Édition du mercredi 19 février 2003
Centres éducatifs fermés pour jeunes délinquants : Saint-Denis-le-Thiboult fait jouer son droit de préemption
Le conseil municipal de Saint-Denis-le-Thiboult (Seine-Maritime) a fait jouer, mardi, son droit de préemption auprès de la préfecture dans l'espoir de faire barrage à l'installation d'un des premiers centres éducatifs fermés pour jeunes délinquants prévus par la loi Perben.
Dans ce village d'à peine 500 habitants, personne ne veut d'un centre éducatif fermé au château des Ventes. En exerçant son droit de préemption, le conseil municipal espère ainsi faire annuler le compromis de vente et éviter que le ministère de la Justice, par le biais de l'association "Les Nids", n'implante son centre d'accueil de mineurs récidivistes.
La commune souhaiterait installer au château des Ventes des retraités ou un musée de la Résistance. Mais il lui faut encore trouver les quelque 650 000 euros pour racheter la propriété de dix-huit pièces, sept salles de bain et piscine...
Au cours d'une réunion jeudi soir dans la salle des fêtes de ce village limitrophe du département de l'Eure, riverains et élus avaient vivement dénoncé l'ouverture en mars prochain d'un des quatre premiers centres éducatifs fermés de France, voulus par la loi Perben du 9 septembre 2002.
"Le ministère de la Justice a racheté le château des Ventes à un propriétaire privé sans me consulter et sans savoir si le projet me dérangeait et inquiétait les habitants", avait alors déploré le maire Bernard Mainemare, écuré. "Cela fait 25 ans que je me bats pour que cette commune soit tranquille, pour préserver l'environnement et voilà, en cadeau, on m'impose ce centre".
Dès mars prochain en effet, doivent arriver dans le château (400 mètres carrés) huit jeunes âgés de 13 à 16 ans qui seront encadrés par 27 adultes. Ces huit mineurs délinquants du grand nord-ouest de la France seront accueillis pour une période de six mois minimum.
"Les habitants et les élus ne doivent pas s'inquiéter car ces jeunes multirécidivistes, en situation de contrôle judiciaire ou de sursis avec mise à l'épreuve, seront encadrés et surveillés sept jours sur sept et 24h sur 24", a précisé Bernard Voissier, le directeur des lieux et responsable de l'association "Les Nids".
Mardi, le ministre de la Justice Dominique Perben a expliqué que l'installation des quatre premiers centres associatifs était prévue pour le mois de mars à Lusigny (Allier), Valence (Drôme), Saint-Denis-Le-Thiboult (Seine-Maritime) et Sainte-Eulalie (Gironde). Trois centres gérés par le ministère ouvriront entre juin et septembre à Beauvais (Oise), Mont-de-Marsan (Landes) et un autre en région parisienne, le choix de la ville n'étant pas encore finalisé.
En outre, deux nouvelles prisons vont être construites à Roanne (Loire) et Bourg-en-Bresse (Ain) dans le cadre du projet de construction d'une trentaine de prisons - dont deux en Outre-mer. Le premier établissement devrait ouvrir ses portes d'ici le premier semestre 2006.<
Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2
S'ABONNER GRATUITEMENT
NOUS ÉCRIRE
DANS L'ÉDITION DU JOUR
Jean-Pierre Raffarin relance la politique de la langue française
Retrouver une édition
Accéder au site