Climat : les ménages modestes sont généralement les plus exposés aux îlots de chaleur en ville
Par A.W.
Alors que les villes se réchauffent sous l’effet du changement climatique, les ménages pauvres et les quartiers populaires, en général denses et peu végétalisés, sont les plus exposés au phénomène d'îlots de chaleur.
C’est ce que constate l'Insee dans une étude parue ce matin, dans laquelle il explique, sans surprise, que la situation est « plus préoccupante » en milieu urbain car « les vagues de chaleur se traduisent par des températures significativement plus élevées que dans la campagne environnante ».
Des écarts d’exposition selon les villes
L’exposition aux fortes températures est « une menace pour la santé des personnes fragiles, d’autant plus dans un contexte de dérèglement climatique qui augmente la fréquence et l’intensité des vagues de chaleur dont le nombre pourra être multiplié par un facteur 2 à 10 d’ici la fin du siècle selon le scénario climatique », rappellent les autrices de l’étude.
Des neuf métropoles françaises (Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Lille, Nantes, Montpellier, Strasbourg et Nice), analysées finement grâce à des données satellitaires européennes, c'est à Lyon que l’écart d’exposition aux îlots de chaleur entre les ménages classés selon leur niveau de vie est le plus marqué. A l’été 2017, sans canicule, il y atteignait 0,41°C entre le dixième des ménages les plus fortunés et celui des moins riches, devant Nice, où cet écart montait à 0,37°C (mais dont la différence de température avec les zones rurales environnantes était la plus élevée avec 4,1°C). Suivent Marseille et Paris.
Des différences qui « ne sont pas nécessairement significatives en termes de santé publique mais servent d’indicateur pour des écarts plus grands lors des futures vagues de chaleur », explique l'institut.
Au sein même des villes, ce phénomène d’îlot de chaleur « affecte différemment les quartiers selon la densité et la qualité des bâtiments, selon la végétation et selon les niveaux d’activité humaine », explique l’Insee. « Selon leur lieu de résidence, souvent très lié au revenu, certaines populations sont ainsi davantage exposées », souligne-t-il en notant que « la relation entre niveau de vie et exposition aux îlots de chaleur découle principalement de l’organisation spatiale des villes ».
Les centres villes les plus exposés
À Paris, Bordeaux, Lille et Nantes, ce sont ainsi « à la fois les ménages les plus aisés et les plus modestes qui sont les plus exposés, car ils habitent dans les centres-villes ». Cette surexposition des ménages les plus aisés est la plus marquée à Paris, où « les 30 % des ménages aux niveaux de vie les plus élevés sont plus exposés que ceux aux niveaux de vie médians ».
En revanche, à Lyon, Marseille, Montpellier, Nice et Strasbourg, les ménages modestes sont les plus exposés au phénomène d’îlot de chaleur urbain et les ménages aisés sont les moins exposés, car ils habitent, à l'exception de Nice, « dans des quartiers périphériques moins denses, plus verts et aux constructions récentes ».
Habiter dans un quartier plus ou moins densément bâti est donc « directement lié au risque d’exposition aux îlots de chaleur urbains » quand « la végétation, tout comme les sols non imperméabilisés, ont un effet rafraîchissant sur l’air extérieur, notamment, car ils conservent l’humidité ».
De façon générale, « les ménages pauvres avec au moins une personne particulièrement jeune ou âgée sont exposés à des températures en moyenne légèrement plus élevées que les autres ménages », selon l’Insee.
« Ces ménages sont plus vulnérables aux fortes températures, et disposent de moins de possibilités pour y faire face : ils ont notamment plus rarement la climatisation ou une résidence secondaire », explique-t-il alors qu’ils habitent « plus souvent des logements de moindre efficacité énergétique, moins bien isolés », et sont moins en mesure de faire les travaux nécessaires à une meilleure isolation.
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