Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 4 juin 2020
Coronavirus

Conséquences de la crise sur la jeunesse : le gouvernement ne veut pas d'un retour aux emplois aidés

À quelques heures des annonces qui doivent être faites aujourd’hui par le gouvernement sur le soutien à l’apprentissage, le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal, a fait le point sur les conséquences de la crise sanitaire sur la jeunesse, hier, au Sénat, lors d’un débat organisé par le groupe socialiste.
Comment faire pour que les jeunes ne soient pas « la génération sacrifiée »  de la crise du covid-19 ? C’est la question qu’ont posé les sénateurs socialistes hier. La crise sanitaire a en effet des conséquences dramatiques pour la jeunesse, qu’elle soit étudiante ou travailleuse. Comme l’a rappelé la sénatrice du Rhône Annie Guillemot, « les jeunes ont été privés de revenus pendant le confinement. Ils représentent 30 % de l'emploi dans les entreprises parmi les plus durement touchées, restaurants, centres de loisirs… Or 670 000 étudiants dépendent de ces emplois. Plus de 20 % vivent sous le seuil de pauvreté. Comment feront-ils, alors qu'ils voient leur emploi d'été compromis, leur stage supprimé ? »  La sénatrice a demandé, entre autres, si le gouvernement envisageait de rétablir les emplois aidés.

Emplois aidés : c’est non
Gabriel Attal a confirmé l’ampleur du problème : « Quelque 550 000 jeunes de moins de 25 ans sont au chômage et 700 000 vont arriver sur le marché du travail à la rentrée. Il faut trouver des solutions. »  Il a toutefois listé les « mesures fortes »  prises par le gouvernement dès le début de la crise pour aider les jeunes : « Soutien à l’emploi, assouplissement des délais pour les droits, chômage partiel… ». 800 000 jeunes vont recevoir « en juin »  une aide de 200 euros « pour compenser la perte de revenus liée à la perte d'un stage, d'un apprentissage, d'un job étudiant ». 15 millions d’euros ont par ailleurs été consacrés à « une opération d’équipement informatique et internet ».
Le secrétaire d’État a clairement exclu de revenir aux emplois aidés : « Ils ont donné lieu à de très belles histoires et quelques trajectoires professionnelles positives. Mais ce n'était pas la majorité des cas et nous avons tenté de construire d'autres solutions, notamment avec les parcours emploi compétence et emplois francs dans les quartiers - des solutions d'insertion durable et qui aident à la fois le jeune et la structure qui l'accueille. » 
Il a également répondu défavorablement a une demande d’une sénatrice sur un élargissement du RSA, comme « filet de sécurité », aux jeunes de moins de 25 ans. Gabriel Attal n’y est « pas favorable », parce que ces publics « disposent déjà de la garantie jeune ». Il vaut donc mieux selon lui « élargir et soutenir ce dispositif », plutôt que de recourir au RSA qui est, selon lui, « démobilisateur ». 

Nouveaux dispositifs
Plusieurs sénateurs ont insisté sur le rôle des collectivités dans ce dossier : « Ne faudrait-il pas relancer les contrats d'avenir, dans le secteur marchand ou non marchand ? C'est une autre demande forte. Des communes sont prêtes à faire le jeu d'un vrai contrat accompagné », a souligné Jocelyne Guidez (UC, Essonne). « Les collectivités territoriales ont un rôle majeur à jouer pour que l'école reste le lieu de l'égalité des chances », a estimé Olivier Henno (UC, Nord). Le secrétaire d’État s’est refusé à déflorer les annonces qui vont être faites aujourd’hui sur l’apprentissage, mais il a tout de même annoncé que va être mis en place « un soutien aux centres de formation et aux apprentis qui ont décroché, dont la proportion est estimée à 15 % », et le fait que les lycées professionnels « resteront ouverts cet été ». 
Il a également annoncé que les séjours en colonie de vacances vont faire l’objet d’un « soutien financier de l’État »  et commencé à esquisser le plan du gouvernement vis-à-vis de l’organisation de l’été, d’un point de vue scolaire et pédagogique. « Il y aura trois dispositifs : ‘’École ouverte’’ avec un accueil multiplié par six, avec cours de rattrapage le matin et activités artistiques, culturelles et sportives l'après-midi ; ‘’Parcours buissonnier’’, avec des excursions, à l'échelle du département, pour découvrir le patrimoine de proximité ou camper en forêt ; enfin, des colonies de vacances ‘’apprenantes’’ qui pourront faire intervenir des enseignants volontaires. Le budget sera précisé d'ici la fin de la semaine. » 

Les régions demandent des moyens
Concernant l’apprentissage, l’association Régions de France a également pris position hier, elle aussi dans l’attente des annonces gouvernementales. Constatant un risque majeur de chute « très lourde »  du nombre d’apprentis dans les prochains mois, les régions signalent qu’elles « n’ont plus les moyens financiers pour poursuivre les politiques volontaristes qui ont permis d’augmenter le nombre d’apprentis ces dernières années »  – leurs moyens ayant été, en la matière, « divisés par 6 ». Elles demandent donc un « rééquilibrage »  du financement de l’apprentissage, et d’être à nouveau « dotées financièrement pour remettre en place une politique régionale de soutien à l’apprentissage ». 
Pour Régions de France, « il est urgent de mettre en place une nouvelle régulation régionale de l’offre au plus près des besoins des territoires ». L’association se dit « prête à discuter dès que possible avec le gouvernement de ces solutions ».

Franck Lemarc

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