Forum santé : les maires pistent les solutions locales, à défaut de baguette magiqueÂ
Par Emmanuelle Stroesser
« Nous allons nous faire le relais des difficultés des jeunes à se loger », a promis Claire Peigné, maire de Morancé (69), co-présidente de la commission Santé de l’AMF, en conclusion du forum consacré mercredi matin à l’accès aux soins. La préoccupation, d’apparence secondaire dans un tel débat - est ressortie comme l’un des « leviers » sur lequel les maires ont la main. Et dont ils doivent se saisir.
Cette question a été soulevée avec instance par des internes en médecine générale. Trouver un logement pour un stage de quelques mois revient cher, en plus d’être compliqué. Cela peut suffire à choisir certains territoires plutôt que d’autres.
Des communes ont choisi de « chouchouter » ces futurs médecins, en pariant sur le fait qu’ils reviendront s’installer dans leur commune ou tout près, une fois diplômés. Un pari visiblement gagnant selon plusieurs témoignages de maires. C’est en tout cas l’une des « solutions locales » mise en avant lors de ce forum. Une solution qui fait consensus.
Obligation d’installation ? C’est toujours plutôt non
Un autre levier fait cette fois toujours débat : faut-il obliger les médecins à s’installer dans les zones sous-dotées ? Les maires n’ont pas la main sur la décision. Mais ils ont des convictions, pour ou contre. À commencer par Michel Gabas, le « magicien d’Eauze » comme l’a surnommé Nicolas Sensu, député du Cher, co-signataire d’une prochaine proposition de loi « transpartisane » sur l’obligation d’installation. Le maire d’Eauze, également pharmacien, défend lui l’idée « d’accorder des licences d’exercice », autrement dit « de préserver la liberté d’installation » mais de la combiner et de la cibler selon les besoins des territoires. Il fait le parallèle avec les conditions actuelles imposées aux notaires.
Le ministre de la Santé et de la Prévention, François Braun, qui a rejoint le débat à ce moment de la discussion, ne veut pas de « solutions radicales ». Car « la coercition n’est pas une solution mais en plus le traitement sera pire que le mal ». Au passage, le ministre remet même en cause l’idée de « zones sous denses et sur denses », « je ne sais pas ce que c’est, les Agences régionales de santé ne le savent pas non plus ». Son propos provoque un brouhaha dans le public. « Qu’est-ce qu’il raconte ? », interroge un congressiste se penchant vers son voisin…
Lors de ce débat, des élus témoignent encore, agacés de devoir offrir des ponts d’or à des médecins cherchant « le plus offrant ». Les internes en médecine sont eux « catastrophés » de l’image que les maires peuvent avoir « des étudiants en médecine et jeunes médecins ».
Le ministre se veut lui confiant. « Les solutions, nous les trouverons ensemble ». Rendez-vous donné donc au Conseil national de la refondation…
Retrouvez sur AMF.TV, l’interview de Frédéric Chéreau, maire de Douai (59), co-président de la commission Santé de l’AMF, sur la situation notamment de l’hôpital.
Frédéric Chéreau, maire de Douai (59), co-président de la commission Santé de l'AMF from Association des Maires de France on Vimeo.
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