Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 26 février 2021
Économie sociale et solidaire

Économie sociale et solidaire : des appels à projets qui intéressent les maires

Avec les fonds du plan France Relance de 100 milliards d'euros, le gouvernement a lancé tous azimuts une multitude d'appels à projets dans le champ de l'économie sociale et solidaire. Zoom sur deux d'entre eux qui intéresseront les maires.

Dans la multitude de mesures du plan de relance, il n’est pas toujours évident de trouver chaussure à son pied. Maire info met en lumière, ce matin, deux appels à projets au bénéfice de l’économie sociale et solidaire (ESS) susceptibles d’intéresser les maires. Le secteur, qui pallie les carences de l’État dans bien des matières, est mis à mal par la crise : selon les chiffres relayés par le mouvement associatif et le Crédit coopératif, 30 000 associations de l’ESS seraient en « danger de mort » .

Des cuisines partagées ou des restaurants mobiles pour les personnes hébergées à l’hôtel

130 000 personnes ont bénéficié, en 2020, du dispositif exceptionnel de distribution de « chèques services »  mis en place par le gouvernement. Ces derniers, d’un montant de 7 euros par jour (budget de 50 millions d’euros), ont permis aux personnes sans domicile fixe et familles précaires hébergées de pouvoir acheter des produits d’alimentation et d’hygiène. L’exécutif cherche désormais à « répondre durablement aux besoins d’accès à l’alimentation des personnes hébergées à l’hôtel ». Il a, pour ce faire, lancé, jusqu’au 19 mars, un appel à projets à destination des associations et des centres communaux ou intercommunaux d’action sociale. 
« Cette mesure bénéficie d’une enveloppe de 25 millions d’euros : 5 millions d’euros au titre du plan de relance pour couvrir des dépenses d’investissement et 20 millions d’euros au titre de l’Acte II de la Stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté pour couvrir les dépenses de fonctionnement en 2021 et 2022 ».
« Il s’agit, explique le gouvernement, de construire des tiers-lieux, cuisines partagées, lieux de restauration mobiles ou restaurants solidaires pour ces publics, souvent composés de familles avec enfants ». En parallèle, Emmanuel Macron a promis, en décembre, de reprendre la proposition de la Convention citoyenne pour le climat de « chèque alimentaire ». Si l’objectif - permettre aux familles modestes d’accéder à des produits de qualité, en circuits courts ou bio - fait consensus, les modalités de mise en œuvre, elles, divisent l’exécutif.

La précarité alimentaire augmente de façon inquiétante

En un an, la précarité alimentaire a incontestablement gagné du terrain en France. Les images d’interminables files d’attente d’étudiants venus récupérer des denrées en sont une des illustrations. Plus de 2,1 millions de personnes bénéficient, en ce début d’année 2021, de l’aide alimentaire, d’après les banques alimentaires. Une importante augmentation du nombre de bénéficiaires, d’environ 25 %, avait été enregistrée en mars 2020, mois marqué par le premier confinement.
Selon une étude CSA menée auprès de 1 000 bénéficiaires, publiée le 15 février, plus de la moitié (51 %) des personnes aidées ont déclaré avoir recours à l’aide alimentaire depuis moins d’un an. Parmi elles, 21 % y ont eu recours pour la première fois il y a moins de 3 mois et 14 % entre il y a 3 mois et il y a 6 mois. « Si la perte d’emploi, la maladie et la séparation sont toujours les trois premières raisons de l’aggravation de la situation financière des bénéficiaires, l’impact de la crise sanitaire est palpable », indique l’étude.
Le seuil des 10 millions de pauvres en France aurait été franchi en 2020 (personne dont les revenus mensuels sont inférieurs à 1 063 euros par mois). Un appel à projets, qui vient de se terminer, était justement censé soutenir les associations de lutte contre la pauvreté (100 millions d’euros sur deux ans).

Bientôt des « Quartiers culturels créatifs » ?

Dans un tout autre domaine, le gouvernement s’apprête à lancer dans le courant du premier semestre 2021 un autre appel à projets, ouvert aux collectivités, visant à créer des « Quartiers culturels créatifs »  (2 millions d’euros en 2021 et 2022). Il s’agit là aussi de construire des tiers-lieux dont l’objectif serait de « fédérer et d’animer les équipements culturels (bibliothèques, médiathèques, salles de spectacles, musées, cinéma, etc.) et les commerces culturels (librairies, disquaires, galeries d’art, diffuseurs de presse) des villes dans lesquelles ils sont implantés ».
Ces tiers-lieux culturels doivent se structurer autour des trois axes suivants : un dispositif d’accompagnement dédié aux professionnels de la culture (entrepreneurs, artisans et artistes) de type pépinière d’entreprises, incubateur ou espace de coworking ; un espace ouvert au public qui accueillerait des expositions temporaires, boutiques éphémères, ateliers de création pour adultes et enfants animés par des artistes et artisans locaux ; si l’espace le permet, la mise à disposition de locaux commerciaux à loyer modéré pour la création de commerces culturels de proximité, dans le cas où la faible rentabilité de ces activités n’aurait pas permis le maintien de ces commerces en centre-ville. « Les trois enveloppes seront cumulables et le montant total par bénéficiaire sera plafonné ».

Alimentation locale et solidaire, emploi des jeunes, conseillers numériques...

D’autres appels à projets estampillés France Relance sont en cours dans des domaines tout aussi différents les uns que les autres. On peut citer, par exemple, un appel à projets en soutien au développement de l’alimentation locale et solidaire, un autre en soutien à l’emploi des jeunes dans le sport ou encore le recrutement en cours de 4 000 conseillers numériques pour former les Français aux outils numériques de base.

Ludovic Galtier

Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2