Gérald Darmanin demande une « verbalisation » plus stricte des rassemblements de plus de six personnes
La nouvelle a provoqué un certain émoi dans la presse et sur les réseaux sociaux, hier. Il s’agit pourtant d’un rappel bien plus que d’une annonce : les rassemblements de plus de 6 personnes sont interdits sur la voie publique, et sur tout le territoire, depuis le 29 octobre.
Rappel de la réglementation
Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a envoyé hier une instruction aux préfets pour leur demander « une verbalisation stricte » des rassemblements de plus de six personnes. Il n’en fallait pas plus provoquer un emballement sur les réseaux sociaux, sur le thème d’un durcissement des restrictions décidé « en catimini ».
Mais non : cette interdiction est effective – et pas seulement dans les départements en alerte rouge – depuis des mois. Le décret du 29 octobre 2020, dès sa version initiale, dispose à l’article 3 que « les rassemblements, réunions ou activités sur la voie publique ou dans un lieu ouvert au public (…) mettant en présence de manière simultanée plus de six personnes sont interdits ». Le décret précise dans la foulée que cette interdiction ne s’applique pas aux manifestations déclarées et autorisées, aux rassemblements professionnels, aux transports publics, aux établissements recevant du public qui restent ouverts, aux cérémonies funéraires. Initialement, rappelons que le décret du 29 octobre interdisait les rassemblements de plus de 6 personnes à l’occasion des mariages, mais qu’au fil du temps, la règle s’est assouplie : il n’y a plus de jauge aujourd’hui pour la célébration civile des mariages et l’enregistrement des pacs, mais l’obligation de laisser libres deux sièges « entre ceux occupés par chaque personne ou groupe de personnes partageant le même domicile » et « une rangée sur deux ».
Gérald Darmanin n’a donc rien fait d’autre, hier, que de demander une application stricte de ces règles qui, chacun peut le constater, ne sont pas toujours respectées dans les parcs ou sur la voie publique, et une « verbalisation » systématique. Le ministère a toutefois communiqué, en fin de journée, pour préciser que les forces de l’ordre étaient appelées à agir avec « discernement et bon sens » et à ne verbaliser que « les faits caractérisés d’abus de la règle ».
Pas de changement de stratégie pour l’instant
On saura par ailleurs ce soir, après la conférence de presse hebdomadaire du ministre de la Santé, quelles mesures ont été décidées hier en Conseil de défense. Peu de surprises à attendre – sauf retournement total, et peu probable, du gouvernement dans la journée : il n’y aura pas, pour l’instant, de durcissement des mesures de « freinage ». En revanche, celles-ci vont probablement être étendues à trois départements supplémentaires, a annoncé hier le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal : l’Aube, la Nièvre et le Rhône. Ces trois départements cumulent en effet des taux d’incidence en hausse très rapide et des capacités hospitalières saturées.
Le porte-parole du gouvernement, en revanche, a confirmé que l’exécutif n’envisage pas, pour le moment, de changer de stratégie en durcissant les mesures sanitaires, comme le réclament pourtant, de façon assez unanime, les médecins hospitaliers. Si les mesures actuellement en vigueur « sont pleinement appliquées », a répété Gabriel Attal, « elles auront un effet sur l’incidence ».
En Île-de-France, en tout cas, les taux d’incidence continuent jour après jour d’augmenter. La région tout entière connaît à ce jour un taux d’incidence de 560 pour 100 000 habitants, avec un pic à 702 pour la Seine-Saint-Denis. La région totalise, à elle seule, un tiers des cas de covid-19 enregistrés dans l’ensemble du pays.
Hier encore, comme les jours précédents, les médecins hospitaliers franciliens se sont succédé sur les plateaux de télévision pour faire état de leurs craintes face à la saturation des services de réanimation, déjà complète, mais qui risque de s’aggraver encore dans les jours et les semaines à venir. L’un d’eux a dit attendre, pour la prochaine quinzaine, non plus une « vague » mais « un tsunami ».
« Rattrapage »
À l’échelle nationale, l’épidémie continue de progresser. Mais attention, le chiffre donné ce matin sur le tableau de bord quotidien de Santé publique France est à prendre avec précaution : il indique en effet, en date d’hier soir, « 65 373 cas confirmés depuis la veille ». Ce chiffre énorme a de quoi surprendre, puisqu’il représenterait un doublement par rapport à la moyenne des derniers jours – déjà très élevée, autour de 33 000 cas par jour.
Renseignements pris, il s’agit bien d’un « rattrapage » : un « incident » est survenu avant-hier sur les flux de données, indique Santé publique France, et le chiffre publié hier soir « intègre le rattrapage des données de la veille ». Il n’est donc « pas à interpréter comme une augmentation exponentielle du nombre de cas quotidiens, bien qu’une tendance générale à la hausse soit constatée ». Germain Forestier, l’un des « datascientifiques » qui suit jour après jour l’évolution de l’épidémie, confirme ce matin que la tendance est à la hausse, mais qu’il faut « attendre les chiffres d’aujourd’hui et demain pour lisser les variations » et connaître, à la fin de la semaine, l’amplitude réelle de cette hausse.
Des maires demandent une fermeture des écoles jusqu’aux vacances
Dans cette situation, des voix se font entendre, en Île-de-France, pour anticiper les vacances de printemps (qui débutent dans cette zone le 17 avril) et fermer les écoles dès maintenant.
C’est notamment le cas de Valérie Pécresse, la présidente de la région francilienne, qui a estimé hier que « la bonne mesure » serait peut-être « d’avancer les vacances de 15 jours et de fermer les écoles dès le 2 avril ».
C’est également le point de vue défendu, dans une « lettre ouverte au ministre de la Santé », par 11 maires de Seine-et-Marne, parmi lesquels James Chéron, maire UDI de Montereau. Relayant « la surprise » de leurs administrés « à l’annonce d’un confinement dont beaucoup considèrent qu’il n’a que le nom » et le fait que « le covid est partout », ces maires font état d’une situation inquiétante : « Les classes de nos écoles sont toutes touchées, qu’il s’agisse des enfants, des enseignants ou des autres personnels. (…) Les maires ne sont le plus souvent pas prévenus de la réalité intérieure des écoles, et les tests salivaires sollicités par les maires (…) semblent ne pas être autorisés par le rectorat. »
Aussi, pour freiner la propagation du virus et « favoriser l’application du télétravail », ces maires « suggèrent » au ministre de « fermer les écoles jusqu’aux vacances de printemps ». Dans ce cas, ils proposent que « les collectivités s’engagent à accueillir un jour par semaine les enfants trop jeunes pour rester seuls et dont les parents sont sans solution de garde pour leur jour travaillé chez l’employeur ».
Franck Lemarc
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