavant. Dans tous les autres, le nombre de cas est en augmentation, parfois extrêmement rapide : dans 37 départements métropolitains, le nombre de cas a plus que doublé entre le 5 et le 12 juillet, avec des zones particulièrement inquiétantes : dans les Deux-Sèvres, 6 cas relevés le 5 juillet, 24 le 12 (300 % d’augmentation) ; dans les Pyrénées-Orientales, on est passé de 72 à 330 (+ 358 %) ; dans la Manche, de 8 à 40 (+ 400 %). L’augmentation la plus spectaculaire est constatée en Haute-Corse, qui a relevé 9 cas le 5 juillet, et 118 le 12 juillet, soit une augmentation de plus de 1200 % en une semaine !

Il est à noter que les départements très touristiques connaissent, pour la plupart d’entre eux, des chiffres en forte dégradation : outre la Haute-Corse ou les Pyrénées-Orientales, d’autres destination touristiques connaissent des augmentations à trois chiffres entre les deux dates que nous avons retenues : l’Hérault (+ 226 %), la Charente-Maritime (+ 707 %). La Corse-du-Sud, sans atteindre les pics déplorés plus au nord de l’île, connaît tout de même une augmentation des cas de 140 %. 
La carte ci-dessous permet de visualiser l’évolution du nombre de cas entre ces deux dates du 5 et du 12 juillet. 

Ce sont ces taux d’évolution, parfois exponentiels, qui font dire aux experts que la diffusion du virus est plus rapide qu’elle ne l’a jamais été depuis le début de la pandémie – et qui font craindre un retour à des dizaines de milliers de cas quotidiens dès le début du moins d’août. L'Agence européenne des maladies, dans une étude publiée ce matin, prévoit un taux d'incidence national en France qui pourrait dépasser les 400 d'ici la fin juillet.

Cette situation oblige les autorités à prendre de nouvelles mesures de restriction dans certains départements. Outre la Martinique et La Réunion, où l’état d’urgence sanitaire et le couvre-feu ont été rétablis depuis le 13 juillet, c’est notamment en Haute-Corse – en pleine saison touristique – que la préfecture et l’ARS ont dû décider de resserrer la vis, avec la fermeture des bars à 23 h et le retour des jauges dans les bars et restaurants (50 % en extérieur comme en intérieur). 

Le prochain département à annoncer des restrictions sera certainement les Pyrénées-Orientales, comme l’a annoncé le ministre de l’Intérieur, Olivier Véran et l’a confirmé le préfet, qui a annoncé que le masque allait redevenir obligatoire à partir de demain en extérieur dans le département, sauf sur les plages, et que la consommation d'alcool sur l'espace public allait être interdite.  

Protection vaccinale

Au milieu de ces mauvaises nouvelles il en est au moins une qui est, d’une certaine façon, rassurante : les personnes infectées sont majoritairement des personnes non vaccinées ; et la proportion devient écrasante si l’on regarde les personnes infectées et symptomatiques. Selon les derniers chiffres du ministère de la Santé, 96 % des cas symptomatiques repérés ces derniers jours sont des personnes qui ne sont pas vaccinées ! Le ministère n’a pas diffusé le chiffre de la proportion de personnes vaccinées par les personnes asymptomatiques, mais il se confirme que si le vaccin n’empêche pas totalement d’être infecté par le covid-19, il protège de façon extrêmement efficace contre les formes graves – et même les formes simplement symptomatiques. 

Seule nuance : il apparaît dans les dernières statistiques du ministère que le vaccin est moins efficace chez les personnes âgées ou très âgées : dans la tranche d’âge 80-90 ans, par exemple, 30 % des personnes testées positives entre le 28 juin et le 4 juillet avaient bénéficié d’une vaccination complète. Ces données ne permettent pas de savoir, en revanche, s’il s’agit d’une diminution de l’efficacité du vaccin au bout de quelques mois, ces tranches d’âge ayant été vaccinées les premières. 

Schéma vaccinal complet à « J + 7 » 

En plein débat sur le pass sanitaire, le Conseil scientifique, qui avait été interrogé sur cette question par le ministre de la Santé, a annoncé hier qu’il validait une période 7 jours seulement après la deuxième dose, au lieu de 14, pour considérer le parcours vaccinal comme achevé. « Les études cliniques indiquent en fait qu’un haut niveau de protection clinique est observé 7 jours après la dernière injection de vaccin », notent les membres du Conseil, et « au niveau biologique, les anticorps (…) sont très élevès en J +7 ». Le Conseil scientifique considère donc « que le schéma vaccinal peut-être accepté comme complet dès le septième jour après la dernière dose ». 

Cette information n’est pas sans importance, dans la mesure où dès la semaine prochaine, de nombreux usagers et salariés vont être fortement pénalisés s’ils ne présentent pas un « schéma vaccinal complet ». Ils vont ainsi pour gagner une semaine pendant laquelle ils n’auront plus à réaliser un test toutes les 48 heures. 

Notons enfin qu’une autre difficulté se profile pour les pouvoirs publics : celle de la saturation des centres de vaccination. Après les annonces du chef de l’État, près de 3 millions de personnes se sont ruées dans les centres de vaccination, saturant totalement certains d’entre eux, au point que dans certains départements, le délai avant un premier rendez-vous est aujourd’hui de … six semaines. Si l’on ajoute à cela que le fabricant Pfizer vient d’annoncer un ralentissement de ses livraisons pour les semaines à venir, et son incapacité à pouvoir honorer toutes ses commandes, il y a quelques raisons de penser que les semaines à venir risquent d’être compliquées.

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