Covid-19 : et maintenant, le « confinement sans enfermement »
Jean Castex a été clair, dès le début de son allocution : la troisième vague est bien là et « l’épidémie s’accélère nettement ». Depuis deux jours, les 30 000 cas quotidiens sont de nouveau dépassés, et le nombre de nouveaux cas a bondi de plus de 20 % en une semaine. Les autorités sanitaires constatent avec inquiétude que les cas admis en réanimation concernent « des patients plus jeunes et en meilleure santé que lors des vagues précédentes ». Conclusion du Premier ministre : « La situation se dégrade. Notre responsabilité est maintenant qu’elle ne nous échappe pas. »
Contraintes supplémentaires dans 16 départements
Dans les départements les plus gravement touchés par l’épidémie, ceux dont les capacités de réanimation sont au bord de la saturation, de nouvelles mesures vont donc entrer en vigueur ce soir à minuit.
Ces départements sont au nombre de 16 : les 8 départements d’Île-de-France (Paris, Val-de-Marne, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Seine-et-Marne, Essonne, Yvelines et Val-d’Oise), les 5 départements des Hauts-de-France (Nord, Pas-de-Calais, Oise, Somme et Aisne), ainsi que l’Eure, la Seine-Maritime et les Alpes-Maritimes.
Dans ces départements, des mesures de « freinage » vont être mises en place, consistant, selon la formule du Premier ministre qui n’a utilisé qu’avec beaucoup de prudence le terme de confinement, à « freiner sans enfermer ». Car, a expliqué Jean Castex, les douze derniers mois ont enseigné « qu’on se contamine infiniment moins quand on se promène en plein air qu’en étant regroupés sans masque en intérieur ».
Concrètement, la mesure la plus visible – et la plus impactante – sera, dans ces 16 départements, la fermeture des commerces dits non essentiels. Il va falloir attendre le décret qui devrait paraître demain matin pour avoir tous les détails, mais il semble que le gouvernement a opté, en la matière, pour la liste établie pour le couvre-feu du week-end dans les Alpes-Maritimes et le Pas-de-Calais : un très grand nombre de commerces pourra rester ouvert, dont les libraires et les disquaires, la fermeture se limitant, parmi d’autres, aux magasins de vêtements, chaussures, jouets, meubles, aux fleuristes… Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, a annoncé ce matin que les coiffeurs, contrairement aux précédents confinements, pourraient être autorisés à rester ouverts.
Le gouvernement ne compte pas refaire les erreurs du début du deuxième confinement : il annonce dès le départ que les rayons correspondant à ces produits, dans les grandes surfaces, devront être fermés, « par souci d’équité ».
École et sport
Comme pendant le deuxième confinement, à l’automne, il n’est pas question de fermer les écoles. Concrètement, crèches, écoles maternelles et élémentaires et collèges fonctionneront normalement. Pour les lycées, il sera demandé à tous, dans les départements concernés toujours, de fonctionner « en demi-jauge ». Les universités « continueront à fonctionner selon le rythme actuellement en vigueur ».
Pour ce qui concerne les activités sportives dans contexte scolaire, une annonce faite hier a beaucoup étonné les élus et le monde éducatif : les contraintes seraient allégées… mais uniquement dans les départements sous tension maximum, a dit le Premier ministre. Là encore, il faut attendre le décret pour y voir plus clair. Le Premier ministre, dans son allocution, a en effet déclaré que « l’éducation physique et sportive, sur le temps scolaire, pourra reprendre normalement », mais en laissant entendre que ce serait uniquement dans les 16 départements sous tension maximale. « Normalement », cela veut dire y compris dans les gymnases et espaces clos. Par ailleurs, les activités sportives extra-scolaires seront maintenues, mais en plein air seulement.
On se rappelle que depuis le 16 janvier, les activités sportives sont interdites pour les mineurs dans les équipements sportifs couverts. Le ministère chargé des Sports avait alors précisé, dans un communiqué : « Cela concerne aussi bien les cours d’éducation physique et sportive (EPS) à l’école, au collège et au lycée, que les activités sportives périscolaires comme extrascolaires. » Tel que l’a déclaré le Premier ministre hier, cette règle resterait en vigueur, sauf dans les 16 départements sous tension maximale où la pratique sportive sur le temps scolaire reprendrait « normalement ». Autrement dit, dans les départements les plus à risque, les jeunes pourraient faire du sport en intérieur à l’école, tandis que dans les départements moins tendus, ils ne le pourraient pas ! Cela paraît tellement incompréhensible que l’on est en droit d’espérer qu’il s’agit d’une maladresse d’expression, et que la reprise de l’EPS dans les locaux fermés sera finalement autorisée sur tout le territoire. Le cabinet de la ministre des Sports, contacté par l’AMF ce matin, conseille d’ailleurs d’attendre le décret. C’est donc le flou qui règne pour l’instant sur cette question.
Confinement sans enfermement
Reste la question des déplacements. Il n’y aura pas de confinement du week-end, mais bien un retour de l’attestation sept jours sur sept dans les 16 départements concernés. Première règle : dans ces territoires, les « déplacements inter-régionaux » seront interdits.
Deuxièmement – et c’est là la principale nouveauté – « il sera possible de sortir de chez soi pour se promener, s’aérer ou faire du sport », hors couvre-feu nocturne, « sans aucune limitation de durée ». Seules contraintes : avoir une attestation et rester dans un périmètre de 10 km autour de chez soi.
Ces nouvelles règles aboutissent, de fait, à un confinement beaucoup plus « light », encore, que celui de novembre : les écoles, les entreprises et un grand nombre de commerces restent ouverts, et chacun pourra sortir à sa guise, pendant le temps qu’il veut, pourvu qu’il soit muni d’une attestation (et à moins de 10 km de chez lui). Reste que dans l’attente du décret, certains détails ne sont pas encore clairs : par exemple, y aura-t-il une interdiction que ces promenades se fassent en groupe, ou du moins à plus d’un certain nombre de personnes, par exemple du même foyer – ou pas ? Le Premier ministre a simplement indiqué que « rendre plus facile les activités en extérieur ne doit pas être le prétexte à barbecues entre amis, à des regroupements dans l’espace public ou dans les parcs et jardins, ou encore des attroupements devant certains bars qui servent à boire ou à manger en vente à emporter ».
Concernant les entreprises, signalons que le Premier ministre a appelé à un renforcement du télétravail en demandant, partout où c’est possible, que celui-ci s’effectue « quatre jours sur cinq ». Et qu’il a annoncé, dans les jours à venir, « un protocole significativement renforcé pour la restauration collective en entreprise ».
Pour le reste, ni dans les départements sous tension ni dans les autres, les règles en matière d’ouverture des établissements recevant du public, qu’il s’agisse des bars, restaurants ou des lieux culturels, ne vont évoluer.
Couvre-feu à 19 heures
Enfin, à l’échelle de tout le pays – dans les 16 départements sous semi-confinement et dans les autres, donc – un vrai allégement des contraintes va intervenir à partir de ce week-end avec le report du couvre-feu de 18 à 19 heures. Cela va signifier, notamment, une heure de plus d’ouverture des magasins pour les personnes qui sortent du travail, ce qui va nettement faciliter la vie de beaucoup de Français.
Rendez-vous maintenant lundi matin, dans Maire info, pour décrypter les mesures qui seront publiées, demain matin, par décret.
Franck Lemarc
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