Climat : enfin une bonne nouvelle !
Par Franck Lemarc
Dans cette période très anxiogène, marquée par l’inflation, les tensions géopolitiques et la nette aggravation du réchauffement climatique, c’est un petit bol d’optimisme. Pour la première fois en matière climatique, une action volontariste menée à l’échelle mondiale a un effet mesurable et positif, ce qui constitue bien « un précédent », a déclaré hier le secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), Petteri Taalas : « La reconstitution de la couche d’ozone est en bonne voie », et c’est « une nouvelle fantastique ».
Prise de conscience mondiale
Le « trou de la couche d’ozone » … C’est au milieu des années 1980 que l’expression est apparue – bien que le phénomène eût été constaté dès la fin des années 1970. Mais ce phénomène a permis une première prise de conscience générale des problèmes climatiques, du réchauffement climatique et de « l’effet de serre ». C’est la découverte de l’élargissement du trou dans la couche d’ozone qui a conduit, en 1988, à la création du Giec, aujourd’hui bien connu pour ses rapports sur le réchauffement climatique.
Rappelons que la « couche d’ozone », située dans la stratosphère (entre 20 et 50 km d’altitude), a un rôle majeur dans la protection des êtres vivants, puisqu’elle filtre les rayons ultraviolets du soleil. Sa dégradation, qui est une des causes majeures du réchauffement climatique, est due à la dispersion dans l’atmosphère des gaz CFC (chlorofluorocarbures ou fréon), utilisés durant des décennies pour la réfrigération et la climatisation.
En 1989, l’une des premières grandes conférences internationales consacrées au climat a abouti à la signature du Protocole de Montréal, qui a organisé l’interdiction progressive des CFC. Il a fallu plusieurs décennies pour que cette interdiction devienne réalité, mais aujourd’hui, selon l’OMM, « 99 % des substances interdites qui détruisent l’ozone » ont effectivement disparu.
Résultats tangibles
Et le résultat est là : « La superficie et la profondeur du trou d’ozone au-dessus de l’Antarctique diminuent lentement depuis l’an 2000 », se réjouit l’OMM. Mieux : « La couche d’ozone devrait se reconstituer dans les quatre décennies à venir et l’élimination progressive à l’échelle mondiale des substances chimiques nocives pour l’ozone contribue déjà à l’atténuation du changement climatique. » Ces annonces sont le fruit des travaux d’un groupe d’experts mandaté par les Nations unies, qui estime que « si les politiques actuelles restent en place, la couche d’ozone devrait retrouver les valeurs de 1980 (avant l’apparition du trou dans la couche d’ozone) d’ici environ 2066 au-dessus de l’Antarctique, 2045 au-dessus de l’Arctique et 2040 dans le reste du monde ».
L’optimisme des experts reste toutefois mesuré. D’abord, parce qu’ils « mettent en garde » contre certains projets envisagés par les scientifiques contre le réchauffement climatique : la « géo-ingénierie », qui consiste à injecter des aérosols dans la stratosphère pour augmenter la réflexion de la lumière du soleil. Cette solution pourrait s’avérer pire que le mal, puisqu’elle risquerait de faire repartir à la hausse la destruction de l’ozone.
Ensuite, parce que le réchauffement climatique a d’autres causes que la seule destruction de la couche d’ozone. L’ennemi public numéro 1, en la matière, reste le CO2, émis par la combustion des combustibles fossiles (charbon, gaz et pétrole). Mais les bons résultats obtenus par l’interdiction des CFC montre la voie, comme l’explique le secrétaire général de l’OMM dans son communiqué : « Les mesures prises pour l’ozone établissent un précédent en matière d’action climatique. La réussite enregistrée dans l’élimination progressive des substances chimiques destructrices de l’ozone nous montre ce qui peut et doit être fait – de toute urgence – pour abandonner les combustibles fossiles, réduire les gaz à effet de serre et limiter ainsi la hausse des températures. »
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