Cirques, fêtes foraines : organiser et anticiper la reprise
Par Franck Lemarc
Après des mois de fermeture, c’est l’heure de la reprise pour les cirques et, bientôt, pour les fêtes foraines. Car c’est à présent officiel : les fêtes foraines pourront rouvrir leurs portes le 9 juin. Il convient donc, dès maintenant, d’anticiper cette date, avec un maître mot, comme l’explique également Bertrand Ringot, maire de Gravelines et co-président du groupe de travail forains et circassiens à l’AMF : « Dialogue et concertation ».
Cirques : c’est reparti !
Pour les cirques, pas besoin d’attendre le 9 juin. Depuis hier, au même titre que les salles de réunions et de spectacles, tous les établissements recevant du public de type CTS (chapiteaux, tentes et structures) peuvent rouvrir leurs portes. Avec des conditions de jauge strictes, toutefois : 35 % de la capacité d’accueil maximale, dans la limite de 800 personnes. « La réouverture concerne donc aussi bien les cirques installés dans des salles fixes que les cirques sous chapiteau », insiste le préfet Caullet. « Les itinérants peuvent donc commencer à préparer des tournées, et, pour cela, ils doivent pouvoir être accueillis par les municipalités. »
La jauge passera à 65 % le 9 juin avec un plafond élargi à 5 000 personnes. Le pass sanitaire s’appliquera au-delà de 1 000 personnes.
Le protocole sanitaire applicable aux cirques a été communiqué hier à l’AMF.
Fêtes foraines : enfin un protocole
Les fêtes foraines rouvriront, elles, le 9 juin. Pour l’instant, même dans les parcs d’attraction et les parcs à thèmes, les attractions de type fête foraine (manèges, etc.) sont interdites.
Très attendu par les maires comme les professionnels du monde forain, le « protocole sanitaire pour les fêtes foraines » a été dévoilé hier (téléchargeable ci-dessous). Pour l’essentiel, résume Jean-Yves Caullet, « ce sont des règles de bon sens à appliquer avec discernement, le but étant de permettre la reprise d’activité dans de bonnes conditions ». Le plus important est l’application d’une jauge de 4 m² par visiteur et, évidemment, la stricte application des gestes barrières (distanciation, gel et masques). La jauge doit être calculée sur la surface totale occupée par la fête foraine, « sans déduction des installations ». Si la fête compte plus de 50 stands et attractions, « un dispositif de fléchage et de comptage des entrées et sorties est mis en place ». Comme dans les marchés, un sens de circulation doit être mis en place « quand c’est possible » ainsi que des entrées distinctes des sorties.
Point important : à ce jour, les fêtes foraines ne sont pas soumises au pass sanitaire. Les conditions de jauges prendront fin le 29 juin.
Anticiper !
« Préparer une fête foraine demande du temps, insiste le préfet Caullet. Le 9 juin, c’est dans trois semaines, et il me paraît important que les maires commencent à y travailler dès maintenant. Il n’y a plus d’hésitation à avoir : sauf catastrophe sanitaire inattendue, la date est sûre, on sait que les fêtes foraines reprendront le 9 juin. Donc, il n’y a pas de frilosité à avoir ! ». Bertrand Ringot, le maire de Gravelines, ne dit pas autre chose : « Il faut anticiper et concerter ! Nous appelons nos collègues maires à rencontrer le monde forain, à discuter, à se réunir. Il est contreproductif de prendre des décisions autoritaires : si un maire souhaite déplacer une fête foraine par rapport à son emplacement habituel, il faut en parler avec les forains. »
Le préfet Caullet comme le maire de Gravelines invitent les maires à « soutenir la profession », qui a « beaucoup souffert de la crise sanitaire ». « Les trésoreries sont à sec, souligne le président de la CNPFC, et les forains ont un besoin extrême de recommencer à travailler et à faire des recettes. Et pour cela, ils ont besoin que les maires mettent de l’espace public à leur disposition. » Et ce, dès maintenant : « Je sais bien que les maires ont mille choses à penser et organiser en ce moment », reconnaît celui qui a été presque 20 ans maire d’Avallon, « mais il ne faut pas se dire que l’on verra plus tard, car plus tard… ce sera trop tard. »
Bertrand Ringot souscrit tout à fait à ce message : « C’est une profession qui souffre, et qu’il faut aider. Les maires peuvent être en soutien de la profession. Alors mon message, c’est que tout ce qui peut être maintenu doit l’être. ».
Les cirques avec animaux « toujours autorisés »
Autre sujet d’importance : celui des cirques avec animaux. Entre les déclarations de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, en septembre dernier (lire Maire info du 29 septembre 2020) et les discussions au Parlement sur la proposition de loi sur la maltraitance animale, c’est un certain flou qui règne, et bien des maires ne savent plus très bien ce qui est autorisé ou pas.
Jean-Yves Caullet met les points sur les i : « Les spectacles avec animaux sont toujours autorisés par la loi, aucune interdiction n’a été prononcée à ce jour. » Certes, Barbara Pompili a annoncé l’interdiction future de certaines pratiques – et encore, pas toutes, seulement l’utilisation d’animaux « issus d’espèces sauvages » et pour les seuls cirques itinérants – mais cette interdiction ne prendrait effet, au plus tôt, que dans cinq ans. Et Jean-Yves Caullet rappelle qu’il s’agit là d’annonces qui ne font pour l’instant l’objet d’aucune disposition juridique adoptée.
En effet, la proposition de loi sur la maltraitance animale, qui reprend en partie ces annonces, a certes été adoptée en janvier dernier par l’Assemblée nationale, mais elle n’a pas terminé son parcours parlementaire. Tant qu’elle n’est pas adoptée définitivement et promulguée, cette loi n’existe pas dans le droit.
« Les spectacles avec animaux sont donc autorisés, insiste le préfet, et ils sont extrêmement réglementés. Les maires peuvent rappeler qu’il existe un arrêté de 2011 ‘’ fixant les conditions de détention et d'utilisation des animaux vivants d'espèces non domestiques dans les établissements de spectacles itinérants’’, un texte extrêmement précis et contraignant en matière de respect du bien-être animal, avec possibilités de contrôles des services de l’État. » Le président de la CNPFC invite les maires à prendre connaissance de cet arrêté et à « connaître le niveau de la réglementation ». Et rappelle au passage, une fois encore, que les arrêtés interdisant les cirques avec animaux dans une commune sont « illégaux », puisque la loi autorise ceux-ci.
Une position défendue également par l’AMF. Comme le dit Bertrand Ringot, « de tels arrêtés sont irrecevables, et nous demandons réellement aux collègues de respecter la loi ».
Souvent pris entre le marteau et l’enclume (les professionnels circassiens et les associations militantes de défense de la cause animale), les maires sont, sur ce point, dans une position délicate. Ils peuvent néanmoins, rappelle Jean-Yves Caullet, « faire un travail de communication », sonder l’état réel de l’opinion dans leur commune, sur ce sujet, et compter sur les services de l’État pour éviter les troubles à l’ordre public. « Les militants de la cause animale ont parfaitement le droit de manifester, conclut le préfet Caullet, mais il existe aussi un droit, tout aussi fondamental, à exercer sa profession », quand celle-ci, comme c’est le cas, est autorisée par la loi.
Télécharger le protocole pour les fêtes foraines.
Télécharger le protocole chapiteaux, tentes et structures.
Télécharger la circulaire du ministère de la Culture sur les cirques avec animaux.
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