Déplacements, réouvertures, écoles : retour sur les mesures annoncées hier par le gouvernement
Par Franck Lemarc
Le Premier ministre l’a dit dès le début de son intervention : « Le pic de la troisième vague semble derrière nous. » Tout en reconnaissant que la décrue est plus lente qu’au printemps dernier ou en novembre, du fait de la contagiosité du variant dit britannique, Jean Castex constate que « la situation s’améliore » et que le gouvernement va donc pouvoir tenir le calendrier fixé par le président de la République le 31 mars.
Réouvertures « par étapes »
La réouverture des lieux publics fermés se fera bien « autour de la mi-mai », mais « compte tenu du contexte sanitaire encore fragile », elle se fera « par étapes, de manière forcément prudente et progressive ». Jean Castex n’a pas confirmé de façon formelle que le calendrier de la réouverture serait « territorialisé », mais l’a seulement évoqué comme une hypothèse. Certains lieux ne rouvriront pas pour l’instant – ceux qui « entraînent des concentrations importantes de public », on pense donc aux stades ou aux concerts.
En dehors de la rentrée scolaire (lire ci-dessous), le Premier ministre a donné la date du lundi 3 mai pour « la levée des contraintes de déplacement en journée » : la barre des 10 km serait donc supprimée à ce moment, et les déplacements interrégionaux seraient à nouveau autorisés sans avoir à justifier d’un motif impérieux.
Deuxième étape : « à la mi-mai » devrait intervenir la réouverture des commerces, de « certaines activités culturelles et sportives » et des terrasses – la liste n’est « pas définitivement fixée ». Les professionnels restent donc dans un relatif flou, à la fois sur la date et sur le champ d’application de ces réouvertures : les « terrasses » sont-elles seulement celles des cafés ou également celles des restaurants ? En parlant de « certaines activités culturelles », le Premier ministre pense-t-il uniquement aux musées, ou également aux cinémas ou théâtres ? Des précisions seront données « dans les prochains jours », a simplement déclaré le chef du gouvernement.
Écoles : encore des questions
Concernant les écoles, le calendrier sera lui aussi respecté : réouverture lundi prochain, le 26 avril, pour les crèches, écoles maternelles et écoles élémentaires ; et le lundi suivant, 3 mai, pour les lycées et collèges. Pendant la semaine du 26 avril au 3 mai, les cours seront assurés en distanciel dans le secondaire. L’une des interrogations de ces derniers jours portait sur les collèges : le gouvernement allait-il décider d’y appliquer systématiquement la demi-jauge, en vigueur dans les lycées ? Réponse, hier, de Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale : la demi-jauge ne s’appliquera que dans les départements les plus touchés, c’est-à-dire ceux où le taux d’incidence reste supérieur à 400 (1), et pour les classes de 4e et 3e uniquement.
Un protocole strict restera en vigueur : en particulier, les classes seront fermées dès le premier cas de contamination, comme c’était le cas avant le 31 mars. Cela conduira à de nombreuses fermetures de classes mais, comme l’a dit Jean-Michel Blanquer, « il est préférable d’avoir 1 % des classes qui ferment que 100 % des écoles ». Les autres mesures seront également similaires à celles des dernières semaines, notamment les deux mètres de distance à la cantine entre groupes d’élèves. Le ministre – ce qui devrait rassurer les élus – n’a pas mentionné d’obligation d’installer des purificateurs d’air et des capteurs de CO2 dans les classes. La mesure est seulement « encouragée ». Rappelons que pour l’instant, une telle mesure est entièrement à la charge de la collectivité qui la décide, bien que le ministre ait affirmé hier que l’État est « en partenariat avec les collectivités » sur ce sujet « chaque fois que cela est pertinent ».
Autre interrogation : le ministre a déclaré que les activités sportives « en plein air » étaient « encouragées le plus possible ». Cela signifie-t-il que l’EPS en intérieur sera autorisée à partir de lundi ? Rappelons que ces dernières semaines, elle a été successivement interdite, puis brièvement réautorisée, avant d’être interdite à nouveau avant la fermeture des écoles. Ce point reste à éclaircir d’ici lundi.
Renforcement des tests à l’école
L’élément marquant de la période à venir, à l’école, est le déploiement des tests salivaires, « en particulier pour l’école primaire » : le gouvernement souhaite y passer de 300 000 à 600 000 tests salivaires par semaine dès le 3 mai.
Quant aux auto-tests, ils seront « éventuellement » disponibles pour les collégiens, en fonction de l’avis à venir de la Haute autorité de santé. Ils seront en revanche distribués dans les lycées, à raison d’un par semaine et par élève. Des autotests seront également distribués aux enseignants et à « chaque personne travaillant dans les écoles » (deux par semaine). Selon nos informations, cette mesure concernera les enseignants aussi bien que les Atsem.
Des « tutoriels » et des actions pédagogiques seront développés sur l’usage des autotests la semaine prochaine.
Le ministre a également précisé que les créneaux spécifiques de vaccination dédiés à une partie des personnels de plus de 55 ans en contact avec les enfants seraient prolongés « ce week-end ». D’autre part, cette campagne sera étendue aux personnels de plus de 50 ans travaillant avec les enfants handicapés ou en école maternelle, sans précision de date.
Enfin, Jean-Michel Blanquer a indiqué que son ministère était en train de recruter 5 000 personnes pour faire face « aux enjeux de remplacements », l’épidémie impliquant que les capacités de remplacement des enseignants ont été « dépassées ».
C’est donc bien vers une levée progressive des mesures de restriction que le pays se dirige, dans les semaines à venir. C’est, une nouvelle fois, un pari, comme le soulignent depuis hier plusieurs épidémiologistes, dans la mesure où la circulation du virus est encore extrêmement élevée et où la situation dans les services de réanimation ne s’améliore absolument pas – au contraire, le nombre de patients covid-19 en soins critiques continue d’augmenter lentement : à 5 981, hier, il est en hausse de 1 % par rapport à la semaine dernière.
Pour tenter d’endiguer l’arrivée dans le pays des variants très agressifs venus du Brésil et de l’Inde, le gouvernement a également détaillé hier sa stratégie consistant à imposer une quarantaine de dix jours aux personnes arrivant du Brésil, d’Inde, du Chili, d’Argentine et d’Afrique du sud.
(1) Nord, Aisne, Oise, toute l’Île-de-France, Sarthe, Loire, Rhône et Bouches-du-Rhône.
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