Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux
Édition du vendredi 5 mars 2021
Coronavirus

Covid-19 : le gouvernement fait le choix de ne pas serrer la vis, sauf dans le Pas-de-Calais

Dans son intervention télévisée, hier soir, le Premier ministre n'a annoncé de confinement le week-end que pour le département du Pas-de-Calais. Mais la liste des départements sous surveillance s'allonge et de nouveaux centres commerciaux seront fermés.

Ça tient. C’est ce que doit se dire le gouvernement en voyant les chiffres chaque jour, et c’est finalement ce qui est ressorti de l’intervention du Premier ministre hier. Ça tient – c’est-à-dire : les chiffres ne baissent pas, certes, mais ils n’explosent pas non plus. « Nous ne sommes pas confrontés à une hausse exponentielle de l’épidémie ». Le nombre de contaminations a augmenté de 1,4 % en une semaine et, point positif, les contaminations diminuent chez les personnes âgées, ce qui semble manifestement être une conséquence de la vaccination. 

22 départements sous surveillance

Ce sera tout pour les bonnes nouvelles. Car Jean Castex n’a pas caché que ces chiffres relativement stables « dissimulent des situations territoriales beaucoup plus contrastées ». 
Les 20 départements placés sous surveillance renforcée n’ont pas connu de nette tendance à la baisse, à l’exception de la Moselle et des Bouches-du-Rhône. Même pour ces deux départements, la baisse ne justifie pas qu’ils sortent de la « surveillance renforcée », puisque leur taux d’incidence reste très élevé (280 et 316). 
Dans les autres départements sous surveillance renforcée, la tendance est plutôt à l’aggravation. Trois nouveaux départements entrent dans cette catégorie, parce qu’ils ont franchi le seuil d’un taux d’incidence de 250 : l’Aube (267), l’Aisne (256), les Hautes-Alpes (279). 
Le chef du gouvernement a annoncé que l’ensemble du département du Pas-de-Calais serait soumis au confinement le week-end dès samedi. Le Premier ministre, dans son intervention télévisée, a étrangement parlé d’un confinement qui débuterait samedi à « 8 heures », mais il s’agit très probablement d’un lapsus, le décret paru la semaine dernière évoquant bien un confinement le week-end dès 6 h, c’est-à-dire à la fin du couvre-feu. Par ailleurs, dans le Pas-de-Calais toujours, le seuil à partir duquel les grandes surfaces non alimentaires seront fermées passe à 5 000 m².
Pour justifier cette décision – qui avait largement filtré dans la presse depuis la veille –, le Premier ministre a expliqué que le Pas-de-Calais était le seul département, avec les Alpes-Maritimes, à avoir dépassé le seuil des 400 cas pour 100 000 habitants.
C’est factuellement inexact : la Seine-Saint-Denis, comme Maire info le relevait dès mardi, a dépassé ce seuil. Et sur le site CovidTracker (pourtant indiqué comme source sur les slides présentés hier par le Premier ministre), la Seine-Saint-Denis est bien confrontée à un taux d’incidence de 411. 
Pour contourner le problème, le Premier ministre a utilisé un petit artifice : s’il a donné un certain nombre de taux d’incidence dans les départements sous surveillance, il a indiqué que celui-ci était de « 342 pour Paris et les départements de la petite couronne ». Donner ainsi une moyenne sur quatre départements a permis de ne pas citer le cas spécifique de la Seine-Saint-Denis – le gouvernement ayant clairement choisi de ne pas imposer pour l’instant le confinement du week-end en Île-de-France.

Quelques restrictions supplémentaires

Dans tous les départements sous surveillance, des « dispositions supplémentaires »  vont être prises par les préfets : les centres commerciaux ou grandes surfaces commerciales vont être fermés à partir de 10 000 m² de surface, contre 20 000 m² aujourd’hui. L’obligation du port du masque va être « étendue à toutes les zones urbaines de ces départements où elle ne s’applique pas encore ». Par ailleurs, les préfets, « en concertation avec les maires concernés », sont invités dans ces départements à « interdire ou à réglementer l’accès de certains sites très fréquentés pendant les week-ends, où l’on observe des regroupements de masse, trop souvent sans masque ni distanciation ». Le gouvernement a évidemment en tête les images des quais de la Seine ou du canal Saint-Martin, à Paris, le week-end dernier, où la foule était telle que la police a fini par l’évacuer. Ces images, a dit Jean Castex hier, « ne sont tout simplement pas raisonnables ». 
Enfin, le chef du gouvernement a demandé aux Français de refaire un effort pour réduire au maximum leurs « contacts sociaux et familiaux », comme cela avait été fait pendant les fêtes de fin d’année. Et, sans poser d’interdiction formelle, il a demandé aux habitants des 23 départements sous surveillance « de ne pas sortir, autant que possible, de leur département ou de leur région ». 
Il a également écarté, pour l’instant, toute demande « d’assouplissement territorialisé ». Nombre d’élus, dans les départements les moins touchés, espéraient voir par exemple le couvre-feu assoupli sur leur territoire. En effet, selon Jean Castex, « les situations locales plus favorables sont encore très fragiles », et « des augmentations fortes et soudaines peuvent s’observer dans des départements jusqu’alors plutôt préservés ». 
Pas d’annonces fracassantes hier, donc, sur de nouvelles mesures de restrictions. Le gouvernement a manifestement choisi de tout miser sur l’accélération de la campagne de vaccination et les tests, en appelant à « la mobilisation générale ». Le gouvernement a décidé que dans les zones à risques, notamment, la vaccination puisse se faire sept jours sur sept (lire article ci-dessus). « Maires, soignants, hôpitaux, tout le monde doit être sur le pont y compris le week-end. »  Reste, maintenant, à trouver les moyens pour transformer cette injonction en actes. 

Franck Lemarc

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