Marées noires : les maires du littoral estiment encore « inadaptés » les moyens mis en Å“uvre

Les maires du littoral aquitain souillé par la pollution du pétrolier "Prestige" ne paraissent pas convaincus par les encouragements de la ministre de l'Ecologie Roselyne Bachelot de recourir au bénévolat pour nettoyer leurs plages. Les moyens mis en oeuvre sont inadaptés à l'ampleur de la catastrophe, ont-ils réaffirmé hier mardi. "Nous aurons besoin de beaucoup de main d'oeuvre, pour une longue durée. L'idéal, ce sont des militaires, des pompiers, des salariés communaux, puis des CDD et enfin des bénévoles", a expliqué à l'Associated Press le sénateur-maire UMP de Soulac-sur-Mer (Gironde) Xavier Pintat. Pour lui, les bénévoles ne doivent être utilisés qu'en tout dernier recours et sur une courte période de toutes façons. "Il y a des procédures de risques chimiques à suivre, beaucoup de discipline à maintenir. De plus, la population du littoral du nord-Médoc en hiver est surtout constituée de retraités et d'artisans qu'il est impossible d'envoyer sur les plages", fait valoir M. Pintat. Le sénateur-maire UMP précise "ne pas s'inscrire dans une critique systématique du gouvernement" mais souligne que "les moyens sont inadaptés à l'ampleur de la catastrophe. Nous avons 210 militaires en Gironde, et il nous en faudrait 10 à 15 fois plus". Il faut aussi, selon lui, une solution pour mettre fin à la pollution à la source du Prestige. Seules deux des dix municipalités du Bassin d'Arcachon ont ouvert des registres de bénévolat. Sur le littoral, certaines ont commencé les pré-inscriptions, mais n'ont pas l'intention de faire appel aux bénévoles pour l'instant. C'est ainsi le cas à Lacanau, autre municipalité proche de l'UMP. Le directeur général des services, Marc François, reconnaît "enregistrer les dossiers par précaution, pour être prêt s'il n'y a plus moyen de faire autrement. Nous ne sommes pas chauds parce que ce n'est pas notre métier d'avoir la responsabilité de bénévoles". Henri Sabarot, maire CPNT de Carcans, se dit également étonné. "Pendant les réunions de préparation du plan Polmar Terre, le préfet nous avait dit qu'il ne souhaitait recourir aux bénévoles qu'en dernier recours, et on nous demande de le faire tout de suite". A la préfecture des Landes, on note qu'il est "difficile de faire appel au bénévolat dans ce département alors que les obsèques de Philippe Robinet, l'employé municipal victime d'un accident mortel sur le chantier de nettoyage de Biscarrosse" dimanche, doivent avoir lieu mercredi. La préfecture reconnaît que de nouveaux renforts ont été demandés. Le nettoyage d'un seul kilomètre de plage, par 25 hommes, prend une journée, explique-t-on. Et, à la marée suivante, des boulettes de fioul sont revenues. Au total, 80 kilomètres de plages sont pour l'instant touchés dans les Landes où il y avait lundi 246 personnes sur le terrain, dont 67 militaires et pompiers pour la seule plage militaire du Centre d'essais des Landes. De nouvelles boulettes sont arrivées sur différentes plages landaises. En Gironde où, grâce aux conditions météo favorables (vents de secteur ouest), aucun nouvel arrivage de pétrole n'a été signalé sur les 120 kilomètres du littoral et dans le Bassin d'Arcachon, 70 militaires étaient sur le terrain ainsi que 114 pompiers et 44 hommes de l'unité de la Sécurité civile de Brignoles (Var). 100 militaires étaient en outre "mobilisables à tout instant", selon la préfecture de la Gironde. Plusieurs cribleuses étaient aussi en action ainsi que 8 micro-cribleuses, de 60 centimètres de large, affectées au nettoyage de deux bandes de 10 kilomètres chacune, à Lège Cap Ferret et à Soulac. Par ailleurs, quelques arrivées de boulettes ont été signalées sur les plages de la Côte sauvage, en Charente-Maritime. En mer, les conditions météo éloignent momentanément vers l'ouest les autres nappes de pollution mais ont contraint tous les bateaux de lutte anti-pollution à rentrer dans différents ports. <

Suivez Maire info sur Twitter : @Maireinfo2