« Douche froide » pour les stations de ski, qui ne pourront pas rouvrir pour Noël
C’est une « douche froide » pour les maires de stations de ski, qui, Emmanuel Macron l’a annoncé mercredi, ne pourront pas rouvrir avant le mois de janvier et devront donc restées fermées pendant les vacances de Noël, ce qui pourrait représenter pour elles « 20 à 30 % de pertes de chiffre d’affaires », affirme Jean-Luc Bloch, maire de La Plagne Tarentaise et président de l’Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM).
Pour les élus des montagnes, l’incompréhension est totale : « Lundi matin, en visioconférence avec le Premier ministre et neuf ministres, nous avions obtenu qu’aucune décision ne soit prise avant le 5 décembre », le temps de finaliser le protocole sanitaire de la saison, explique Jean-Luc Bloch à Maire info. Ce lundi, Matignon avait indiqué que le verdict serait édicté « dans les dix prochains jours ».
Mais mercredi soir, le président de la République a jugé « impossible d’envisager une ouverture pour les fêtes et bien préférable de privilégier une réouverture courant janvier dans de bonnes conditions ». Difficile à avaler pour l’ensemble des élus et professionnels de la montagne qui ont fait un « énorme travail » en commun, non seulement pour assurer le contrôle des infections, avec des tests antigéniques réguliers pour l’ensemble du personnel des stations, mais aussi pour « ne surtout pas envoyer nos blessés dans les hôpitaux », poursuit le maire de La Plagne.
Ne pas déborder les hôpitaux
Outre le risque de contamination, c’est l’une des raisons qui fait le plus hésiter les autorités sanitaires : que les hôpitaux, encore débordés par l’accueil des malades du covid-19, ne puissent faire face à l’afflux saisonnier des accidentés du ski. Or, les stations des Alpes notamment sont encore en zone rouge : le taux d’incidence le plus élevé du pays se trouvait lundi en Haute-Savoie avec 485,4 cas pour 100 000 habitants, juste devant la Savoie voisine (385,9 pour 00 000) et l'Isère (365,2 pour 100 000).
Mais les stations avaient trouvé la parade, selon Jean-Luc Bloch : « Les cabinets médicaux d’altitude peuvent traiter 90 à 94 % des accidentés, pour les 6 % restants, nous avons travaillé avec les cliniques privées, moins surchargées, pour qu’elles les accueillent, afin d’éviter d’envoyer qui que ce soit à l’hôpital public », précise-t-il. Il y aurait juste un besoin marginal de quelques places en réanimation pour les cas les plus graves – « quatre ou cinq lits » seulement pour l’ensemble de la Savoie, l’un des plus gros départements en matière de traumatologie du ski.
Tout ce que les élus demandaient, c’était d’attendre encore quelques jours pour voir si le nombre de nouveaux cas de covid-19 baissant encore, ce schéma d’organisation médicale pouvait tenir la route, « pour ne mettre personne en danger ou en difficulté », dans la perspective d’une ouverture juste avant Noël, « entre le 20 et le 24 », par précaution. « En trois semaines, le taux d’incidence est passé en Savoie de 1 150 à 385,9, nous avions bon espoir », poursuit le président de l’ANMSM.
Pour les stations de montagne, le contrecoup économique pourrait être fatal : selon l’élu, l’absence prévue de la clientèle étrangère pourrait déjà représenter une baisse de 20 à 25 % du chiffre d’affaires sur la saison ; avec une réouverture en janvier, celle-ci pourrait atteindre et même dépasser les 50 %, en tenant compte du fait que le premier confinement, entre mars et mai, avait déjà occasionné des pertes de 20 % sur la fin de saison précédente.
Concurrence déloyale
À cela s’ajoute le fait que les pays voisins n’ont pas tous décidé de fermer leurs stations, créant une situation de concurrence déloyale : « Les autrichiennes, les suisses, les espagnoles, les andorranes seront ouvertes », se désole Jean-Luc Bloch. Les stations suisses le sont d’ores et déjà ; le land de Bavière, en Allemagne, a de son côté annoncé leur fermeture pour les vacances. L’Italie n’a pas encore annoncé de décision officielle mais elle devrait être négative.
Le président Macron a parlé mercredi soir d’une coordination à l’échelle européenne sur ce point, sans donner plus de précisions. Hier, la chancelière allemande Angela Merkel a annoncé que l’Allemagne allait demander à l’Union européenne une interdiction générale des séjours au ski jusqu’au 10 janvier.
Les élus des stations espèrent encore faire revenir le chef de l’État sur sa décision : hier, Jean-Luc Bloch a parlé avec le secrétaire d’État chargé du Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, et lui a demandé une rencontre au plus vite avec Jean Castex, dans l’espoir d’obtenir un délai supplémentaire avant toute prise de décision définitive.
Emmanuel Guillemain d’Echon
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