Maire-info
Le quotidien d’information des élus locaux

Édition du mercredi 27 septembre 2017
Catastrophes

Reconnaissance de catastrophe naturelle en Guadeloupe : les élus en colère

Un vif débat a opposé hier, lors de la séance de questions au gouvernement, les députés martiniquais et guadeloupéens et le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, à propos de l’arrêté de catastrophe naturelle publié dimanche dernier. Ces élus se sont dits frappés « de stupéfaction et d’incompréhension »  face à un arrêté jugé « trop restrictif ».
On sait l’importance de la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle, qui permet aux habitants des communes touchées de bénéficier de facilités auprès des assurances. Suite au passage de l’ouragan Maria, qui a frappé la semaine dernière la Guadeloupe et, plus modérément, la Martinique, l’État a reconnu dimanche la quasi-totalité des communes de Guadeloupe en état de catastrophe naturelle pour des causes diverses. Sur les 32 communes de Guadeloupe, 31 ont été reconnues en état de catastrophe naturelle pour « inondations par choc mécanique des vagues »  et 30 pour « inondations et coulées de boue ». En Martinique, 12 communes (sur 34) sont concernées par les inondations pour cause de vagues et 11 pour inondations et coulées de boue.
Mais la colère des élus de Guadeloupe vient du fait que seules deux communes, Terre-de-Bas et Terre-de-Haut, qui composent le petit archipel des Saintes, à une dizaine de kilomètres au sud de la Guadeloupe, sont reconnues en état de catastrophe naturelle pour « vent cyclonique ».
Le type de catastrophe naturelle reconnu par l’État n’est évidemment pas sans conséquence : les habitants d’une commune reconnue en catastrophe naturelle pour inondations pourront faire valoir auprès des assurances les dégâts occasionnés, par exemple, au rez-de-chaussée d’une maison ; mais il faut une reconnaissance « vents »  (tempête ou cyclone) pour faire rembourser une toiture arrachée ou les dégâts occasionnés par des chutes d’arbres.
« Comment l’État peut-il affirmer que seules les deux îles des Saintes ont connu des vents cycloniques ? », s’est indignée Hélène Vainqueur-Christophe, dans l’hémicycle, face au ministre de l’Intérieur. « De vécu de Guadeloupéenne, je peux vous dire que le vent n’a jamais autant soufflé sur mon territoire. Que dites-vous aux Guadeloupéens qui ont perdu leur toiture – cent huit sur la seule ville de Trois-Rivières, quarante sur la commune voisine de Vieux-Fort ? ». Quant à Justine Benin, une autre députée guadeloupéenne, elle s’est étonnée de ce que l’état de « calamité agricole »  n’ait pas été reconnu, alors que « l’ensemble de nos producteurs, agriculteurs et marins-pêcheurs ont perdu l’essentiel de leurs récoltes et de leurs outils de travail ».
Les députées ont également demandé quel serait le montant du « fonds de secours »  promis par le gouvernement.
Gérard Collomb s’est voulu apaisant en se disant « très attentif »  à cette situation et en promettant que les choses peuvent encore évoluer : « après avoir opéré une distinction en fonction de ce que nous avons constaté, nous allons entrer plus avant dans le détail, de manière à avoir une estimation précise »  des dégâts. « La liste des communes va être révisée », a assuré le ministre de l’Intérieur. La commission chargée du classement attend maintenant « des expertises »  pour estimer la vitesse des vents qui ont frappé les communes, expertises qui peuvent nécessiter « une à deux semaines ». Il a également rappelé que les garanties multirisques des habitations comportent « obligatoirement une garantie tempête ». Reste la question des habitations non assurées, dont le ministre a reconnu qu’il « y en a beaucoup à la Guadeloupe ». C’est à cela que servira le « fonds de secours pour l’outre-mer », dont Gérard Collomb n’a pas précisé le montant.
F.L.


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