Sécheresse : les deux tiers des nappes phréatiques toujours sous la normale
Par A.W.
« On ira vers des jours qui sont compliqués » si « on a à nouveau un mois de juillet comparable à celui de l’année dernière ». Alors que le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) publiait son habituel point sur la situation des nappes d’eau française au 1er juillet, le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, a mis en garde, mardi, sur France inter, sur les risques d’un nouvel épisode de sécheresse cet été.
Situation « peu satisfaisante »
« On a vécu un été 2022 hors-norme avec 700 communes privées d’eau potable », a-t-il rappelé, alors que, « depuis l'été dernier, les nappes ne se sont pas rechargées ». « On est toujours à 68 % des nappes qui sont sous les normales de saison » pour le troisième mois consécutif, ce qui alimente la sécheresse et menace les approvisionnements en eau. Le ministre a ainsi confirmé que le pays restait en « situation de vigilance pour l’heure ».
« La situation demeure peu satisfaisante sur une grande partie du pays », a abondé le BRGM dans sa note. Entre début avril et fin juin, la situation des nappes à l’échelle du territoire n’a ainsi que « peu évoluée » voire « s’est dégradée légèrement » avec « 13% des points d’observation [qui] sont au-dessus des normales mensuelles (14 % en mai), mais 68 % des niveaux [qui] restent modérément bas à très bas (66 % en mai) et 19 % très bas (19 % en mai) ».
Reste que « la situation est plus favorable que l’année dernière » puisque 75 % des niveaux étaient sous les normales en juin 2022, mais « localement plus contrastée ».
Christophe Béchu a ainsi expliqué que par « rapport au mois dernier » la situation est « globalement meilleure en Bretagne, plus mauvaise dans le bassin parisien, préoccupante dans le couloir rhodanien et sur une partie du pourtour méditerranéen », bien qu’un « peu meilleure du côté des Alpes-Maritimes ».
Selon le BRGM, « les niveaux des nappes devraient rester en baisse » jusqu’à la fin de l’été. « La situation des nappes inertielles ne devrait que peu se modifier durant les prochaines semaines, sauf sur les secteurs fortement sollicités par des prélèvements », indiquent les auteurs du point de situation, qui ne s’attendent à « aucune amélioration avant l’automne ».
Concernant les nappes réactives, « les tendances et l’évolution des situations dépendront essentiellement des pluies efficaces locales, de l’évapotranspiration des plantes et des demandes en eau ». Et le BRGM d’ajouter que « la situation devrait se dégrader rapidement sur les nappes non soutenues par de petits épisodes de recharge et sur celles les plus sollicitées par des prélèvements ».
Restrictions d'eau : « Plus de contrôles cet été »
Dans ce contexte, Christophe Béchu a assuré « pouvoir limité et jugulé les risques [de privation d’eau] pour les plus grandes agglos, mais on ne peut évidemment pas exclure, vu le nombre de communes qu’il y a dans le pays, qu’on ait à nouveau des difficultés. Et on a devant nous des années de travaux, de lutte contre les fuites ».
« On a des endroits où il y a des fragilités, notamment là où il n’y a qu’un ou deux captages », a-t-il expliqué, en rappelant « qu’il y a eu 500 travaux d’interconnexion entre les territoires depuis l’été dernier ».
Il a également rappelé que l'an dernier l'Office français de la biodiversité a mené « 13 000 contrôles » en lien avec les arrêtés de restrictions et qu'environ « 10 % des infractions ont donné lieu à des amendes ». Face à la situation actuelle, le ministre de la Transition écologique a promis « plus de contrôles que l'été dernier » cet été.
Christophe Béchu a, par ailleurs, annoncé le lancement d'une nouvelle plateforme d'information à destination des Français : « VigiEau » . Celle-ci doit permettre de retrouver les restrictions en cours dans chaque commune, à une adresse donnée, ces informations étant jusqu'à présent communiquées via des arrêtés préfectoraux.
« Les Français ont compris que l’abondance, le gaspillage est quelque chose qui n’est plus possible en matière d’eau. Cette prise de conscience, on l’accompagne à la fois avec cette information et avec plein de conseils pour baisser sa consommation », a expliqué le ministre.
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