Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du lundi 1er mars 2021
Coronavirus

Covid-19 : la situation se dégrade très rapidement dans certains départements

Le gouvernement a engagé une « course contre la montre », selon les mots du directeur général de la Santé, Jérôme Salomon, dont Jean Castex a fixé les règles samedi. Objectif : éviter un nouveau confinement national.

Les jours se suivent, les chiffres aussi, et ils ne sont pas bons. Le nombre de contaminations sur la dernière semaine se situe à plus de 21 500 par jour en moyenne, ce qui représente une augmentation de 7,7 % par rapport à la semaine précédente. Le nombre de personnes hospitalisées et en réanimation continue d’augmenter, malgré le taux de vaccination important des plus de 75 ans. Ce sont les personnes de 60 à 74 ans – pour l’instant non vaccinées qui constituent le gros des troupes des malades hospitalisés. 

Globalement pas d’amélioration dans les départements sous surveillance

L’attention du gouvernement est particulièrement portée sur les vingt départements qui ont été placés jeudi « sous surveillance renforcée ». 
Dans ces départements, la situation continue globalement, pour l’instant, de se détériorer (en tenant compte du décalage dû au retard des chiffres fournis par Santé publique France : les derniers chiffres consolidés disponibles aujourd’hui sont ceux du 24 février). C’est le cas dans 17 départements sur 20. Dans les Alpes-Maritimes, le taux d’incidence est passé (en semaine glissante sur 7 jours) de 600 au 21 février à 637 le 24 février (+ 6,25 %). Dans le Pas-de-Calais, de 352 à 392 (+ 11,64 %). C’est en Île-de-France, parmi les départements sous surveillance, que la situation est la plus alarmante : dans le Val-d’Oise, la Seine-Saint-Denis, l’Essonne, la Seine-et-Marne, l’augmentation sur trois jours est supérieure à 15 %. À Paris, elle est un peu plus modérée (7,4 %). 
La situation est également tendue en Eure-et-Loir (+ 18,3 % en trois jours), avec en particulier une situation très inquiétante à Nogent-le-Rotrou, où le taux d’incidence a dépassé les 1000 pour 100 000 habitants.
Il est tout de même à noter que la situation s’améliore légèrement dans trois départements sous surveillance : les Bouches-du-Rhône (-1,42 %), la Moselle, (-4,22 %), la Drôme (- 0,33 %).

Alerte en Corse et à Saint-Barthélemy

Dans plusieurs départements qui n’ont pas été placés sous surveillance renforcée, la situation se dégrade rapidement. C’est le cas de la Corse, en particulier la Corse-du-Sud, où le taux d’incidence (toujours sur une semaine glissante) a bondi de plus de 52 % en trois jours ! En Haute-Corse, il a augmenté de presque 30 %. La Vienne, l’Orne, les Alpes-de-Haute-Provence, la Charente-Maritime et la Corrèze ont également des taux de hausse supérieurs à 20 % ces derniers jours. 
Alors qu’à Mayotte, la situation semble s’améliorer, avec un taux d’incidence en semaine glissante passé de 976 à 654 ( - 30 %), elle est en revanche très préoccupante à Saint-Barthélemy, où le taux d’incidence était, le 24 février, le plus haut du pays, à 702 pour 100 000 habitants. Curieusement, cette situation ne semble pas attirer pour l’instant l’attention des médias ni des pouvoirs publics, et aucune mesure particulière n’a pour l’instant été annoncée sur l’île. 
La seule collectivité française pour l’instant totalement protégée du covid-19 est Saint-Pierre-et-Miquelon, qui ne compte, ces dernières semaines, aucun cas.

Concertations locales

Samedi, le Premier ministre a réuni en visio-conférences les ministres de l’Intérieur et de la Santé ainsi que les préfets des 20 départements sous surveillance et les directeurs des ARS concernées. Il leur a demandé de lancer les concertations avec les élus locaux, « avec l’objectif de tout faire pour éviter un confinement national et adopter des mesures territorialisées ». Jean Castex a demandé que les contrôles du respect du couvre-feu et des gestes barrières soient renforcés dans ces départements, ainsi que les tests et la vaccination. 
Les concertations locales devraient permettre de décider, en fin de semaine, des mesures qui seront prises dans tout ou partie de ces départements – voire dans d’autres si la situation continue de s’y dégrader –, avec par exemple un confinement du week-end, sur la base du décret qui a été publié vendredi (lire Maire info de ce jour). 
Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé, a déclaré hier que le variant repéré en Grande-Bretagne était désormais majoritaire sur le territoire français (53 % des cas) et indiqué que l’apparition des variants obligeait à revoir à la hausse le chiffre à partir duquel on pourra parler d’immunité collective : jusqu’alors estimé à environ 60 %, il serait maintenant de 80 %. Selon le DGS, « 15 à 20 % »  de la population serait aujourd’hui immunisée, et 5 % vaccinée. 

Moselle : colère des élus

Une autre mauvaise nouvelle est venue ce week-end d’Allemagne, qui a annoncé qu’elle mettait la Moselle sur la liste des régions « à haut risque »  et, dans un premier temps, qu’elle fermait carrément la frontière. Après d’âpres négociations au plus haut niveau entre la France et l’Allemagne, cette dernière a renoncé à fermer totalement la frontière mais a décidé qu’elle demanderait à toute personne traversant celle-ci un test antigénique de moins de 48 heures. 
Autrement dit, par exemple, les quelque 16 000 travailleurs frontaliers mosellans qui traversent chaque jour la frontière pour aller travailler en Sarre – notamment dans les grandes usines Ford, ZF ou Daimler ou dans les hôpitaux de Sarrebruck – vont devoir se faire tester tous les deux jours pour pouvoir passer l’un des 37 points de passage entre la Moselle et la Sarre. Une situation qui a été vertement dénoncée par les élus de Sarreguemines et de Forbach, notamment. « « Alors qu'on discutait depuis dix jours avec bon espoir de s'entendre, l'Allemagne nous applique soudain la règle la plus dure », fustige par exemple, dans Le Parisien, Christophe Arend, député LREM de Forbach (Moselle), qui « doute fort »  que la Moselle soit en mesure de fournir suffisamment de tests aux travailleurs frontaliers. 
Un nouveau conseil de défense doit se tenir cette semaine à l’Élysée pour estimer la situation. Les projections publiées ces derniers jours non seulement par l’Institut Pasteur mais par les chercheurs du CHU de Lille font craindre le pire pour le mois de mars : les deux structures se rejoignent sur la probabilité d’un retour à plus de 50 000 contaminations par jour dans le courant du mois de mars. 

Franck Lemarc

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