Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 18 juin 2021
Coronavirus

Fête de la musique : le grand flou artistique

C'est une certaine cacophonie qui règne sur l'organisation de la Fête de la musique, qui aura lieu lundi prochain. Entre ordres, contrordres et injonctions contradictoires, il est difficile de s'y retrouver, et le plus sûr, pour les maires, sera d'aller chercher les consignes auprès de chaque préfecture. Explications. 

Par Franck Lemarc

Maire-Info
© Adobe stock

Mercredi, déclaration de Jean Castex à la sortie du Conseil des ministres : « Le protocole concernant l’organisation de la Fête de la musique est maintenu. »  Jeudi, déclaration de la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, sur France info : « Nous avons toujours dit que c’était évolutif, avec un chemin de libération qui peut accélérer. Les mini-concerts dans les bars et les restaurants n’étaient pas possibles. Je vous annonce qu’ils seront possibles. » 
Mais dans quelles conditions, et en quoi cela constitue-t-il réellement une « évolution » ? Cela n’a rien d’évident. 

Le protocole du 7 juin

Le 7 juin le ministère de la Culture a mis en ligne sur son site le protocole sanitaire pour la Fête de la musique (lire Maire info du 8 juin). Il y était clairement indiqué que les « concerts impromptus de musiciens notamment amateurs sur la voie publique »  ne seraient « pas autorisés ». 
Sur les bars et restaurants, la formulation était un peu plus ambigüe : le protocole indiquait qu’ils ne seraient pas autorisés, « dès lors qu’ils sont susceptibles d’engendrer des regroupements sur la voie publique et d’accroître les risques de contamination en intérieur ». Cela laissait à penser que des concerts organisés de telle façon qu’ils ne puissent provoquer de regroupements sur la voie publique (arrière-salle d’un restaurant, par exemple), pourraient être possibles. Le protocole mentionnait par ailleurs que des arrêtés pourraient être pris par les préfets pour interdire l’organisation de concerts dans les bars et restaurants « dans leurs départements ou dans certaines parties du département », ce qui veut bien dire qu’il n’y avait pas d’interdiction générale. 
De fait, un certain nombre de préfectures ont, depuis, publié des arrêtés interdisant les concerts dans les bars et restaurants à l’occasion de la Fête de la musique.
Depuis les annonces du Premier ministre, mercredi, annonçant la fin anticipée du couvre-feu et du port du masque en extérieur, plusieurs élus se sont interrogés sur l’organisation de la Fête de la musique. C’est le cas, par exemple, d’Alain Chrétien, maire de Vesoul (Haute-Saône), qui dès mercredi a annoncé par voie de communiqué qu’il demandait que soit offerte « aux cafetiers et au restaurateurs, durement touchés depuis ces derniers mois, la possibilité d’organiser une Fête de la musique a minima ». Le maire de Vesoul annonce avoir demandé à la préfète de Haute-Saône « un allégement du dispositif en ce sens ». 

Arrêtés préfectoraux… contradictoires

Après les annonces de Roselyne Bachelot, hier sur France info, plusieurs préfectures ont immédiatement réagi, ce qui laisse penser que des consignes en ce sens ont été données par le ministère. Dans le Calvados, dès hier, le préfet a publié un communiqué : « Au regard du changement de protocole sanitaire annoncé ce jour par la ministre de la Culture, l’interdiction des concerts dans les bars et restaurants le lundi 21 juin prochain, à l’occasion de la Fête de la musique, est levée. Par conséquent, l’arrêté concerné est abrogé. »  Même chose dans le Vaucluse, où le préfet indique que « les concerts au sein des bars et restaurants sont autorisés sous réserve du strict respect du protocole sanitaire en vigueur dans ces ERP (port du masque, interdiction de consommation debout, respect de la distanciation) ». En Saône-et-Loire, la préfecture écrit que « les concerts dans les bars et restaurants sont autorisés, dans le respect des protocoles sanitaires et s’ils ne génèrent pas d’attroupements ». 
Finalement, en fouillant sur internet, Maire info a trouvé un document officiel portant le logo du ministère de la Culture, qui semble être une version remaniée du protocole publié le 7 juin. Ce document indique bien : « Contrairement à l’année dernière, les concerts dans les bars et restaurants seront autorisés dans le respect du protocole sanitaire relatif aux hôtels, cafés et restaurant, et en veillant à ce qu’ils ne se traduisent pas par des attroupements aux abords des établissements. Toutefois, si les concerts peuvent constituer un risque de trouble à l’ordre public (risque d’attroupement, débordement,…), le préfet peut interdire les concerts dans les bars et restaurants. » 
Ce document est publié par la préfecture de la Saône-et-Loire… mais n’existe pas sur le site du ministère de la Culture, où c’est toujours le protocole du 7 juin, indiquant que les concerts sont interdits dans les bars et restaurants, qui est en ligne ! Comprenne qui pourra.

Et le couvre-feu ?

Reste la question du couvre-feu. Elle serait simple, si l’on ne tient pas compte d’un communiqué du ministère de la Culture publié hier. 
Rappelons que dans un premier temps, le gouvernement avait annoncé, dans son protocole, qu’aucune dérogation ou souplesse ne serait accordée le soir de la Fête de la musique par rapport au couvre-feu de 23 h. Mais mercredi, le Premier ministre a annoncé que ce couvre-feu serait finalement levé « à compter de dimanche ». Il paraît donc évident qu’il n’y aura pas de couvre-feu lundi soir pour la Fête de la musique. 
Mais comme rien n’est simple, le ministère de la Culture a publié un communiqué daté d’hier (17 juin), où l’on peut lire : « Le couvre-feu restera ainsi fixé à 23 h (pas de dérogation ni tolérance dans le cadre de l’événement). » 
Ce communiqué est, par exemple, fourni sous forme de lien par la préfecture du Calvados sur sa page actualisée hier sur l’organisation de la Fête de la musique ! On peut imaginer qu’un certain nombre de maires, restaurateurs et musiciens n’y comprennent plus rien. 
Ce communiqué écrit 24 heures après l’annonce d’une levée du couvre-feu dimanche a de quoi étonner, et l’on ne peut que penser qu’il s’agit d’une erreur. La réponse définitive viendra lorsque paraîtra le décret, ce week-end, définissant les conditions de levée du couvre-feu. 
Sauf que le décret paraîtra samedi, voire dimanche matin, veille de l’événement. On ne peut que suggérer aux maires qui aimeraient bien y voir un peu plus clair de se mettre en contact avec leur préfet, pour espérer obtenir des consignes sans ambiguïté.

Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2