Édition du jeudi 25 avril 2002
Collectivités et concurrence : le Conseil d'Etat plaide pour «une vision globale de ce que doivent être des services d'intérêt général aptes à répondre aux besoins fondamentaux des peuples d'Europe »
Analysant dans une étude spécifique quil vient de publier ses « considérations générales » 2002 sur le thème «collectivités publiques et concurrence», le Conseil dEtat part dun
constat : « La propagation à la manière dune onde, du credo de la concurrence comme un des fondements de lorganisation sociale et de la répartition des activités ».
Les considérations analysent ce que cela implique pour les collectivités publiques dans les trois situations dans lesquelles elles peuvent se situer par rapport au marché : producteurs ou fournisseurs de biens et de services, demandeurs de biens et de services, autorités publiques faisant usage de leurs prérogatives de puissance publique dans des conditions susceptibles daffecter le fonctionnement concurrentiel des marchés.
Les conclusions auxquelles aboutissent ces considérations sont doubles.
Elles conduisent dabord à « sinscrire en faux contre deux idées reçues : la première est que les administrations françaises seraient foncièrement rétives à la notion de concurrence et mèneraient un combat darrière-garde contre un mode dorganisation sociale où, du fait de la concurrence, lEtat na plus le monopole de la définition de lintérêt général. Les administrations publiques ont en effet pris conscience de leur ancrage dans le système déconomie de marché et en ont largement tiré les conséquences. »
La seconde idée préconçue est que « la construction européenne serait exclusivement organisée dans loptique de promouvoir la concurrence et que les autorités communautaires, arc-boutées sur lidée de construire envers et contre tout le grand marché, seraient imperméables à dautres finalités de lorganisation sociale et notamment au rôle des services publics, au point de mettre ceux-ci en péril. Or il est incontestable que les autorités communautaires sont devenues de plus en plus conscientes des exigences dun intérêt général qui ne saurait toujours trouver son compte dans le seul libre jeu de la concurrence sur le marché. »
Le Conseil dEtat souligne que « si lon veut sortir de lambiguïté et si lon veut donner toute sa portée à laffirmation de la Commission contenue dans sa communication de septembre 2001 sur les services dintérêt économique général, selon laquelle ces services constituent un élément clé du modèle européen de société et sont une valeur commune de lEurope, il convient de mettre en chantier une stratégie européenne appréhendant les services dintérêt général dans leur ensemble et allant bien au-delà de la simple conciliation entre service public et concurrence. »
Il estime quune large part de larchitecture des traités et de la réglementation communautaire et, par-delà, de la construction européenne, « doit être repensée sur la base dune vision globale de ce que doivent être des services dintérêt général aptes à répondre aux besoins fondamentaux des peuples dEurope pour les temps à venir, ce qui suppose, à léchelon communautaire, des autorités publiques capables de développer ces services publics du XXIe siècle.»
Il rappelle que, lors du Conseil européen de Laeken de décembre dernier, la Commission a proposé une révision du traité et linclusion, parmi les actions que la Communauté doit conduire, énumérées à larticle 3 CE, de «la promotion des services dintérêt général».
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