Maire-info
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Édition du lundi 23 novembre 2020
Coronavirus

Covid-19 : la décrue s'amorce, le gouvernement prépare un allégement du confinement en plusieurs étapes

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© D.R.

C’est à présent acté : le gouvernement s’oriente vers un allégement du déconfinement qui se fera prudemment, par paliers successifs, avec une première étape « autour du 1er décembre ». Pas question, cette fois, de « déconfiner »  d’un coup même si, pour la première fois depuis longtemps, les indicateurs fournis par Santé publique France annoncent de bonnes nouvelles.

Enfin de bonnes nouvelles
Il semble que le pic de la deuxième vague de l’épidémie ait bien été atteint : pour la première fois depuis la rentrée de septembre, les indicateurs sont tous à la décrue. En semaine 46 (du 9 au 15 novembre), le nombre de nouveaux cas (182 783) est en baisse de 40 % par rapport à la semaine précédente (305 135). C’est également pendant la semaine 46 que, pour la première fois depuis le début de la deuxième vague, le nombre de nouvelles hospitalisations et de nouvelles admissions en réanimation a diminué (de 13 % et de 9 %). Le nombre de décès a également reculé de 2 %. 
À la date du 22 novembre, le covid-19 a tué 48 732 personnes en France depuis le début de l’épidémie.
Si ces chiffres sont encourageants et montrent que le confinement commence à porter ses fruits, Santé publique France appelle les Français à ne surtout pas relâcher leurs efforts, et à continuer de respecter « le confinement mis en œuvre pour limiter fortement la circulation du virus ». Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a lui aussi tenu ce week-end à prévenir toute réaction de relâchement face à ces chiffres encourageants, rappelant que le niveau de circulation du virus, aujourd’hui, est « le même qu’au moment (de l’instauration) du couvre-feu ». Il n’est donc « pas question de déconfiner ». 

Trois paliers
Que va donc annoncer le président de la République, demain à 20 heures, dans son allocution forcément très attendue à un mois de Noël ? 
Les déclarations des ministres et responsables de la majorité, ce week-end, permettent de s’en faire une idée. Tous s’accordent à dire qu’il est hors de question d’annoncer un déconfinement brutal, qui risquerait d’être synonyme, à terme, de troisième vague – mais que « les choses vont être faites par paliers, avec des règles du jeu liées à chacun de ces paliers », expliquait hier le patron du parti La République en marche, Stanislas Guerini. Trois « caps »  devraient être fixés par le chef de l’État demain, se comptant respectivement en jours, en semaines et en mois. 
Premier cap : « autour du 1er décembre », le gouvernement va autoriser la réouverture des commerces de proximité – Jean Castex l’a confirmé samedi. Un protocole sanitaire renforcé a été mis au point avec les fédérations de commerçants, il est à l’étude en ce moment même par le Conseil scientifique. La jauge pourrait être fixée à un client pour 8 m² (elle est d’un client pour 4 m², aujourd’hui, dans les grandes surfaces). Reste à trancher la date de cette réouverture : le gouvernement continue d’évoquer le 1er décembre, mais les commerçants plaident pour le 28 novembre, ce qui permettrait de profiter d’un samedi et d’un dimanche de plus d’ouverture.
Selon certaines sources, les bibliothèques pourraient également rouvrir à la même date. 
Quant aux lieux de culte, ils pourraient aussi être à nouveau autorisés à célébrer des cérémonies à la même date, avec une jauge qui n’est pas encore fixée. Mais tous les arbitrages ne sont pas encore achevés : si l’on autorise les personnes à se rassembler dans une église ou une mosquée, pourquoi l’interdire dans un cinéma ou un musée ? Il faudra attendre demain pour savoir ce que l’exécutif aura finalement décidé. 
Il semble acquis en revanche que les bars et restaurants ne seront pas autorisés à accueillir des clients dès le début décembre, tout comme il semble certain que les attestations de sortie vont être maintenues, au moins pour quelques semaines. 
Le deuxième cap devrait être franchi (sauf reprise brutale de l’épidémie) juste avant les congés de fin d’année, soit autour du 20 décembre. C’est alors que le régime de l’interdiction de déplacement pourrait être en partie levé, pour permettre aux Français de partir en congés et d’aller passer les fêtes avec leurs proches. Mais dans quelles conditions ? Par exemple, les stations de ski vont-elles rouvrir, et si oui, sous quel protocole sanitaire ? D’ici là, la limite des « 1 km autour de chez soi »  va-t-elle être allégée, comme le réclament plusieurs partis politiques et associations, notamment sportives ? Il n’y a pas encore d’informations certaines à ce sujet. 

L’enjeu de la vaccination
Enfin, le troisième et dernier cap pourrait être franchi à partir de janvier, par exemple avec une réouverture des bars et restaurants et un desserrement des contraintes en termes de réunions et d’accès aux établissements recevant du public. 
L’enjeu majeur sera alors, très probablement, de démarrer la campagne de vaccination de la population, à l’heure où au moins quatre laboratoires ont annoncé la découverte de vaccins qui semblent efficaces. La campagne de vaccination pourrait débuter dès le début de l’année prochaine, coordonnée au niveau interministériel par un « Monsieur Vaccin », Louis-Charles Viossat, inspecteur général des Affaires sociales, ancien directeur de l’Agence centrale des organismes de Sécurité sociale et directeur de cabinet du ministre de la Santé de Jacques Chirac, Jean-François Mattei. De très nombreuses questions vont devoir être résolues en un temps record : qui sera vacciné en priorité ? Le vaccin sera-t-il obligatoire ? Sera-t-il pris en charge à 100 %, pour tous ou seulement pour les personnes à risque ? Comment va se dérouler concrètement cette campagne, et notamment, où se dérouleront les vaccinations ?
Enfin – et surtout, peut-être –, le gouvernement devra mener un très intense travail de communication pour rassurer les Français et améliorer l’acceptabilité du vaccin. Le rejet de la vaccination, qui restait jusqu’à présent un phénomène relativement marginal en France, prend des proportions inquiétantes : selon un sondage récent, près de 60 % des Français ne seraient pas entièrement convaincus de l’intérêt ou de la nécessité de se faire vacciner contre le covid-19.

Franck Lemarc

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