Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du vendredi 29 septembre 2017
Logement social

Congrès HLM : sous les huées, Julien Denormandie affirme que la réforme ne fera « pas de perdants »

Maire-Info
Sifflets, cartons rouges, banderoles, cornes de brume… Le secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Cohésion des territoires, Julien Denormandie, a été copieusement hué, hier, à l’occasion de la séance de clôture du 78e Congrès de l’Union sociale pour l’habitat (USH), à Strasbourg. Interrompu à plusieurs reprises durant son discours, le ministre a dû faire face à la grogne du monde HLM : associations de mal-logés, locataires et aussi directeurs d’organismes HLM ont vivement protesté contre la politique du gouvernement.
En cause : les mesures inscrites dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2018 qui provoqueraient une baisse de 18 % en deux ans du budget du logement et de 1,7 milliard d’euros des aides personnalisées au logement (APL) dès l’an prochain que les bailleurs sociaux devront compenser par des baisses de loyer (lire Maire info d'hier).
« Est-ce que ce qu’on vous demande de faire est difficile ? La réponse est « oui ». Est-ce qu’on vous demande de faire des perdants, notamment chez les locataires ? La réponse est « non ». Mais pouvez-vous franchement croire que la politique du logement que je porte a pour finalité de mettre à mal les bailleurs sociaux ? », a lancé le ministre face à un auditoire qui demandait sa démission avant qu’une partie des congressistes ne quitte la salle, en ayant « marre d’entendre des sornettes ».
« Il y a 40 ans, nous avons fait une erreur fondamentale en se disant qu’il fallait arrêter les aides à la construction et les transformer en aides à la personne (...) en mettant en place un système sous perfusion. C’est pour cela que l’APL coûte aujourd’hui 18 milliards d’euros alors qu’il y a dix ans c’était 14 milliards. Et dans deux ans, l’APL, ce sera la moitié du budget de l’Éducation nationale… », a tenté d’expliquer le ministre malgré la bronca afin de soutenir l’idée qu’il faut « porter l’ensemble de nos efforts sur la construction »  face au « manque de logements sociaux ». Afin d’essayer de calmer les esprits, Julien Denormandie a également appelé les organismes HLM à renouer un « dialogue constructif ».
En amont de l’intervention de Julien Denormandie, le mouvement HLM avait adopté une résolution à l’unanimité, « une première », appelant au « retrait immédiat »  des dispositions inscrites dans le PLF pour 2018. Jean-Louis Dumont, président de l’USH, avait saisi l’occasion pour répondre au ministre : « Votre projet n’est pas un projet pour le logement. Il n’est guidé que par un dogme budgétaire macro-économique. Il ne connaît pas les territoires, leurs dynamiques et les personnes. (...) Ce projet s’attaque à l’égalité entre les citoyens, entre les locataires HLM. Il s’attaque à l’égalité des territoires. Il n’est pas juste. » 
Le président de l’USH a également estimé que le projet gouvernemental « remet en cause, à travers le logement social, un pilier fondamental du pacte républicain, dont le président de la République a la garde ». Le mouvement HLM a ainsi décidé d’alerter les élus locaux, les parlementaires et l’ensemble des locataires sur les dispositions du PLF pour 2018 et leurs « conséquences dramatiques ».
Ce projet a agrégé les colères des associations de locataires, de mal-logés mais aussi d’élus locaux à l’occasion de ce congrès. Parmi ces derniers, une trentaine a lancé un appel intitulé « Sauvons le logement social ». Sur place, des élus locaux, des présidents d’intercommunalité ou de métropoles et des parlementaires (Marie-Noëlle Lienemann, Dominique Estrosi Sassone…) se sont également joints à la colère en apportant leur soutien aux bailleurs sociaux. L'AMF, l'ADCF et France urbaine ont, elles aussi, apporté leur soutien (lire article ci-dessous).
Le président de la métropole de Rennes, Emmanuel Couet, a, par ailleurs, menacé de démissionner du fonds national des aides à l’aide à la pierre dans les jours qui viennent si le gouvernement ne revoyait pas sa copie.
Aurélien Wälti

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