Comment les communes peuvent aider les populations de Turquie et de Syrie frappées par le séisme
Par Franck Lemarc
21 700 morts estimés ce matin. Durant ces trois derniers jours, le bilan s’est aggravé de façon continue, et risque hélas de s’alourdir encore, vu le nombre d’immeubles et de maisons effondrés et la lenteur de la réponse des États turcs et syriens. Le froid, qui peut atteindre les – 10 ° C la nuit, et la neige, ralentissent encore un peu plus l’arrivée des secours. Difficulté supplémentaire : en Syrie, certaines zones frappées par le séisme sont des zones de guerre, ce qui complique l’intervention des secouristes et des humanitaires.
Extrême urgence
Au-delà du terrible bilan humain et des milliers de victimes encore ensevelies sous les décombres, des deux côtés de la frontière, les craintes sur les conséquences de l’après-séisme sont très vives : les réseaux d’eau et d’électricité sont détruits, et, selon l’Onu, 23 millions de personnes seraient exposées à des « risques majeurs » – pour parler clairement, un risque de mourir de faim, de froid ou de maladie, le choléra ayant déjà refait son apparition dans les zones sinistrées. L’Onu estime que ces dangers risquent de provoquer un bilan humain pire que celui du séisme lui-même.
Face à cette situation, l’aide internationale s’organise. Les grands organismes comme la Banque mondiale ont annoncé des aides (1,78 milliards de dollars pour la Turquie de la part de cette dernière). De nombreux pays, dont la France, ont envoyé des hommes et du matériel pour aider, dans un premier temps, à la course contre la montre consistant à tenter de retrouver des survivants. La France a par ailleurs débloqué une « aide d’urgence » de 12 millions d’euros.
Mais au-delà de la recherche de rescapés, la population manque de tout, en particulier dans les zones les plus reculées : nourriture, eau, couvertures, vêtements, médicaments, produits d’hygiène… Les séismes ont ceci de particulièrement terrible que les victimes, même quand elles ne sont pas blessées, perdent tout – et ici, la catastrophe s’étant produite en pleine nuit, des dizaines de milliers de personnes se sont retrouvées à fuir au saut du lit, sans même un manteau. Et beaucoup, même quand leur immeuble est encore debout, n’osent pas y retourner pour aller récupérer un minimum d’affaires, de peur d’être piégées à l’intérieur.
Divers types d’aides
Il y a donc une extrême urgence à aider ces populations.
L’AMF, dans un communiqué publié hier soir, exprime « toute sa solidarité envers les populations touchées » et, « en complément de l’aide internationale qui relève de la compétence de l’État », appelle les communes et intercommunalités « à apporter une contribution et à participer à l’élan national de solidarité ».
Plusieurs options sont possibles. L’AMF rappelle être partenaire de l’ONG Acted, « présente dans la région », qui participe à l’approvisionnement des populations en « repas chauds, eau et kits d’urgence ». Il est possible de faire des dons directement sur le site d’Acted.
Par ailleurs, l’association Cités unies France se mobilise également. Cette association rassemble « les collectivités territoriales françaises engagées dans l’action internationale ». Il s’agit ici, explique l’AMF, d’actions plus spécifiquement dédiées à « la réhabilitation des collectivités ayant subi d’importants dégâts matériels ». Cités unies vient d’ouvrir un fonds de solidarité dédié. Dans un communiqué également publié hier, Régions de France explique que « l’accès aux zones dévastées en Syrie étant particulièrement complexe pour des raisons sécuritaires et politiques, ce fonds de solidarité bénéficiera dans un premier temps aux collectivités turques, en s’appuyant sur les réseaux et partenariats déjà existants. Les collectivités participeront à cette initiative et prendront part au comité des donateurs, qui définira les actions à déployer. »
Enfin, l’AMF et Régions de France relayent l’ouverture du fonds de concours Faceco « Turquie-Syrie », piloté par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Le Faceco (Fonds d’action extérieure des collectivités territoriales) a été créé en 2013, après le tremblement de terre à Haïti qui avait fait quelque 200 000 victimes. Ce fonds (lire Maire info du 4 mars 2022) est, rappelle le ministère, « l’unique outil de l’État donnant la possibilité aux collectivités de répondre rapidement et efficacement aux situations d’urgence et à la détresse des personnes affectées ».
Le fonctionnement du fonds spécifique Turquie-Syrie du Faceco est expliqué en détail dans une fiche diffusée ce matin par Villes de France.
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