Covid-19 : la France est entrée à midi dans une période de « confinement » général
Emmanuel Macron n’a pas prononcé le terme, hier soir dans son allocution suivie par près de 35,3 millions de téléspectateurs selon Médiamétrie (un record), mais la France entre bien, dès ce mardi 17 mars à midi et pour 15 jours au moins, dans une période de « confinement » général, « sur le modèle espagnol ou italien » dixit Christophe Castaner, pour freiner la propagation du covid-19 (148 morts et 6 633 cas confirmés par la direction générale de la Santé au 16 mars). Le second tour des élections municipales, initialement prévu ce dimanche 22 mars, devrait être reporté au mois de juin (lire article ci-dessous). Un double Conseil des ministres est prévu aujourd’hui et demain pour valider ces mesures. Des décisions sans précédent.
« Nous sommes en guerre »
Parce que « nous sommes en guerre » contre le coronavirus - anaphore revenue à six reprises dans son discours - le chef de l’État a demandé à tous les Français de réduire « au strict nécessaire » leurs déplacements et leurs contacts. « Les regroupements extérieurs, les réunions familiales ou amicales ne seront plus permises. Se promener, retrouver ses amis dans le parc, dans la rue, ne sera plus possible. »
Ce « confinement » fait suite à une première série de décisions prises les 12 et 14 mars - fermeture des crèches, écoles, collèges et universités (lire Maire info d’hier) mais aussi des commerces qui ne sont pas de première nécessité. Rappelons aussi que, depuis le 11 mars, les visites des familles de résidents d’Ehpad, d’unités de soins de longue durée (USLD) ou de résidences autonomie sont suspendues.
« Les trajets nécessaires » autorisés mais à justifier
En métropole comme en outre-mer, « seuls doivent demeurer les trajets nécessaires ». Les transports en commun - dont l’offre va être réduite - fonctionnent toujours mais sont déconseillés. Sont considérés comme « trajets nécessaires » ceux permettant « d’aller faire ses courses, avec de la discipline et en mettant les distances d’au moins un mètre, en ne serrant pas la main, en n’embrassant pas ». Il n’est, par ailleurs selon les autorités, inutile de faire des provisions : « il n’y a aucun risque de pénurie alimentaire en France », a confirmé le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, ce matin.
À partir de ce mardi midi, il sera toujours possible de se déplacer pour des « motifs familiaux impérieux, l’assistance de personnes vulnérables », « pour se soigner » et « pour aller travailler quand le travail à distance n’est pas possible ». Dans la fonction publique, « le télétravail devient la règle impérative pour tous les postes qui le permettent », ont annoncé, hier, Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics, et Olivier Dussopt, son secrétaire d’État à Bercy (lire article ci-dessus).
Dans le secteur privé, une entreprise sur trois pourrait permettre le télétravail, selon les chiffres relayés par la ministre du Travail. Afin « qu’aucune entreprise quelle que soit sa taille ne [soit] livrée au risque de faillite », celles-ci bénéficieront d’un report de charges fiscales et sociales et d’échéances bancaires, d’une suspension de leurs factures d’eau, d’électricité, de gaz mais aussi de leurs loyers. En échange, Muriel Pénicaud a exhorté les chefs d’entreprises à ne pas licencier pendant la crise. La ministre du Travail a confirmé, hier, que le recours au chômage partiel « payé par les entreprises mais remboursé par l’État » (rémunération de 84 % du salaire net) et les arrêts de travail « sans jour de carence » seraient facilités. Pour financer ces mesures, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, qui a annoncé que la dette française dépasserait en 2020 « 100 % du PIB » et 1 point de récession, a débloqué une aide de 45 milliards d’euros pour les entreprises et les salariés.
« Attestation de déplacement dérogatoire »
Dans leur vie quotidienne, les Français pourront également « faire un peu d’activité physique » en extérieur « mais sans retrouver là encore des amis ou des proches », a indiqué Emmanuel Macron. Ce que Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, a résumé de la façon suivante : « prendre l’air » ou « sortir son chien » oui, « jouer au foot » non. « Le mot d’ordre est clair : restez chez vous ! », a insisté le locataire de la place Beauvau.
Les Français qui circuleront à partir de ce mardi midi - piétons compris - seront dans l’obligation de motiver leur déplacement auprès des autorités. Une attestation de déplacement dérogatoire, téléchargeable sur le site du ministère de l’Intérieur (et ci-dessous), doit être présentée en cas de contrôle. Les Français qui ne disposent pas d’imprimante peuvent inscrire le motif de leur présence en extérieure sur papier libre. « Sur les axes principaux et secondaires », 100 000 policiers et gendarmes procéderont à ces contrôles. Les Français en infraction risquent, pour l’heure, une amende de 38 euros qui pourra être portée à 135 euros dans un second temps. Attention, une attestation par activité et par jour est obligatoire. En clair, une attestation valable pour aller faire ses courses le matin ne le sera pas pour vous rendre chez votre médecin l’après-midi. Dernier élément à connaître : les certificats d’employeur et les cartes professionnelles, à l’instar de la carte de presse ou de médecin, ont valeur d’attestation.
« Les capacités de réanimation saturées » dans le Haut-Rhin
L’allocution du président de la République - la deuxième en quatre jours - a, enfin été émaillée de plusieurs nouvelles annonces : un hôpital de campagne des armées va être déployé en Alsace. Le dispositif sera détaillé dans les prochaines heures par le ministère des Armées. Cet hôpital « va faire du bien », a salué Jean Rottner, président de la région Grand Est et médecin. La situation est particulièrement alarmante dans la région : « Les capacités de réanimation des hôpitaux du Haut-Rhin sont saturées », a déploré ce matin sur France Inter Josiane Chevalier, préfète de région, insistant sur l’importance de respecter les consignes de gestes barrières.
Autres annonces : « Tous les voyages entre pays non européens et l'Union européenne seront suspendus pendant 30 jours », a encore indiqué Emmanuel Macron, précisant que cette mesure entrait en vigueur dès « mardi midi ». Les projets de loi en cours de discussion, notamment celui portant sur les retraites, sont suspendus. L’entrée en vigueur des nouvelles règles régissant l’assurance chômage, prévue le 1er avril, est, quant à elle, reportée au 1er septembre 2020.
Cette déclaration d’Emmanuel Macron depuis l’Élysée n’est certainement pas la dernière. Le président de la République a assuré qu’il répéterait l’exercice dans les prochains jours.
Ludovic Galtier
Télécharger l’attestation de déplacement dérogatoire.
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