Tempête Ciarán : de nombreuses communes touchées, les maires mobilisés
Par Lucile Bonnin
135 km/h à Gonneville en Normandie, 172 km/h à Cap de la Hève en Seine-Maritime, 131 km/h à Bernières-sur-Mer dans le Calvados, 137 km/h à Cayeux-sur-Mer dans la Somme, 153 km/h à Boulogne-sur-Mer… Voilà les valeurs qui ont pu être observées par Météo France ces deux derniers jours en Normandie et dans les Hauts-de-France. « Dans le même temps, le vent est resté soutenu le long des côtes du Sud-Ouest et la forte houle générée par Ciarán [s’est propagée] en fond du golfe de Gascogne » , observaient les météorologues de Météo France hier soir précisant que la trajectoire, la chronologie et l'intensité de la tempête Ciarán ont été conformes aux prévisions établies (lire Maire info de mardi).
La justesse des prévisions n’a cependant pas empêché la tempête de faire des dégâts sur son passage, et pas uniquement dans les départements du nord et du nord-ouest. Ce vendredi, cinq départements sont encore en vigilance orange selon les prévisions de Météo France, notamment la Corse-du-Sud et la Haute-Corse pour « vent » et les autres pour des risques de « vagues-submersion » (Corse-du-Sud, Pyrénées-Atlantiques, Landes), « pluie-inondation » (Pyrénées-Atlantiques, Landes) et « crues » (Pas-de-Calais).
La tempête s'est à présent déplacée vers l'Italie, où elle cause là aussi de très importants dégâts, notamment en Toscane où trois personnes ont perdu la vie depuis hier. À Florence et Pise, des hôpitaux sont encore inondés à l'heure où nous écrivons, et des centaines de routes et de tunnels sont impraticables en Toscane et en Vénétie.
Des dégâts dans les communes
« Les maires se sont préparés au pire, explique ce matin à Maire info Anne-Marie Coulon, maire de Mouzeuil-Saint-Martin et présidente de l’association des maires de Vendée. Tout le monde était sur le pont notamment car en Vendée nous avons la culture de la tempête Xynthia » . Cette dernière avait été, en 2010, particulièrement violente et avait fait 47 morts en France, dont 29 à la Faute-sur-Mer en Vendée. L’eau était montée jusqu’à 2,80 mètres. Heureusement, la Vendée a été cette fois-ci plus épargnée que les communes du nord-ouest de la France, même si la « la dune de la Faute-sur-Mer a été largement mangée par la mer » la ramenant ainsi à « un niveau qu’elle atteignait il y a quarante ans » , explique Anne-Marie Coulon.
« Tous les maires ont aujourd’hui cette culture du risque et ils ont su activer le Plan communal de sauvegarde (PCS) pour gérer les crises », observe la maire qui salue au passage le travail des sapeurs-pompiers qui ont reçu dans le département 632 appels entre 20 heures et 5 h 30 du matin dans la nuit de mercredi à jeudi.
Dans toutes les communes touchées par la tempête, les chutes d’arbres ou de branches ont été des menaces de premier plan. En Vendée, les 400 interventions des pompiers concernaient majoritairement ce type de problème. Loïc Raoult, maire de Plourhan (Côtes-d’Armor), raconte que les dégâts les plus importants dans sa commune ont été des chutes d’arbres et de branches coupant notamment de nombreux axes routiers dans le département. Ainsi, « depuis jeudi les employés communaux aidés par les agriculteurs s’affairent à tout déblayer et à écarter ce qui peut être encore dangereux ».
Certains arbres ont d’ailleurs été déracinés. Selon la Chaîne météo, les arbres sont encore feuillus à cette période de l'année et offrent donc « une prise importante au vent » et « peuvent être déracinés d'autant plus facilement que les sols sont fragilisés par les fortes pluies tombées ces derniers jours », comme c'est arrivé en plein centre-ville du Mans, par exemple. De graves accidents ont aussi eu lieu à cause de ces chutes d’arbres notamment sur une route départementale en Loire-Atlantique où un motard s’est blessé après avoir percuté un arbre. Deux morts sont à déplorer : un arbre est tombé sur le véhicule d’un chauffeur routier et un septuagénaire « a fait une chute mortelle après avoir été heurté par les volets de l’habitation à la suite des vents violents » , comme l’a indiqué le ministère de l’intérieur.
