Les maires ultramarins « au coeur de la République »
Après une matinée au Sénat à l’invitation de la délégation sénatoriale aux Outre-mer au cours de laquelle il a été beaucoup question de risques naturels majeurs et de finances locales, les élus ultramarins ont ouvert lundi, comme chaque année, le 102e Congrès des maires par un après-midi qui leur est consacré.
En 2019, pratiquement tous les débats et forums du Congrès, tout au long des quatre jours, intègreront une représentation forte des Outre-mer. François Baroin, président de l’AMF, a mis en avant la volonté « que nos compatriotes ultramarins soient le fil rouge de tous nos travaux ». C’est donc dans la transversalité que la question sera désormais traitée, ce que les élus ultramarins ont salué dès cet après-midi du lundi. Cela traduit ce que les représentants de l’AMF rappellent toujours lors de cette journée d’ouverture du Congrès : les collectivités ultramarines ont beaucoup de problématiques communes avec celles de métropole (emploi, logement, environnement, infrastructures, coût de la vie…), mais elles les subissent avec une amplitude démultipliée.
François Baroin a mis l’accent sur « la nécessité de politiques publiques adaptées et de mesures dérogatoires au droit commun » et plaidé en faveur d’une troisième vague de décentralisation. « La décentralisation, outre-mer, ce n’est pas que de la différenciation, c’est plus de libertés locales et plus d’adaptation aux problèmes du quotidien de nos administrés », a t-il souligné.
De très nombreux autres sujets ont été évoqués au cours des discussions de l’après-midi. Parmi les plus prégnants : les effets du changement climatique et l’urgence environnementale, ainsi que les finances et la fiscalité locale. Avec une mention spéciale pour l’avenir de l’octroi de mer, dont la possible réforme inquiète fortement les élus. Maurice Bonté, président de l’Association des maires de la Martinique a insisté sur la « nécessité de conserver et de pérenniser le champ du dispositif actuel ». Stéphane Fouassin, président de l’Association française des maires de La Réunion a rappelé « qu’aucune dotation de l’État ne pourra le remplacer ». Jean-Claude Pioche, président de l’Association des maires de Guadeloupe a, quant à lui, mis l’accent sur l’autonomie financière, « épine dorsale de la décentralisation ».
Les transferts de compétences ont aussi été maintes fois abordés, David Riché, président de l’Association des maires de Guyane estimant que les « maires sont aujourd’hui dépouillés », invoquant la loi Notre qui a « décliné un modèle unique d’organisation ».
La question de « l’équité »
La discussion s’est poursuivie lors d’une table ronde sur les défis et perspectives pour les Outre-mer, où il a de nouveau été question de finances, d’environnement, du retard en terme d’infrastructures (sportives, par exemple, pour ces territoires souvent considérés comme des « usines à champions » ), d’économie, d’éducation, de jeunesse… Tous ces volets soulèvent un enjeu majeur : « La question de l’équité, qui n’est pas la même chose que l’égalité, car elle demande de la broderie au petit point plutôt que des promesses verticales », a relevé Agnès Le Brun, vice-présidente de l’AMF.
En conclusion, Annick Girardin, ministre des Outre-mer, a rappelé que les maires sont « le premier relais de la colère et des attentes de nos concitoyens en Outre-mer », avant de dérouler les priorités de son ministère dans le cadre du budget 2020. Elle a notamment indiqué que le projet de loi de finances prévoit « le rétablissement, pour le seul Outre-mer, d’une allocation pour l’accession à la propriété et la rénovation » (l’une des demandes exprimées, justement, quelques minutes plus tôt, par les élus ultramarins).
Fabienne Nedey
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