Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du jeudi 23 avril 2020
Coronavirus

Accueil des enfants des personnels prioritaires par les communes : une première enquête à chaud

L’AMF vient de produire une enquête auprès de certains de ses adhérents pour mieux comprendre comment s’est déroulée la mise en place des accueils prioritaires (enfants des personnels soignants notamment) depuis la fermeture des écoles.
Entre le 27 mars et le 10 avril, l’AMF a reçu les contributions de 25 communes représentatives, du village à la métropole. Sans prétendre à « l’exhaustivité », cette enquête permet « de dresser un panorama des différentes mesures adoptées par les communes et d’en tirer les premières conclusions ».

« Ma classe à la maison » 
La plupart des communes répondantes n’ont pas constaté de demandes de prêt de matériel informatique – que plusieurs d’entre elles, en tout état de cause, n’auraient pas été en mesure d’honorer. Plusieurs communes ont en revanche mis en place un dispositif d’impression des cours scolaires à destination de ceux qui n’ont pas d’imprimante, dispositif qui a nécessité « un travail quotidien ». Les communes qui ont reçu des demandes de prêt sont plutôt parmi les plus grandes – certaines ayant pu organiser, en lien avec l’Éducation nationale, le prêt de plusieurs centaines de tablettes. 

 Accueil scolaire
« La majorité des communes répondantes a signalé la présence d’un accueil scolaire effectué par les enseignants volontaires », mais a constaté « le faible nombre d’élèves de parents prioritaires accueillis ». Les équipes enseignantes se sont mobilisées « de façon remarquable »  et « en bonne collaboration avec la mairie ». La mise à disposition d’Atsem « varie »  selon les communes, selon les besoins : certaines communes les ont mobilisées uniquement sur le temps périscolaire ou le week-end, tandis que d’autres les ont mobilisées de façon plus générale, tout en tenant compte « de leurs besoins de garde et de leur état de santé ». 

Restauration scolaire
La moitié des communes répondantes ont été en mesure de maintenir un service de restauration scolaire, forcément réduit – ce qui a conduit des communes à revoir entièrement l’organisation des lieux de restauration et la chaîne de gestion des repas. Là où les communes n’ont pas été en mesure de le faire, elles ont demandé aux parents de fournir un panier-repas. La surveillance des repas est, dans la plupart des cas, assurée par les Atsem et/ou les animateurs. Dans quelques cas plus rares, par les seuls enseignants.

Périscolaire et extrascolaire
Les trois quarts des communes répondantes ont organisé un accueil péri ou extrascolaire, avec des modalités très variées, pouvant aller jusqu’à un accueil 7 jours sur 7 de 6 heures à 22 heures (Arras). « Des accueils extrascolaires spécifiques sont organisés les week-ends en lien avec l’Éducation nationale, les écoles privées, en lien avec des associations, ou en lien avec leur communauté d’agglomération selon les situations », note l’AMF. 
Dans certaines communes, l’accueil en dehors du temps scolaire est assuré par les Atsem et éventuellement par des agents techniques. Plusieurs communes ont constitué des « pools »  de volontaires, en recensant ceux qui disposent des diplômes nécessaires (Bafa…). Les communes n’ont en général pas eu de mal à mobiliser du personnel ou des volontaires pour ces tâches, mais plusieurs font état de la nécessité urgente d’être fournies en masques, faute de quoi le nombre d’agents volontaires pourrait être « impacté ». 

Incidences financières
Les communes interrogées ne sont pas en mesure, pour la plupart, de calculer à cette heure l’impact financier de ces mesures. Il devrait toutefois être « significatif », selon l’AMF, d’autant plus pour les communes qui ont choisi d’assurer ces services de façon gratuite.
En effet, des dépenses nouvelles sont apparues (achats de produits et équipements, heures complémentaires à payer, etc.) alors que les participations familiales ont drastiquement diminué (frais de cantine par exemple). Les communes « s’interrogent »  donc « sur le soutien financier qui pourra éventuellement être accordé par la CAF, qui demande par ailleurs que les accueils soient en temps normal facturés en fonction des revenus des parents, sauf pour les Tap (temps d’activités périscolaires) ou Nap (nouvelles activités périscolaires). » 
En conclusion, l’AMF note globalement que les communes concernées « soulignent la qualité des relations nouées entre les différents acteurs », malgré des délais très contraints d’organisation et, selon les territoires, des difficultés de coordination avec les services de la préfecture et de l’Éducation nationale (consignes parfois contradictoires), en particulier sur la liste des professions prioritaires aux services d’accueil des enfants.
En outre, il ressort de cette expérience que « les inégalités sociales et éducatives »  se sont creusées pendant ces semaines de crise, ce qui devrait amener à « repenser à l’avenir les dispositifs d’accompagnement des enfants ». Enfin, au regard des observations des élus, l’AMF estime qu’il sera « nécessaire de repenser à l'avenir le dispositif de communication entre les différents acteurs en temps de crise, afin de faciliter l’intervention des communes et des intercommunalités ».
 

F.L.

Télécharger l’enquête de l’AMF. 

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