Plusieurs communes ont été touchées par des inondations notamment dans le Pas-de-Calais. Éric Buy, le maire de Guines, raconte par exemple sur BFMTV qu’une quinzaine d’habitations ont été envahies par l’eau.
Coupures d’électricité et impact sur le réseau mobile
La tempête a privé, selon Enedis, 1,2 million de foyers d’électricité à partir de la nuit de mercredi. Sur son compte X (Twitter), le groupe a indiqué qu’à 18 heures hier soir, « 43 % des foyers impactés ont été réalimentés. Il reste 684 000 foyers privés d’électricité. » Aujourd’hui, « 400 techniciens supplémentaires viendront en renfort dans les zones les plus touchées » . Ce matin, encore 523 000 foyers sont encore privés d’électricité, selon Olivier Véran, porte-parole du gouvernement.
En Vendée, 13 000 coupures ont été constatées durant les intempéries, « ce qui est beaucoup moins que ce qui était redouté », confie Anne-Marie Coulon qui souligne la grande réactivité dont a fait preuve Enedis. Le bilan a été plus chaotique en Bretagne où 780 000 foyers ont été privés d’électricité ou encore 84 000 foyers à l'échelle des Pays-de-la-Loire.
Hier, selon le ministre Jean-Noël Barrot, plus d’un million de personnes ont été privées de réseau mobile. Ces pannes sont liées aux antennes relais mises hors services par la tempête. Par exemple, Free comptait hier matin 460 antennes hors d’état de marche, dont 147 dans le Finistère et 128 dans les Côtes-d’Armor.
Rappelons qu’une carte en ligne mise à jour par l’Arcep indique les sites qui sont hors service en France. Ainsi, on peut voir aisément que la Bretagne est la plus touchée en ce moment par ces problèmes de réseaux.
Assurance
Le vent a aussi emporté plusieurs toitures et fait des dégâts matériels importants chez les particuliers mais aussi au niveau des équipements publics. À La Feuillée, dans le Finistère, une partie du toit de l’école s’est envolée. À Brest, la toiture de l’école primaire du Petit Paris a aussi été arrachée. En Vendée aussi, deux personnes ont dû être relogés après que leur logement a été endommagé.
Dans un communiqué de presse publié hier, la fédération France Assureurs a indiqué qu’au vu des circonstances exceptionnelles de cette tempête « les assureurs étendent au-delà du délai habituel la période de déclaration des sinistres jusqu'au 1er décembre 2023, soit 30 jours après le passage de la tempête » . Selon l’AFP, « près de 6 500 déclarations de sinistres ont déjà été effectuées auprès de la Macif pour des dégâts provoqués par la tempête ».
Après Ciarán, Domingos
À peine le temps de faire le bilan que les maires doivent retourner au front. Comme l’explique la maire de Mouzeuil-Saint-Martin, « un autre coup de vent arrive donc les maires sont sur le qui-vive » . En effet, une nouvelle dépression appelée Domingos, venue d’Amérique du Nord, va toucher ce week-end le littoral français par l’ouest. « Le vent soufflera fort en fin de journée de samedi et jusqu'à dimanche » , confirme Météo France. La tempête devrait être cependant moins forte avec des vents soufflant jusqu'à 120 km/h, voire 130 km/h sur le littoral et jusqu'à 100 et 110 km/h dans les terres.
Il faut noter également le « mauvais timing » de l’arrivée de ces deux tempêtes. En effet, ces intempéries se déroulent durant les vacances de la Toussaint qui prennent fin lundi prochain. Il y a donc eu davantage de touristes sur les routes et aussi dans les villes côtières, ce qui a exacerbé les inquiétudes dans certains territoires. Ce week-end en Vendée, les regards sont tournés vers l’île de Noirmoutier et l’île d’Yeu où les traversées risquent fort d’être annulées. Certaines plages, parcs ou forêts risquent d’être à nouveau interdits notamment dans les départements toujours placés en vigilance orange. Il est fortement conseillé de garder un œil attentif sur les prévisions de Météo France pendant ce week-end encore perturbé.
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