Congrès de l'AMF : les maires mobilisés face aux « attaques »Â
Par Franck Lemarc
David Lisnard et André Laignel, président et premier vice-président délégué de l’AMF, ont pris la parole devant la presse, hier, pour présenter le congrès des maires qui se déroulera du 21 au 23 novembre prochain à Paris, précédé de la Rencontre des élus d’outre-mer la veille, le 20 novembre, à Issy-les-Moulineaux.
« Violence sociale »
Un congrès qui sera particulièrement riche cette année, puisque pas moins de 39 thèmes y seront abordés, soit 25 % de plus que l’année dernière, a détaillé David Lisnard, avec quelque 230 intervenants prévus, 15 ministres – dont la Première – et la présence des deux présidents du Parlement, ce qui constitue, poursuit le maire de Cannes, « une reconnaissance de la validité et de la force de l’AMF ».
Alors que le congrès de l’an dernier tournait autour du « pouvoir d’agir » , celui de cette année s’intitule « Communes attaquées, République menacée ». Un titre certes alarmant, mais qui se justifie, selon David Lisnard, par le fait qu’il y a « une forme de violence sociale qui monte et traduit une crise de la démocratie. C’est une crise de l’impuissance publique. Lorsque les communes sont attaquées, c’est bien la République qui est menacée dans sa capacité d’action ».
Le président de l’AMF a dénoncé le phénomène de « recentralisation » à l’œuvre depuis plusieurs années. L’AMF rappelle par exemple que « au nom de l’intérêt supérieur de la transition écologique, il s’opère une dépossession sans précédent des pouvoirs d’urbanisme du maire, conquête majeure des lois de décentralisation de 1982-83 ».
Certes, le président de la République vient de confier au député Éric Woerth une mission sur la décentralisation (lire Maire info de lundi), mais David Lisnard rappelle que tous les actes de décentralisation promis depuis 2017 ont « accouché d’une souris ».
Il a également rappelé avec gravité les émeutes de l’été dernier, lors desquelles « 168 écoles ont été dégradées ou détruites », ce qui constitue selon lui « une première dans l’histoire de France », ainsi que les agressions contre les maires, en constante augmentation. Ce sujet sera au menu de deux débats pendant le congrès, l’une sur la réponse pénale (jeudi 23) et l’autre sur les conditions d’exercice du mandat (mercredi 22). « Les maires ne veulent ni immunité ni privilège, a rappelé David Lisnard, ils veulent qu’on leur fasse confiance et qu’ils ne soient pas considérés comme des exécutants ».
« Pouvoir d’action » en recul
André Laignel, maire d’Issoudun et n°2 de l’AMF, a également pris la parole pour lister les « crises multiples » auxquelles font face les maires. Il a rappelé les propos récents du chef de l’État, pour qui les collectivités territoriales sont uniquement un dispositif « confus et coûteux ». « De rampante, la recentralisation est devenue galopante, estime le maire d’Issoudun. Le gouvernement sort un plan par semaine, qui occasionne à chaque fois des dépenses nouvelles pour les collectivités. On nous convoque pour être les sous-traitants de service. Des sous-traitants sous-traités ».
André Laignel a dénoncé pêle-mêle « l’utilisation systématique de l’intercommunalité pour étouffer les communes », le « fléchage et la contractualisation », le risque « d’échec monumental du ZAN » pour cause de « technocratisme ». Sur le logement, « il y cinq ans, nous avions prévenu, alors avec François Baroin, que nous allions dans le mur. Nous y sommes. »
Celui qui est également président du Comité des finances locales a dénoncé une fois encore le « garrot financier » que le gouvernement impose aux communes, avec une compensation insuffisante de la suppression de la CVAE (il manque 765 millions d’euros, estime-t-il), des normes nouvelles qui auront coûté en 2022 « 2,5 milliards d’euros pour les communes », et une inflation que la petite augmentation de la DGF ne compense pas. Au passage, André Laignel a révélé que le « panier du maire », c’est-à-dire le taux d’inflation sur les dépenses des communes, a augmenté cette année de quelque 6 % : « Le pouvoir d’action des maires, en 2024, sera en recul de 7 milliards d’euros ». Et de conclure : « La libre administration des collectivités locales est en guenilles. En fragilisant ainsi la démocratie de proximité, on fait courir le risque d’aventures que les crises portent en elle », évoquant à demi-mot le danger de voir le Rassemblement national arriver au pouvoir en 2027.
Renouvellement des instances
Le congrès sera marqué cette année par plusieurs événements importants, au-delà des très nombreux forums, débats et points-info. Notamment, un « hommage aux enseignants », qui sera rendu en présence de la sœur de Samuel Paty.
Il sera également l’occasion de présenter la 5e enquête de l’AMF et du Cevipof, qui a rencontré cette année un taux de réponse exceptionnel, ainsi que les résultats des enquêtes menées par l’AMF sur l’indice des dépenses communales (panier du maire), l’analyse financière des communes et EPCI, en métropole et outre-mer, etc.
Enfin, ce 105e congrès sera l’occasion d’un vote sur le renouvellement des instances de l’AMF les adhérents seront appelés à élire le président, les 36 membres du Bureau et les 100 membres du Comité directeur de l’association.
L’AMF a diffusé, hier, le programme complet du congrès, qui donne sur près de 90 pages la totalité des débats, forums, points-info et événements du congrès.
Maire info et Maires de France suivront le congrès au plus près. Maire info organisera, comme chaque année, une web-tv pour donner la parole à de nombreux élus, personnalités et ministres.
Tous les détails pratiques sont à retrouver dans cet article de Maires de France.
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