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Édition du mardi 4 juin 2024
Climat

Un des printemps les plus pluvieux des 60 dernières années

Météo France a publié hier le bilan météorologique du printemps 2024, qui apparaît comme « le quatrième printemps le plus arrosé jamais enregistré ». Ces pluies extrêmement abondantes provoquent de fortes inquiétudes chez les agriculteurs et les horticulteurs. 

Par Franck Lemarc

L’impression qu’il n’a pas cessé de pleuvoir depuis trois mois… n’est pas qu’une impression. Depuis que les mesures de Météo France ont commencé en 1959, seuls trois printemps ont été plus pluvieux que celui-ci (1983, 2001 et 2008). 

+ 77 % de pluie en région Paca 

Tant en fréquence des jours pluvieux qu’en cumul de précipitations, les mois de mars, avril et mai 2004 montrent une importante anomalie. Dans certaines régions, notamment la vallée du Rhône, cette anomalie atteint 300 % d’augmentation du cumul de pluie par rapport à la moyenne, et sur la totalité du territoire excepté le littoral méditerranéen et la Corse, il a plu plus d’un jour sur trois pendant cette période, voire plus d’un jour sur deux sur la façade atlantique et une zone allant du Massif central à la Franche-Comté. 

Logiquement, une « absence d’ensoleillement »  est constatée par Météo France, avec un déficit d’ensoleillement de 20 à 30 %. Les températures, elles, sont restées supérieures à la normale (+ 0,8 °C par rapport aux normales 1991-2020).

Si les mois de mars et avril ont tous deux été pluvieux, avec de surcroît un retour des gelées tardives fin avril, c’est le mois de mai qui a été marqué par les plus importants excédents de pluie (60 % d’excédent à l’échelle du pays). À l’exception d’une semaine du 8 mai quasi estivale, le déficit d’ensoleillement a été général – mai 2024 étant le 3e mois de mai le moins ensoleillé de l’histoire récente.

À l’échelle régionale, les anomalies en termes de précipitations ont été particulièrement marquées en région Paca (+ 77 %), Centre-Val-de-Loire (+ 58 %) Nouvelle-Aquitaine et Pays-de-la-Loire (+ 50 %). Seule la Corse a connu un léger déficit de pluie (- 3 %). 

À l’échelle départementale, la très grave situation de sécheresse que connaissent depuis deux ans les Pyrénées-Orientales s’est un peu améliorée, grâce à des pluies abondantes qui ont permis d’humidifier « les couches superficielles des sols »  sans, toutefois, recharger les nappes phréatiques. L’Aude et l’Ariège, elles, ont conservé « un déficit d’environ 20 % »  sur le printemps. 

Le printemps 2024 a été également marqué par des écarts considérables de température : il a fait 32 °C à Pau le 6 avril et 26,7 °C à Paris le 13 avril… et - 3,5 °C à Guéret le 23 avril. 

Les pluies abondantes ont provoqué de nombreux crues et inondations, notamment en Charente-Maritime, dans les Cévennes, et encore la semaine dernière en Moselle. 

Conséquences sur l’agriculture

Ces intempéries rendent la situation difficile pour les agriculteurs. Après trois années marquées par la sécheresse, c’est maintenant la saturation des sols en eau qui pose problème, avec des champs tellement détrempés que les semis de printemps (comme l’orge ou le maïs de printemps) sont impossibles. Les céréaliers qui ont semé en octobre sont très inquiets, notamment sur le blé qui ne mûrit pas – certaines récoltes sont déjà perdues, ayant pourri sur pied. 

Les maraîchers et horticulteurs ne sont pas mieux lotis. Les fleurs et les fruits ont impérativement besoin de soleil pour pousser et mûrir, et le déficit d’ensoleillement se fait lourdement sentir. Même les éleveurs sont touchés par la situation, puisque nombre d’entre eux ne peuvent sortir les animaux, les pâturages étant totalement détrempés. 

Ultime conséquence de ces intempéries, qui touche y compris les particuliers : l’humidité constante a provoqué une véritable explosion du nombre d’escargots et de limaces, qui ravagent les jardins potagers de nombreuses régions. 

Il semble que le retour à un temps sec se confirme pour les jours et peut-être les semaines à venir, mais de nombreux agriculteurs estiment que la saison est déjà, au moins partiellement, perdue. 

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